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Bonsoir,
Si l’heure à laquelle vous avez posté votre message est fiable, vous avez cherché à vous faire aider après l’évènement pénible que vous avez vécu hier soir : c’est très courageux et sain de chercher du soutien. Cela prouve que vous avancez, vous n’en restez pas là, repliée sur un vrai gros problème ; Cela prouve que vous souhaitez que cela change.
Vous avez craqué. Votre dévouement, votre présence, votre réassurance se cognent sur une angoisse agressive : c’est très sain de montrer ce qu’il en est pour vous. Cela prouve que votre degré d’acceptation a des limites humaines ; cela prouve que vous ne pouvez pas aller plus loin.
Donc, tout cela est très positif : n’oubliez pas que votre mari a besoin aussi de vous voir vivante pour lui quoiqu’il lui en coûte et qu’il semble repousser ! Le conflit, en ce sens est utile. Eviter tout conflit dissimule les vrais problèmes : vous avez le droit de lui dire que sa maladie vous épuise aussi. Qui sait si montrer vos limites n’est pas plus utile que d’être toujours aux petits soins pour lui ? Le « parler vrai » est très délicat dans ce genre de situation. Imaginons : De votre côté : « je supporte difficilement de te voir muet et angoissé » ; de son côté : « Arrête de m’entourer ainsi, de toutes façons avec la maladie que j’ai, cela ne sert à rien, d’ailleurs je vais tout arrêter ».
Sa maladie est très lourde à vivre. Il est forcément déprimé car les substances générées par toute tumeur maligne dépriment profondément, et créent un stress interne, cellulaire très grave. Se surajoute la chimiothérapie, épuisante, créant des carences sanguines etc Il ne peut plus que se reposer devant la télévision car tout effort est impossible. Il est forcément angoissé car il n’en voit pas le bout. Il est forcément en souffrance vis-à-vis des personnes qui vont mieux et qui ne « peuvent pas le comprendre » : alors il est rongé et s’exprime par un état dépressif hostile.
Il est temps que chacun trouve sa place : lui, dans un grand repos, vous dans des moments de vie qui vous plaisent : vous n’avez peut-être plus le cœur à grand-chose mais il ne s’agit pas de choses grandioses. Des conjoints de grands malades s’offrent un petit gâteau, un film de temps en temps pendant que l’autre se récupère. Essayez !
De quelles aides disposez-vous pour souffler ? Souffler est le bon mot : essayez de visionner des vidéos de respiration ; écoutez des relaxations guidées. Ainsi, vous allez trouver le courage de ne pas insister, de moins argumenter, de mesurer votre aide. Le chantage dont vous parlez est un désarroi de colère et non pas une stratégie pour vous culpabiliser. Il faut aussi que votre mari puisse exprimer son ras-le-bol des soins, son envie d’arrêter à des professionnels.
Beaucoup de choses à lire, à penser mais en toute bienveillance,

Bonsoir,
Un petit rajout en vous remerciant de vos témoignages.
Votre courage est admirable à plusieurs titres. Vous êtes présentes, dévouées mais vous mettez une limite. Quoiqu'il vous en coûte, vous choisissez une stratégie de diversion: le jardin, un jeu sur internet. Vous faites bien et croyez que c'est forcément mieux pour votre mari que de s'acharner. Les petites vidéos de respiration et de détente vous feraient du bien d'un point de vue santé.
Un questionnement: face à ce qu'on traverse dans l'existence, la vie redistribue les cartes dans une nouvelle donne... Comment réagit-on? Qu'est-ce qui se brise? Comment survit-on? Des épreuves comme un accident, la perte d'un proche, une période de chômage etc changent parfois radicalement le caractère d'une personne. En ce sens, elle apparaît comme un 'étrange étranger",comme ,si un nouveau costume l'habillait. Ce n'est peut-être plus qu'à de rares occasions que le passé affleure...Mais le passé a été tout comme l'être humain.
Essayez d'identifier de petits moments tout en vous protégeant Bon courage,