Bonjour,
Je suis aidante de mon époux depuis deja 10 ans. Il va bientot avoir 90 ans et il est lourdement handicapé. J'ai toujours essayé de le stimuler physiquement et mentalement, mais ces dernieres semaines il a amorcé une phase de glissement. Il a renoncé au peu (infime) d'activité physique qui lui permettait de se mouvoir sur quelques metres avec son déambulateur. Idem pour l'appetit, etc...Je me sens impuissante devant ce glissement, et étant moi meme semi handicapée et depressive, je me sens couler au sens le plus concret du terme. J'ai meme envie d'attenter à mes jours (pour la 3° fois) car tous mes efforts sont réduits à néant. Heureusement que ma mère de 94 ans, dépendante, a besoin de moi, c'est la seule chose qui me retient de repasser à l'acte.
J'ai besoin d'1 avis sérieux, d'1 conseil concret (un suivi psy est deja en place et ne me sert à ...pas grand chose) pour m'empecher de plonger.
Merci a celui ou celle qui pourra m'aider à continuer ma tache.
CREON
FREDERIQUE
8 juin 2020 3:24impuissance devant la phase de glissement
impuissance devant la phase de glissement
Bonjour,
Vous avez bien fait de nous solliciter: c’est une décision très sage, qui prouve que vous identifiez les signes d’alerte sur le « je n’en peux plus ».
Il est utile de vous rappeler:
Que lorsqu’on est épuisé , on est déprimé. Vous accompagnez depuis 10 ans une personne lourdement handicapée, votre mari; puis vous prenez soin de votre maman qui est très âgée aussi. Vous avez aussi un handicap. Même si vous le faites avec devoir, dévouement, amour et savoir-faire, c’est épuisant. L’épuisement se manifeste par : un manque d’allant, une impression de découragement, le ressenti que rien ne vaut plus la peine d’être vécu car on n’en n’a plus la force, la certitude qu’on sombre, le manque d’appétit, les troubles du sommeil, des troubles de mémoire etc... . Ce sont exactement les mêmes manifestations que la dépression. Il faut donc faire très attention dans votre cas, à savoir de quoi on parle vraiment. En toute objectivité, pour le lecteur de votre question, même si vous avez un terrain dépressif avec des désirs antérieurs d’en finir, vous êtes au bout de l’épuisement. L’épuisement physique des tâches que vous effectuez va entraîner une immense fatigue psychique.
Ce qui se dégage de votre témoignage, surtout lorsque vous parlez du soutien à votre époux « stimulant physiquement et mentalement », c’est : « je me sens impuissante », et « tous mes efforts sont réduits à néant ». Vous avez certainement une exigence très forte, mettant en jeu l’image que vous avez de ce que vous devez faire. Cela a marché magnifiquement, Mais, dans le cas présent, c’est au tour de votre mari de s’exprimer par des façons non verbales mais oh! Combien signifiantes!: il ne veut plus marcher, plus manger, il semble au bout de quelque-chose: une saturation d’une vie intrinsèquement lourde.
Première chose à vérifier: l’aspect médical: A t il une infection? Une constipation? Une problème cardiaque? Une douleur terrible? ( il peut s’agir d’un mal de dents...)
Deuxième étape: accepter d’écouter ce que veut dire son comportement.
Soyez persuadée qu’accompagner un grand malade âgé handicapé peut se faire sans stimulation, sans déambulateur... Il y a beaucoup à faire dans la présence, dans des soins de confort, d’apaisement. Il faut aller dans son sens et c’est un autre type d’effort. Vous devez essayer de changer la prise en charge , autrement, vous allez vous épuiser encore plus : comme si alliez dans le sens inverse du courant.C’est une nouvelle aventure qui consacrera encore plus toute votre trajectoire d’aidante
Avec notre soutien
FREDERIQUE
8 juin 2020 22:41impuissance devant la phase de glissement
Bonsoir,
Merci mme CHARRET, vous avez bien compris ma situation, et je conserve précieusement vos conseils, que je vais essayer d'appliquer au mieux.
Je viens de comprendre que le contexte se dirige lentement vers le pré- palliatif. Or je n'ai guere d'aptitudes dans ce domaine particulier. Pouvez vous, s'il vous plait, me recommander certains articles , afin que je sache comment aider plus en douceur mon époux? En effet meme si je suis formée en psychologie jungienne, cela ne me sert pas à grand chose, et j'avoue me sentir peu capable dans ce nouveau mode d'accompagnement.
Avec tous mes remerciements, et dans l'espoir de vous lire, bien cordialement
CREON
impuissance devant la phase de glissement
Bonjour,
Vous avez employé la bonne terminologie: pré-palliatif . Cela semble probable, Mais il est essentiel d’éliminer une cause médicale curable comme mentionné dans la réponse précédente. Donc, voir le médecin s’impose, même si aucun diagnostic n’est posé.
Les soins d’accompagnement de fin de vie sont des soins spécifiques mais très actifs de fait! Les grands axes sont le confort ( installation, changes, soins de bouche, évitement des crampes et contractures, prévention d’escarres), l’absence de douleur physique, l’absence d’anxiété, le contrôle de l’encombrement bronchique etc
Gros travail qui ne peut se faire sans soutien professionnel. Il existe des équipes mobiles de soins palliatifs qui peuvent venir évaluer la situation et intervenir si besoin. Le maintien au domicile demande une bonne coordination et d’accepter que le médecin ou l’équipe n’est pas forcément disponible au doigt et à l’oeil. Les services de soins palliatifs sont bien formés, dotés et équipés et entourent aussi les proches.
Pour l’instant, une bonne évaluation médical, un avis spécialisé palliatif et beaucoup de tranquillité sur l’accompagnement en douceur c’est à dire sans forcer votre époux. Les lectures sur notre site:
L’alimentation et l’hydratation en fin de vie Dr Isabelle Charret
Accompagner un proche en fin de vie Thierry Berou, psychologue
Les services de soins palliatifs Thierry Berou
La place de l’aidant en fin de vie Maître Marie-Hélène Isern Réal
Voilà déjà de quoi faire: vous voyez, c’est une autre approche dans le sens de la vie déclinante d’une personne, et qui ne réduisent pas à néant tous vos efforts comme vous le disiez: bien au contraire!
Bonnes lectures et bon courage pour cette prise en charge
julien74
9 juin 2020 13:13impuissance devant la phase de glissement
Bonjour Creon, la personne que j'aide est dans une situation semblable, les paroles du Docteur Charret me sont également très utile.
Au quotidien, j’occulte désormais l'aspect évidement négatif de la situation pour GROSSIR les (petits) points positifs. Une habitude un peu compliquée au début mais qui vient petit à petit, et ça marche aussi bien pour la personne aidée que pour moi.
Aujourd'hui par exemple, météo pourrie, humidité et fraicheur dehors... difficile pour la personne fragile (mauvaise nuit et quasi aucune réaction ce matin, la personne refuse le repas, ce serait bien trop risqué de le tenter dans ces conditions).
Et ben tout va bien ! Demain sera surement mieux car je connais les trois péchés mignons de ma proche: la présence de petits enfants, des nouvelles de la nature que je vois, sens et entends pour elle, les massages.
En espérant que mon expérience puisse servir, prenez bien soins de vous.
impuissance devant la phase de glissement
Bonjour
Julien74 met en lumière les points positifs qu il faut rechercher même si la situation qui se présente est non conforme à ce que l on souhaite pour l autre. Ce n est parce qu on est aidant qu on devient magicien même avec la meilleure volonté de satisfaire l autre! Nos limites nous rendent humains et celui qu on accompagne reste adulte : les impossibilités font partie de notre vie .
Trouver une petite tête d épingle positive fait avancer, ouvre incontestablement Bon courage pour les jours mornes
Merci de vous connecter pour participer à la discussion. Se connecter
Discussions en lien
tout voirPourquoi s’inscrire sur Aidons les nôtres ?
-
L’inscription vous permet d’accéder à de nombreuses informations sur la dépendance et d’interagir avec d’autres membres.
-
Vous avez également la possibilité de contacter des experts.
-
Simple et rapide, gratuite et totalement confidentielle, l’inscription respecte votre vie privée.
-
Vous pouvez obtenir plus d’informations en consultant les conditions générales d’utilisation.