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Bonjour,
A question actuelle, réponse urgente : Qu’en est-il des mesures coronavirus et EHPAD ? Merci donc, pour votre questionnement tout à fait justifié en ce moment. Justifié en quoi ?
Parce-que cette situation gomme les « cas particuliers », le raisonnement « logique » de chacun, les velléités « de bonne volonté » de tous, les élans affectifs vis-à-vis de nos proches… : c’est une situation exceptionnelle gérée au niveau national par des mesures qui tentent de s’appliquer au plus grand nombre, pour le bien du plus grand nombre. Et, fatalement, la plupart d’entre nous entendrait gérer sa propre situation selon ses propres critères. On le sait, on l’entend pour qui est dans le domaine du soin infectieux, ces critères sont parfois justes (pour l’instant je prends des précautions barrière – lavage des mains, distance de communication, retrait si symptômes etc-) ; parfois absurdes pour l’instant ( je ne sors plus de chez moi, je fais un stock de Nivaquine – dont on ne sait pas bien si ce médicament contre le paludisme marche ou pas-), parfois insolentes ( il y a eu un contact dans mon école, mais je ne vais pas m’empêcher de vivre) : on voit de tout !
Alors, dans un milieu assez clos rassemblant des personnes fragiles (souvent dénutries, avec des polypathologies aiguës ou chroniques), les EHPAD ne peuvent pas se permettre de faire le tri entre ceux qui adopteront des comportements justes, absurdes, insolentes (on voit de tout).
C’est la même chose pour des services touchés par un malade tuberculeux contagieux, la gale, la grippe, les infections gastrointestinales sévères, les bactéries multi résistantes sévères… Dès qu’il y a risque d’essaimage, l’isolement est de règle. Et ces mesures sont contraignantes pour la direction, les soignants, les familles, les malades. C’est impensable de voir survenir un seul cas dans une EHPAD car alors ce sera la « Chasse aux sorcières » : d’où ça vient ? Pourquoi ? Et même si vous avez pris les bonnes précautions vous serez mis en cause comme les autres visiteurs et la direction devra rendre des comptes… Alors, restriction absolue.
PAR CONTRE : ce qui devrait être fait est de donner des nouvelles des proches : état de santé, état général de l’EHPAD (soignants malades, Nombre de personnels), mise en place d‘animation intra institutionnelle et comment. L’information apaise toujours. Dire uniquement : » STOP, dehors, on ne peut recevoir personne » n’est pas entendable tel quel même si on le comprend. Cette épidémie au niveau national, même si certaines régions sont plus touchées que d’autres, doit apprendre comment faire positif au sein d’une situation douloureuse pour tous,
Merci encore, les discussions sont ouvertes sur ce thème !

Bonjour Corrine1,
Je comprends votre question et votre réaction. Il est tout aussi impensable de laisser mourir seuls nos anciens, sans notre présence affectueuse et indispensable. La loi protège la fin de vie aussi en privilégiant la présence humaine et la réduction de la souffrance, aussi bien physique que psychologique.
Le choix de ne pas soigner relève de décisions collégiales, pas d'un Plan Bleu qui, de toute façon n'est pas obligatoire et laisse à chaque directeur le choix de la manière de l'appliquer, car il connait et ses résidents et leurs proches. Il sait celui qui est indispensable au bien-être du résident.
Comme l'indiquait un médecin coordonnateur d'EHPAD ce matin sur France Inter, laisser nos proches à l'abandon aura un impact psychologique et moral sur les résidents plus délétère que le virus.
Il faut dont raison garder. La loi d'adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015 a donné toute leur place au "proche aidant" et aux bénévoles, pour conserver les moyens de prise en charge qu'il n'est pas possible de donner autrement, compte tenu des moyens limités.
Donc, le Docteur Charret a raison et suit les règles annoncées du COMITE CONSULTATIF NATIONAL D'ETHIQUE, qui ne seront connues que demain.
Pour l'instant la nuance est de mise.
Interdire toutes les visites est indispensable, sauf celles qui sont nécessaires à la bonne prise en charge des résidents, pour l'aide à l'alimentation, par exemple et surtout la présence affective qui contribue incontestablement à la volonté de vivre.
Votre père et lui-seul pourrait avoir la possibilité de venir rendre une petite visite à votre maman, avec toutes les précautions indispensables. Cela relève de la négociation avec la direction.

Corinne1,
Vous voulez saisir le juge des référés. Malheureusement, je ne vois pas un juge judiciaire imposer une mesure au directeur qui dispose du pouvoir de direction, à titre général et au titre du Plan Bleu, surtout en référé.
Le Docteur Charret vous a expliqué pourquoi le directeur ne prendra pas le risque d'engager sa responsabilité.
Je crains que l'avis du Comité Consultatif National d'Etique qui doit être remis demain au gouvernement soit peu différent de la réponse donnée par son président, le Professeur Delfaissy, au médecin coordinateur que j'ai cité, ce matin sur France Inter.
La santé publique ainsi que le bon fonctionnement de l'économie passent avant tous les cas particuliers dans une situation inédite et qui devrait être temporaire. Espérons qu'elle soit le plus court possible et que nos anciens tiennent le choc.
Si vous décidez de cette procédure de référé, merci de nous tenir au courant du résultat.