mlo

mlo

18 février 2020 0:28

apa  

Bonjour,
Ma mère a été diagnostiqué Alzeihmer depuis 3 ans.J'habite à 700 km de son domicile et je venais la voir pour les vacances avec mes filles ses petites filles.J'ai vu son état se dégrader progressivement mais ce n'est que pendant les vacances de noel que j'ai eu un choc et j'ai été litteralement boulversé.Pour vous expliquer ma situation c'est que comme je ne pouvais pas m'en occuper au qotidien c'est mon frere a pris la charge de ma mere.Un frere qui a toujours joué le role de chef de famille puisque ma mere a perdu son mari et notre pere est decedé .Mon frere s'est donc chargé de sa prise en charge.Elle restait à son domicile et il mettait en place des aides à domicile et des portages de repas.Ma mère se sentait terriblement seule et demandais à rester avec lui et sa famille.Mais il ne la prenait pas et gerer l'urgence puisqu'il vit avec sa femme à quelque km.Ma soeur a eu un bébé cette année et habite à une heure 30 de route de chez ma mere. Je reviens au choc que j'ai eu en Décembre j'ai vu ma mere heureuse de passer le noel avec nous ma soeur son bebe et mes filles et meme si elle ne m'a pas reconnu au début, j'ai bien senti qu'elle savait que j'étais sa fille.A Noel mon frere et sa femme et ses enfants étaient parti en vacances pour souffler mais aussi pour passer noel dans la famille de ma belle soeur) Quand j'ai laissé ma mere chez elle j'ai senti dans son regard du desespoir et elle m'a dit qu'elle voulait rester avec nous.Je suis partie quand meme la laissant chez elle nous regardant partir avec son air suppliant et je suis remonter chez nous avec mes filles.Et c'est chez moi que je me suis dit que j'aurai du la prendre j'en ai parlé à ma soeur, je pleurais tout les jours je voulais que ma mere soit avec moi que je puisse rendre tout l'amour qu'elle nous a donner.J'ai réflechi longtemps et j'ai dit à ma sœur au telephone que j'ai murement réflechi et que je me sentait capable d'assumer et que je voulais que maman vive avec moi et mes filles.Ma sœur était d'accord mais qu'il fallait que j'en parle à notre frere.C'est ce que j'ai fait et mon frere a tout de suite était opposé à ma démarche .Me disant que notre mère a besoin d'un cadre sécurisant et que chez moi elle ne sera pas en sécurité et n'aura plus ses reperes et que quand je partirai au travail elle sera seule. Je lui ai dit que j'en avais conscience et que je mettrais en place des dispositifs pour qu'elle soit prise en charge et que l'important pour elle c'était d'être entouré par des gens qui l'aiment et des gens de sa famille.Mon frere m'a dit que je me trompe qu'elle n'a plus conscience de rien et de son environnement ni des gens autour autrement dit j’étais pour ma mère qu'une étrangère au même titre que les infirmières qui s'en occupent.Je ne suis pas d'accord avec lui.Mon frere veut la mettre dans une institution et je lui ai dit que je n'étais pas d'accord.Je vais descendre la voir pour les vacances et je suis déterminer à la prendre avec moi dans ma maison.Pouvez vous m'aider?Me dire s'il vous ai arrivé la même chose?

Réponses
3 messages de membres 2 messages d'experts
Isabelle Charret Médecin gériatre 18 février 2020 16:43

apa  

Bonjour et merci pour cette vaste question qui ouvre sur des domaines encore plus compliqués liés à la complexité de cette maladie d’Alzheimer et de son accompagnement. Ce qui suit est un avis qui s’appuie sur une expérience et des connaissances médicales, psychologiques spécifiques, avis donc bien évidemment humaniste. C’est un avis aussi partial que possible car l’expérience prouve que cette situation est souvent un crève-cœur pour tous, même si cela s’exprime différemment.
Vous êtes loin et avez constaté combien l’état clinique de votre maman évolue. La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro évolutive, fatale, hélas ! Face à une telle évolution, face à une telle fragilité, votre affection a parlé : « je dois faire tout pour elle, elle qui a tant fait pour nous ». Et de là, tout une série de solutions s’est élaborée, par élan pour elle : « elle viendra chez nous, nous emploierons des aides etc ».
De son côté, votre frère semble avoir été affolé par votre suggestion et il y a répondu maladroitement mais avec vérité, sans imaginer que vous pourriez être déstabilisée, choquée. Votre maman semble ne pas vous avoir reconnu ce qui est logique dans cette maladie, bien qu’elle ait senti que vous étiez là, en toute affection pour elle. Cette mémoire émotionnelle fait du bien dans l’instant, mais elle ne compense jamais toutes les incapacités engendrées par cette maladie de la mémoire qu’est la maladie d’Alzheimer. Elle ne reconnait certainement pas ses infirmières, ne met plus de noms sur les personnes, les lieux, les objets même si elle sent ce qui lui fait du bien ou pas. Et en ce sens, si les aides ne suffisent pas, il y a un moment ou la vie en institution peut s’imposer.
Vous avez raison l’un comme l’autre : vous voulez le bien de votre maman, vous, en étant à fond dans l’affectif, votre frère plus pragmatique. Que faire et comment le faire ?
Un maître mot face à cette maladie : Attention ! fragile !
- Ne pas changer trop, ne pas bousculer ce qui est en place, même avec les meilleures intentions du monde. Les malades d’Alzheimer vivent dans un désert par manque de repères, de références. L’oubli à mesure de tout est terriblement déstructurant. Mais elles se sentent en sécurité dans des lieux qui ne changent pas ou peu, avec des voix familières, des rituels familiers. Une fois établis, il est recommandé de ne pas trop les bouger. Car vraiment, certains résultats sont catastrophiques en termes de manifestations d’angoisse : fugue, repli, peur manifestée par une agressivité. (L’entrée en institution nécessite un temps d’adaptation, mais au moins y a-t-il toujours une personne présente à leur côté).
- Demander l’avis d’un professionnel : l’infirmière qui la suit et surtout le médecin généraliste ou spécialiste qui évaluera le stade de la pathologie et les besoins de votre maman. Ayez confiance et suivez leurs conseils au vu de leur expérience et leurs connaissances.
- Raisonnez en termes de besoins spécifiques de votre maman : ceux -là ne doivent pas être des projections de vos désirs pour elle, mais définis selon des critères bien précis.
Votre Maman a de la chance de recevoir vos visites, celle de vos filles, celle de son autre fille et d’un petit bébé, mais aussi d’avoir votre frère pas si loin d’elle ainsi que des aides. Et vous tous êtes dévoués avec de la bonne volonté. Faites le point sur sa maladie et ses besoins de la façon la plus objective qui soit et tranquillement décidez ce qui semble le plus adapté. Il faut toujours essayer de dépassionner les débats.
Vous allez y arriver formidablement, bon courage,

Dannsy

Dannsy

19 février 2020 21:20

apa  

bonjour, comme vous je connais la culpabilité, la tristesse, et la sensation d'abandonner mon père qui habite depuis un an et demi dans un Ehpad , je vais le voir régulièrement tous les 2 ou 3 jours, cela depuis le mois de décembre. Auparavant, il demeurait dans un Ehpad où j'allais tous les jours quelquefois 2 fois par jour car les soignants étaient si peu nombreux pour s'occuper des résidents que ça frisait la maltraitance (en tout cas, c'était mon sentiment). je fréquente les Ehpads depuis quelques années car mon père n'est malheureusement pas le premier dans mon entourage à connaitre cette fin de vie. tout ça pour vous dire que Comme vous je ne suis pas d'accord avec votre frère qui dit que votre mère n'a plus conscience de rien et de son environnement ni des gens autour. toutes ces personnes ressentent des choses négatives ou positives, elles se trompent quelquefois car leur cerveau ne suit plus comme avant, mais elles sont sensibles aux petites joies qu'on peut leur amener. je vous conseille quand même de prendre le temps de mesurer la disponibilité qu'il vous faudra pour vous occuper de votre maman. peut être pourriez vous essayer de la placer en accueil de jour, ou pour un mois, pour voir si elle s'adapte car votre frère peut avoir raison c'est peut etre une vie sociale qui lui manque, une vie ou elle pourrait voir évoluer du monde autour d'elle. il vous restera à choisir le bon Ehpad près de chez vous ou de votre frère, car je pense aussi que l'essentiel c'est de rester soudés autour de nos parents.
avec de l'amour et de l'intelligence, on trouve toujours une solution
bon courage mlo

mlo

mlo

21 février 2020 2:55

apa  

Bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse qui me réconforte et qui m'apaise aussi.Vous avez tout à fait raison sur le fait que je projette mes désirs pour elle et que par élan je met en place tout pour elle.Je suis aussi très stupéfaite à quel point vous avez analysé ma situation et tout vos mots me parlent.Je voulais aussi rajouter quelques mots afin que vous puissiez vous aussi me donner votre point de vue.
Je pense que l'authentique mode d'aide de l'autre n'est pas l’assistanat médical mais la présence. Sentir la perplexité,la tristesse, l'angoisse de tout ceux qui ne la reconnait (je parle de ma mère)c'est une source d'angoisse.Voir quelqu'un qui apprend à la connaitre ou reconnaître sans être profondément perturbé par le fait de n'être pas reconnu est une source de bien être.Nous rêvons bien la nuit et nous sommes là c'est un autre état de la personne la maladie d'Alzeihmer où l'on ne se réveille pas et donc on a cette impression que la personne disparaît. Et pendant de longue phase la maladie est en intermittence et on a tendance a pensé que les absences sont plus longues.Ce qui me préoccupe c'est que indépendamment de la tragédie que nous vivons de voir ma mère qui semble ne pas nous reconnaître y a t-il des moyens de rendre la vie la plus sereine,la plus heureuse ou la plus joyeuse possible quelque soit ses capacités?
Nous avons tous étaient des tout petits enfants dont l'expression était extrêmement rudimentaire mais on essayait de nous rendre heureux....

Isabelle Charret Médecin gériatre 21 février 2020 17:56

apa  

Bonjour,
Merci de votre retour très pertinent. Il est vraiment très touchant de lire votre analyse très sensible de cette situation. Vos remarques sont exactes. On peut les reformuler plus professionnellement :
Il est évident que la « Présence » est fondamentale. La présence est au-delà des mots. On parle de présence pure car, vraie et intense, elle rejoint l’être humain dans ce qu’il a de fondamental : son essence, qui, elle, quelle que soit la pathologie, ne disparait jamais. C’est à cela que se réfère le ressenti émotionnel, ressenti de la voix, d’une bienveillance etc. Ce besoin tout les être humains le partagent. Il devient prédominant chez des personnes souffrant de pathologies cognitives, perdues dans l’espace, le temps. Et, attention, comme il y a des problèmes d’oublis, en tous cas dans la maladie d’Alzheimer, ce besoin peut devenir permanent : la demande de réassurance est très forte. Ce qui entre en conflit avec la vie quotidienne des accompagnants. C’est douloureux, mais comment faire sinon libérer des espaces de relation de qualité, forcément restreints dans leur durée…
Mais, lorsqu’on parle des autres besoins, il s’agit de lieux de sécurité environnementale : calmes, avec très peu de monde pour certains, beaucoup d’animation pour d’autres. On place une personne dans son environnement. Et c’est alors qu’intervient le professionnel (sans forcément le nommer médical). C’est sur ce point-là qu’il faut préciser un point : Oui, la présence est importante mais l’environnement « médical » doit savoir diagnostiquer d’autres besoins fondamentaux en fonction des atteintes cognitives, des souffrances psychologiques, des manifestations comportementales. C’est de ce rôle d’évaluation objective dont il est question. C’est pour cela que des évaluations régulières sont une aide : pour s’ajuster aux besoins.
Beaucoup de témoignages attestent qu’il est tout à fait possible de passer des moments heureux et denses avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer : en effet, pas besoin de mots (voir plus haut « présence »). Mais dans ces maladies, il arrive aussi souvent que l’angoisse de la personne perdue dans un monde, fasse revivre des ressentis terribles (traumatisme pendant la guerre), fasse mal interpréter le quotidien (le soignant qui distribue des médicaments devient un assassin) : et la présence bienveillante ne suffit pas toujours.
C’est la raison pour laquelle, on ne peut comparer une personne adulte atteinte de cette maladie avec un tout petit bébé, ou avec une personne qui rêve. C’est beaucoup plus complexe…
Alors : oui, à fond pour la présence de qualité qui va conforter tout le monde, obligation d’évaluation médicopsychologique, définition du mieux pour votre maman mais prudence : « attention fragile » et se méfier à la fois de ses propres projections, des demandes impossibles à satisfaire, hélas ! des malades.

Tout va se construire, Ayez confiance,

julien74

julien74

25 février 2020 0:19

apa  

Bonsoir,
Tous ces messages me parlent vraiment.
Mlo, une situation semblable de mon côté, une idée qui a fait son chemin petit à petit, puis la décision d'accueillir ma mère chez moi voici 3 ans.
Une belle aventure, souvent sans mot, parfois sans regard, avec une valeur sûre: le contact, une simple main posée...
Tout est en vrac dans son cerveau: les lieux, le temps, les personnes, ... mais pas la capacité à sourire, comme la preuve d'une certaine sérénité ?

Vous allez trouver la voie, celle qui vous convient, parfois après des détours.
Bien à vous.

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