Fox59

Fox59

1 mai 2024 13:56

Aidant, culpabilité, décès  

Bonjour, 

Ma maman âgée de presque 80 ans nous a quitté le mois dernier. Je peine à l'écrire tellement cette réalité m'est difficile à accepter.

Aidant durant plus de 4 ans, une partie de ma vie s'est arrêtée avec son décès. J'ai eu le bonheur de l'accompagner jusqu'à la fin, tout en continuant à travailler.

Mes semaines étaient partagées en 50% pour moi et mon travail à Paris (4 j et 3 nuits) et 50% pour maman (3 j et 4 nuits) à Lille. Sans compter les semaines entières dédiées aux visites médicales, les congés, les hospitalisation où je pouvais alors rester 7j/7 chez maman.

Présent ou à distance, j'assurais 24/24H la coordination des intervenants, la surveillance de l'état de maman (4 appels par jour + caméra lorsque j'étais à Paris), les visites médicales, les courses, le ménage, les petites sorties en fauteuil, le chien, les lessives, les médicaments, les chutes, les appels à passer en urgence pour passer relever maman...

Au fil du temps et de la dégradation de l'état de maman (polyarthrite, AVC en 2020, chutes nombreuses avec anticoagulants, perte d'autonomie et de mobilité, COVID en 2023), j'ai développé un hypercontrôle. Je maîtrisais bien sûr l'aspect matériel dans l'organisation de son quotidien, mais j'ai également cru pouvoir contrôler sa santé. A plusieurs reprises, elle est passée prêt de la fin, mais à force de volonté, de soutien, de présence, on s'en était sortis et j'en éprouvais une grande fierté et un attachement encore plus fort.

J'étais devenu assez directif, posant une liste de questions au médecin généraliste à sa visite mensuelle, en interrogeant par mail chaque spécialiste, en intervenant et en contrôlant le travail de l'IDE. Et ce dont je me suis rendu compte récemment, c'est que plus on en fait, en tant qu'aidant, plus les professionnels se reposent sur vous : pour l'organisation, les diagnostics, l'orientation des soins. Et cet hypercontrôle conduit au revers de médaille : l'hyper-responsabilisation et donc l'hyper-culpabilité.

En effet, ma maman était sous coumadine. Globalement la cible de l'INR était sous contrôle, avec un contrôle tous les 15 jours, conformément au protocole de la coumadine. Lors d'écarts, j'avais pris l'habitude de prendre en charge l'alerte, et de voir avec l'IDE l'adaptation du traitement pour permettre de baisser ou d'augmenter l'INR. Ces derniers mois, il y avait parfois des écarts, que personne n'expliquait, mais qu'on contrôlait.

Et puis, suite à plusieurs résultats continus satisfaisants, l'IDE ne réalisait plus que des bilan INR tous les 15 jours, jusqu'à la semaine de Pâques, où en raison du lundi férié et puis le jour suivant d'une erreur de flacon de prélèvement (date de flacon expirée), l'INR n'a été analysé à +17j, en révélant une explosion du taux.

Le soir même, la vitamine K a été prescrite, mais le lendemain à la mi-journée, une hémorragie cérébrale est intervenue, à la maison, sans crier gare (aucun symptômes préalables). Je suis rentré de Paris pour me rendre à l'hôpital et j'ai accompagné Maman dans sa dernière nuit, avec sédation profonde. Une épreuve que j'ai réussi à surmonter, ainsi que les obsèques, en lui parlant, en priant, et en nous entourant tous les deux d'amour, de lumière et de paix.

Mais aujourd'hui, après un mois, le règlement de ses affaires, je m'écroule.

D'une part, évidemment parce que la personne que j'aime le plus au monde est partie. Ma maman que je chérie tant.

D'autre part, parce que je perds mon statut d'aidant. Un rôle difficile, très difficile. Je n'ai pas pris de vacances depuis 4 ans. Mon frère et ma soeur n'ayant jamais proposé de prendre la place, ne serait-ce que 15 jours. Mais pourtant, un rôle d'une humanité profonde, qui m'a permis de profiter de ma maman et de n'avoir aucun regret à ce niveau là. Un rôle qui m'a permis aussi de rencontrer des auxiliaires, des soignants, des voisins, et de vivre une vraie sociabilité à travers ma maman. J'ai été heureux d'évoluer dans ce monde et d'avoir autant d'échanges riches, même si ma vie personnelle et professionnelle, se sont, en contrepartie, appauvries. Pour rien au monde je n'aurais changé une virgule de cette histoire. Et aujourd'hui, je perds tout ce petit monde, puisque j'ai du rendre le logement de maman et quitter la région.

Enfin, je me sens responsable d'un défaut de vigilance médicale. A 48H près, je m'imagine que le résultat de l'INR aurait pu être un peu moins élevé et des actions correctives entreprises en amont, pour éviter le pire. Je m'en veux de ne pas avoir demandé à l'IDE de réaliser le prélèvement le vendredi en prévision du lundi férié. Je m'abstenais de trop intervenir dans l'agenda de l'IDE car je pense qu'elle contrôlait correctement l'INR. Et que de manière globale, elle faisait plus que ce qu'elle était censé faire (elle passait en fin de service, pour justement passer plus de temps avec maman, elle intervenait parfois la nuit en cas de chute...). Je ne sais pas si je dois m'en vouloir à moi, ou à l'IDE. Je ne cherche pas à enclancher une responsabilité quelconque. Mais je me reproche très clairement de ne pas avoir été plus vigilant sur cet examen de l'INR qui était devenu une routine. Et a J+17 on est clairement au delà de la limite des 15j. Je me répète en boucle cela. Le Docteur et l'IDE m'expliquent que j'ai été au-delà de mon rôle d'aidant et que je suis devenu aussi soignant, mais que je n'étais pas à ma place et que à force de contrôler, j'endosse la responsabilité qui ne m'incombe pas. 

Pour eux, le corps de maman était usé par les multiples traitements (coumadine, statines, bisoprolol, antiépileptiques, antidépresseur, biothérapie Lorencia, etc..), et elle-même était fatiguée, las, et ennuyée par la vie. Elle voulait partir. Elle s'est accrochée pour moi, car je n'étais pas prêt à la perdre, mais la perte de son autonomie lui était trop difficile à supporter et elle ne voulait plus que je me consacre autant à elle, à mon âge (40 ans).

J'ai pourtant du mal à accepter qu'elle n'ait pas atteint l'âge d'espérance de vie des femmes en France (84 ans). Je sais, c'est absurde. Mais pour moi c'est comme si il y avait là une injustice. J'étais là pour l'accompagner. J'avais créer un cadre de vie agréable, entouré et sécurisé. Elle n'avait pas de cancer, mais de nombreux antécédents. Mais je n'avais pas conscience que les antécédents étaient finalement des pathologies latentes qui en s'additionnant conduisent au décès. Pour moi, antécédents = situations passées et réglées.

Toutes ces pertes : maman, rôle d'aidant, le contrôle de ma vie et de celle de maman, et de sa santé, de notre maison, du foyer, sont impossibles à intégrer. Ecrire me permet de graver mon état d'esprit actuel, mais sans rien résoudre. Et c'est surtout mon sentiment de culpabilité, la possibilité de changer les choses par une petite action, qui me hante et me pousserait, si elle insiste trop, à ne plus vouloir vivre. J'aurais du demander ce contrôle INR plus tôt.

Alors je lis énormément de témoignages sur les forums. J'essaye d'intégrer le caractère incontrôlable de la vie et de la mort, tous les accidents, les approximations, les retards de diagnostics, les erreurs, qui conduisent à des situations irréversibles. Ca m'aide le temps de la lecture au moins, à me sentir moins seul dans ce sentiment de culpabilité et d'injustice. 

Si je poste ici sur le forum des aidants, c'est que si j'ai endossée la responsabilité d'aidant, j'ai assumé seul le choix de maintenir maman à domicile. J'en ai assumé les conséquences en ayant en même temps pleine conscience du temps compté et du bonheur de pouvoir profiter de notre relation. Une relation qui évoluait. Une complicité très très forte. On allait chez la kiné ensemble en faisant nos exercices en même temps. Nous rigolions et la kiné était admirative de notre énergie et de notre bonheur. J'ai eu la pleine reconnaissance de maman, et ça me suffit. Mais en revanche, aucun remerciement de la société. mon rôle est terminé. A moi de retrouver une place et d'assumer seul, encore une fois les remords et regrets de la situation que je n'ai pu maîtriser.

Je tourne un peu en rond en vous écrivant, mais je veux simplement dire qu'être aidant est un don de soi magnifique, enrichissant et en même temps qui conduit à une grande solitude et à une chute vertigineuse à la fin. Je n'aurais délégué ce rôle à personne. En revanche, qu'il se solde par l'échec de ce manque de contrôle de l'INR me fait mal à en crever. L'aidant n'est pas omnipotent, ni omniscient, ni omniprésent. Et c'est ce que je ne parviens pas à intégrer, à comprendre.

Je remercie les membres du forum et l'équipe des écoutants qui apportent toujours des mots mesurés et pertinents aux situations si difficiles que nous traversons tous.

Pat

Réponses
4 messages de membres 1 message d'expert
Laure Castel

Laure Castel

2 mai 2024 9:44

Aidant, culpabilité, décès  

Bonjour fox59,

Tout d'abord au nom de toute l'équipe d'Aidons les nôtres, nous vous présentons toutes nos condoléances.

Voici quelques articles qui pourront peut-être vous aider dans ces moments douloureux :

https://www.aidonslesnotres.fr/le-role-de-laidant/gerer-la-fin-de-vie-le-deuil-du-proche/

https://www.aidonslesnotres.fr/prendre-du-temps-pour-soi/ecrire-ca-fait-du-bien/

https://www.aidonslesnotres.fr/le-role-de-laidant/jai-ete-proche-aidante/

Enfin je sais que ça ne va guère vous aider plus, mais ne culpabilisez pas : vous avez fait tout ce qu'il fallait pour votre maman (et même plus encore). Croyez-en mon expérience, le temps apaise beaucoup de choses...

En vous souhaitant bon courage pour les mois à venir,

Isabelle Charret Médecin gériatre 2 mai 2024 18:16

Aidant, culpabilité, décès  

Bonsoir Pat,

 

Cet arrachement d’avec votre maman est récent, frais, à vif comme on dit et cette cicatrisation prendra du temps, mais laissera une cicatrice indélébile… comme toutes les cicatrices qui ont coupé, abîmé la peau, notre enveloppe charnelle. Alors, lorsqu’il s’agit de notre cœur…

 

Donc, il faut essayez de prendre un peu soin de cette cicatrice et de vous afin de partager encore après son décès ce chemin de séparation d’avec votre maman. Car bien sûr qu’elle est là, partie prenant de ce processus de deuil !

Nos forums des aidants est utile en ce sens qu’il réunit des personnes traversant les mêmes expériences.

Il se peut que vous ayez besoin d’être aidé de façon plus personnelle. Pourquoi cette idée ?

 

Parce que vous analysez la situation d’une façon qui vous autorise à aller plus loin qu’à rechercher un simple réconfort, que, soyez en certain, nous vous adressons.

Votre constat autour de votre rôle est lucide : hypercontrôle, hyperimplication, hyperculpabilité etc etc, mais :

 

Pourquoi cela s’est il produit de cette façon « hyper », disons, démesurée, pour votre chère maman qui peut-être n’en demandait pas tant (« elle était fatiguée, lasse, ennuyée par la vie »). Il y a toujours des raisons qui sous tendent l’hypersoin à l’autre. Il est difficile de les débusquer vous-même, or, il est essentiel que vous les compreniez.

Pourquoi cette recherche du contrôle absolu, d’une perfection sans limites ?

Pourquoi ce rêve de perfection, d’extension de vie de votre maman déjà bien malade ?

 

Autrement, que se passe t’il ? Vous cherchez un coupable : vous, la prescription exécutée avec quelques jours de retard.

D’une part, vous souffrez assez pour ne pas vous infligez cela en plus. Mais c’est du même registre.  Et là, vous auriez failli à votre désir de perfection ?

Sauf le respect qui vous est dû, vous n’y êtes pas du tout. Et accuser le retard non plus !

 

Il n’y a pas plus fastidieux et aléatoire que de surveiller les AVK. Pourquoi ? Parce que ça change tout le temps. Alors, s’appuyant sur des grand nombre d’études depuis plus de cinquante ans, on dit surveillance tous les 15 jours, ou tous les 10 jours, ou deux fois par mois sans préciser. Comment voulez vous faire pour être parfait ? Ce traitement, comme tant d’autres n’est pas parfait. Les médecins le savent bien. Ils contrôlent pendant des années de tels traitements et offrent ainsi une survie remarquable à leurs patients et puis, entre deux contrôles, ça craque : un saignement digestif, un saignement de nez, un saignement cérébral sans crier gare.

On n’ y peut rien, ce sont les limites du soin et des effets secondaires.

 

C’est une école d’humilité.

 

Vous le savez, votre maman avait plusieurs pathologies, de nombreux traitements et cela réduit l’espérance de vie.

Alors, pourquoi ne pas regarder votre merveilleux engagement, ce qui lui a été donné de vivre en années de plus ? Vous l’avez mérité

 

En soutien

Fox59

Fox59

6 mai 2024 11:18

Aidant, culpabilité, décès  

Bonjour Docteur, 

Merci pour votre réponse, si pertinente et argumentée.

Vous avez raison, l'hyper-attachement et l'hyper-contrôle qui en découlait, n'étaient certainement pas de l'ordre du "raisonnable". Mais est-ce que la raison et le cœur sont compatibles ? Maman m'a eu à 40 ans, nous avons eu une vie difficile, et je me suis autant investi ces 6 dernières années aussi pour la remercier de tout ce qu'elle avait enduré pour nous deux.

Aujourd'hui, chaque jour est un effort, pour ne pas y penser, pour ne pas pleurer et me sentir mal. J'y parviens, mais disons que je suis en mode "économie d'énergie". Et après un mois, mon frère et ma sœur commencent petit à petit à me le reprocher.

Je sens bien que je deviens un poids, car je nuis au retour de leur petit train-train qu'ils menaient bien loin des préoccupations de Maman et moi. Ils voudraient évacuer le "problème" comme ils ont pu le faire avec la perte d'autonomie. Je me suis chargé de tout. Ils n'appelaient qu'une fois par semaine Maman, et encore ! Parfois Maman tentaient d'appeler et n'avaient un rappel que des jours plus tard. Je ne les ai jamais jugé pour cela, mais qu'aujourd'hui ils osent poser des injonctions à l'aller-mieux, ça me met en colère.

Une partie de l'hyper-attachement dépend de mon libre arbitre, mais il a aussi bien rendu service à tout le monde. Et aujourd'hui on me demande d'en payer 3 fois la facture : ma séparation avec la personne qui comptait le plus au monde, mon changement total de vie qui reposait sur cette relation, et en plus il faut aller mieux rapidement pour ne pas embêter tout le monde.

Je comprends tellement les personnes endeuillées qui se retrouvent isolées, car elles dérangent. Je ne me complais pas dans cette souffrance, mais le deuil est énorme à dépasser. 

Et concernant l'AVK, je n'y pense plus, et le sujet revient sans crier gare. Objectivement vous avez raison, mais le contrôle des émotions et des sentiments est tellement difficile. La raison doit infuser tout doucement. Mais je lis bien sur les forums de deuils que beaucoup de personnes ressentent une forme de culpabilité après plusieurs années. Cela fait partie du chemin et je ne peux m'en laver pour le moment.

Je poursuivrai ce fil car écrire mes émotions me fait du bien et c'est vrai que vos connaissances et votre expérience du sujet permet un "pas de côté" qui fait du bien, même s'il n'est que momentanée.

Bien cordialement, 

PB

 

Fox59

Fox59

9 mai 2024 11:48

Aidant, culpabilité, décès  

Bonjour Docteur, 

J'ai complété vos explications avec celle d'un article intéressant d'un médecin, publié sur Atlantico et qui parle des morts subites, qui sont en réalité très rares. Ce docteur évoquait la iatrogénie, qui serait la cause d'une très grande part de décès dans les EHPAD, mais globalement, chez les personnes âgées. On parle de mort de vieillesse, ou mort naturelle, mais c'est la iatrogénie qui est souvent la cause. C'est par exemple le cas d'une personne âgée qui va décéder dans sa chambre un matin entre 2 passages d'auxiliaire. on dira qu'elle est mort de sa belle mort, alors qu'en réalité, cela peut-être dû à un excès de potassium que ses reins n'ont pas supporté.

Je ne connaissais pas cette réalité. On ne voit que l'aspect guérisseur de la chimie, alors qu'en réalité la toxicité est le revers de la médaille. Et que face à de multiples pathologie, et une multitude de prescription, on en arrive à une fenêtre de vie très étroite, qui vacille au moindre coup, au moindre retard, à la moindre inattention.

Je continue à méditer sur ce sujet, car la cause d'une mort, sa responsabilité, se pose souvent et que cette fenêtre s'ouvre, se referme, et se réouvre en fonction de mes humeurs, de ma tristesse. 

Comme vous l'avez dit, le contrôle est au coeur de cette problématique. L'IDE m'a dit que en devenant proche-aidant, j'étais devenu quasiment un dictateur, vis-à-vis des soignants, des auxiliaires mais aussi de Maman. Elle m'a dit penser que je prenais une forme de revanche sur Maman et son autorité.

De mon côté, je voyais plutôt cela comme un juste retour de tout l'amour, soin, attention qu'elle m'avait porté  en tant qu'enfant, adolescent et jeune adulte. C'était pour moi une manière de la protéger comme elle m'avait protégé. Mais peut-être qu'à son excès de protection, j'ai moi aussi répondu par un excès de protection, de contrôle et d'où ce terme de "revanche" qui m'avait heurté.

Je sais que maman ne m'en voulait pas, elle sait que j'ai fait ça par amour. Mais il y a là un ressort psy qu'il faudra que j'explore pour comprendre en effet, mon acharnement à la voir en vie.

Ca ne me soulage pas et je sais que mes journées resteront difficiles et très longues. Mais c'est un exercice nécessaire pour avancer et tenter d'aller mieux.

Bien cordialement, 

Pat

Fox59

Fox59

12 juin 2024 7:45

Aidant, culpabilité, décès  

Bonjour Docteur, 

Plus de deux mois après le départ de ma Maman, les émotions très vives s'évacuent, petit à petit. Je suis capable désormais de me mobiliser à nouveau pour des actions, des projets concrets, afin de réaménager ma vie, bouleversée par mon rôle de proche-aidant.

Les choses ne sont pas simples pour autant, certains jours je me sens mal. Retrouver des lieux, des personnes, des objets provoquent une détresse. Le fait même de verbaliser la disparition de Maman me fait sangloter. J'essaye de prendre soin de moi, mais le sommeil reste perturbé, et puis encore et toujours ces pics de culpabilité.

Votre réponse sur les AVK m'a fait du bien. Même si je ne digère toujours pas ce retard de 48H dans l'analyse. Ce refus du labo d'analyser le flacon "périmé" qui a retardé de 24H l'analyse. Et j'ai même envie de contacter le labo pour leur demander : mais pourquoi ne pas avoir quand même transmis un résultat même si vous le pensiez éventuellement faussé à cause du flacon. Mais à quoi bon. Resasser est inutile et me fatigue. Et puis, c'est propre à chaque mort : l'élément "hors de contrôle". Cette seconde, ce geste, cette inattention, cet oubli parfois minime mais qui conduisent à la plupart des morts accidentelles, que ce soit sur la route, en milieu médical, ou au domicile. 

Après la iatrogénie, j'ai lu un article qui m'a beaucoup surpris. C'est la baisse significative de l'espérance de vie après un AVC. Maman en avait fait un, en 2020, lors que son hospitalisation pour un herpès simplex (suspicion de méningite qui avait entraîné la suspension des AVK pour réaliser une ponction, et là l'AVC).

Il a été très limité, Maman a surtout eu des répercussions sur la lecture de l'espace temporel, et sur la marche, mais difficile de faire la part des choses avec sa polyarthrite.

Bref, pour moi cet épisode AVC était du passé, et était traité. Ce que je ne savais pas, et qu'aucun docteur m'a expliqué, c'est que des études montrent que la chance de vivre plus de 5 ans après un AVC était de 9% après 70 ans. Alors les études se contredisent, parfois ce chiffre est supérieur, il y a des évaluations des taux de létalité à 1 ans, 5 ans. Mais dans tous les cas, l'espérance de vie est très amoindrie avec l'âge.

Je regrette de ne pas en avoir été informé par les médecins à l'époque. Ca n'aurait rien changé à la prise en charge de ma mère car j'ai assumé à fond du début à la fin, mais par contre, j'aurais peut-être été mieux préparé à un accident, un départ brutal plutôt que d'attendre une mort douce, "naturelle" comme on l'imagine dans les films (et qui n'arrive que rarement j'ai l'impression).

Voilà où j'en suis aujourd'hui. Finalement 3 travails à réaliser :

- Digérer le choc de l'aurevoir, un moment bref mais traumatisant. 

- Le travail de deuil de la personne que j'aime le plus au monde.

- Le deuil aussi de mon rôle de proche-aidant (peut-être la partie la plus facile, mais qui demande malgré tout un travail que mes frères et soeurs qui n'ont pas assumé ce rôle n'ont pas à réaliser par exemple).

Merci de votre écoute et si vous avez des éléments sur la mortalité et l'espérance de vie après AVC, je suis preneur.

Cordialement, 

Pat

Choupinette

Choupinette

26 août 2024 21:33

Aidant, culpabilité, décès  

Bonsoir monsieur je vous présente toutes mes condoléances j ai suivi votre histoire je m y suis reconnue..c est très dur aussi pour moi actuellement je n accepte,pas la dépendance de ma maman..je pense aussi que l hyper contrôle que je veux avoir de la situation ne me oerr pas de regarder la vérité en face..et surtout ma peur panique de la mettre en EHPAD..nous sommes aussi souvent imconpris par l entourage professionnel et familial..moi je suis seule... Ce que vous avez fait , offerts à votre maman est merveilleux...bon cour amical pensée 

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