Bonjour,
Mon époux a 91 ans, et moi 63 ans, nous sommes ensemble depuis 24 ans, et il vient d’être placé en Ehpad et je m’en veux terriblement. C’est sur l’insistance des gériatres (depuis 2022), de son médecin traitant (depuis 2020), de ses enfants (depuis juillet 2024), que j’ai accepté de signer la demande par l’intermédiaire d’une assistante sociale de l’hôpital car j’étais en épuisement total.
Je précise qu’il a lui-même accepté mais je pense qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’était ce genre d’établissement.
Il souffre de démence vasculaire, il prend un anti psychotique, anti dépresseur, anxiolytique et bien sûr sa médication actuelle. Il ne peut plus marcher, passe du fauteuil au lit et du lit au fauteuil, est devenu incontinent fécal et urinaire, a des problèmes de déglutition. A la maison, je lui mixais tout et lui donnait de l’eau gélifiée, mais comme cela ne suffisait pas car il refusait de prendre cette eau, il a fallu le mettre sous perfusion pour l’hydrater, avoir de l’oxygène car il descendait régulièrement au-dessous de 90. Il a beaucoup maigri, Il avait des comportements parfois insupportables, me criait dessus, m’insultait, puis pleurait, faisait du chantage affectif, manipulait ses enfants contre moi, bref, me faisait vivre un enfer…Avec toute la charge de travail que j’avais avec lui, j’avais en plus cette charge mentale très difficile à supporter. Je m’en suis toujours occupée seule car nous habitons à 300 KM de chez ses enfants (qui était aussi son chez lui avant que nous décidions de vivre ensemble).
Ses enfants ne se sont jamais vraiment occupés de leur père, il faut dire que leur histoire familiale ne s’y prêtait pas et ils ont bien été contents que l’on parte vivre dans le Sud en 2012, de ce fait, nous étions trop loin, ils travaillaient, j’étais sa femme et selon eux, c’était mon devoir de m’en occuper. Ils ne sont intervenus que très récemment en juillet, pour dire qu’ils étaient contre un retour à domicile, qu’il y serait très bien soigné, entouré de professionnels, que sa place n’était plus à la maison. Au début, j’ai refusé, (comme je l’ai fait depuis 2020) car tout avait été mis en place à la maison. il avait des barres parallèles pour marcher, un déambulateur, je le soutenais quand il voulait absolument prendre ses béquilles, les toilettes, la douche, tout a été sécurisé. Puis petit à petit, il a fallu un lève personne car je n’y arrivais plus, un lit médicalisé avec matelas anti-escarres, une infirmière qui venait tous les jours car il a eu une méchante escarre au talon lors d’un séjour prolongé à l’hôpital, et des bobos partout à force de vouloir absolument se lever et tomber…
J’ai fait une demande d’APA qui l’a classé en GIR 1 et l’on m’a octroyé une auxiliaire de vie 2 fois par jours, 7 jours sur 7. J’avais en plus une auxiliaire indépendante mais cela n’a pas suffi, son maintien à domicile était devenu très difficile, il faisait constamment des allers-retours maison
Pour finir, ils m’ont tous dit « stop » ça suffit !
Cela fait 3 semaines qu’il est en Ehpad, je vais le voir tous les jours et parfois Dieu sait si je n’en ai pas envie, j’y vais la boule au ventre car je sais qu’il va me harceler car il refuse d’y rester, ne veut voir aucun résidents qu’il traite de vieux croulants, que ce n’est pas un endroit pour lui, il est très négatif, fait du chantage, me rend seule responsable de son placement. Il pense qu’il doit absolument se rétablir pour rentrer à la maison, et pour lui, cela passe uniquement par la rééducation. Il en fait donc tous les jours et je le laisse le croire mais je me demande si j’ai raison de faire cela car je me sens perdue, c’est pour moi comme si je lui mentais.
Il refuse de prendre en compte mon épuisement et estime que je suis là pour m’occuper de ses vieux jours (différence de génération et ce que cela implique).
Ses enfants veulent maintenant le rapprochement familial pour le placer dans un Ehpad près de chez eux, (ils ne sont pas venus depuis son placement) certainement pour ne pas avoir à faire la route je suppose et je ne pense pas être mauvaise langue…
A la maison, c’était l’enfer durant la journée et la nuit,s'il ne pouvait pas dormir, il refusait que je dorme, à l’Ehpad, c’est hyper concentré sur 2 heures et c’est extrêmement épuisant de le voir comme ça et de l’entendre se plaindre, me reprocher de l’avoir mis là, de me faire du chantage de grève de la faim, de la soif, de se jeter par la fenêtre ou du lit, j’en ai le cerveau en ébullition et cela ne s’arrête pas dès que j’en sors, je ne sais plus quoi faire. Je peux retourner le problème tous les sens, je ne vois pas de solution. S’il revient à la maison, ce sera comme quand il est parti, voire pire, s’il va en Ehpad près de ses enfants, ils auront le même problème de refus que moi après 10 jours sur place, et je resterai toujours responsable de lui. Je ne parle même pas du souci financier car depuis son entrée en Ehpad, il va me rester 500 euros pour vivre une fois toutes les charges payées. J’ai demandé une aide à ses enfants, ils ont refusé me disant que je n’avais qu’à faire une demande d’ASH au conseil départemental et que s’ils devaient être obligés de participer, ils le feraient.
Voilà, je pourrais écrire encore quelques pages mais j’espère que ces lignes auront bien expliqué la détresse dans laquelle je me trouve.
Si quelqu’un a vécu une situation similaire et s’en est sorti(e), je suis preneuse de conseils pour y voir plus clair. Merci de m’avoir lue.
Pi