balbi

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28 juillet 2024 10:23

Alimentation en Ehpad  

Bonjour, mon père atteint de démences vaculaires (apparentée Alzheimer), est en Ehpad. Il a la chance d'avoir toutes ses dents, il est valide. Suite à une fausse route, l'Ehpad l'a mis sous alimentation mixée. J'ai demandé après 1 mois de cette fausse route que soit réintégrée l'alimentation normale (sauf pour la protéïne en hachée pour être sure qu'il la mange). En effet, lorsque je le prend le dimanche, il a plaisir à manger comme avant tout ce qui est croquant (radis), craquant (pain), pastèque,  et le tout en morceaux normaux. Il éprouve beaucoup de plaisir à manger ainsi. De plus, cela lui permet de garder des acquis, se servir de la fourchette par exemple, et de garder un vocabulaire culinaire. Sur le plan de ses sens, mon père n'y voit presque plus, et c'est donc le sensoriel par l'alimentation qui est le principal sens encore développé.

J'ai donc demandé à ce que son alimentation normale en morceaux soit réintroduite, mais après réunion interne avec la direction, le médecin coordonateur, et l'infirmière cadre, ils ont décidé de maintenir le mixé par "précaution".

Je connais le risque de fausse route, mais je veux bien prendre ce risque et en dégager la responsabilité à l'Ehpad. Est-ce possible? Le médecin et l'équipe peuvent ils s'opposer à un souhait de la famille sur ce plan là?

Avec mes remerciements pour votre réponse.

Cordialement

Réponses
1 message de membre 1 message d'expert
Isabelle Charret Médecin gériatre 29 juillet 2024 17:20

Alimentation en Ehpad  

Bonjour Balbi,

 

Merci pour votre question.

Votre analyse est pertinente et vos arguments auraient du pouvoir rencontrer ceux des professionnels afin de co-construire un projet de vie autour de l’alimentation de votre papa ; projet dans lequel la personne malade et ses besoins doivent prévaloir sur ceux de la structure d’accueil, même si leur analyse est bienveillante. Mais il est encore temps de construire et les polémiques ne construisent rien de bien : c’est le malade et sa famille qui en font ensuite les frais ! Tout le monde est perdant !

 

Construire gagnant/gagnant :

  • La fausse route (FR) entre t’elle dans le cadre de troubles de la déglutition chroniques liés à sa maladie vasculaire (lésions du tronc cérébral) : vous devez poser la question et recevoir une réponse. Si la FR est accidentelle, dites vous qu’elle peut se produire chez n’importe qui, comme une chute. C’est un risque qu’on ne peut anticiper (ce qui ne serait pas le cas si les troubles de la déglutition rentraient dans le cadre d’une maladie : dans ce cas, on devrait les prévenir afin d’éviter une mort atroce par étouffement). Il y a peut-être une autre explication médicale ?
  • La FR a t’elle été très traumatisante pour le personnel. Votre papa a t’il failli mourir ?
  • Vous mentionnez le plaisir du goût qui, seul, reste lorsque les autres sens sont déficitaires. Vous ne mentionnez pas l’âge de votre papa mais il n’a certainement plus 20 ans ! Il faut insister là-dessus.
  • Vous mentionnez la mastication : utile, antidépressive (croquer est idéal), active. Il faut aussi insister là-dessus. De plus les aliments en morceaux permettent d’être saisis manuellement et offrent ainsi une belle opportunité de maintenir une autonomie.
  • Vous adoptez une attitude sage : le panachage des repas. Bravo de laisser les protéines en haché car, effectivement, il en a besoin surtout si il est valide comme vous le mentionnez.
  • Il faut aussi admettre que certains aliments sont dangereux en vieillissant : poireaux (longs filaments), minestrone (trop petits morceaux), coquillettes, petits fruits secs (noisettes) etc : tout cela est du bon sens.
  • En même temps, certains aliments sont très indiqués en cas de FR : les glaces, les compotes de fruits. Il existe plein de bonnes choses qui permettent de varier les plaisirs.

 

Ça vaut le coup de rediscuter et continuer à panacher de façon à ce que chacun y trouve son compte.

Une institution ne transfère jamais son pouvoir, même à un proche car c’est toujours elle qui est responsable. Les sorties contre le gré dûment signé, les autorisations de déambuler où que ce soit, l’alimentation contre avis médical sont rejetées car en cas de problème l’institution supporte tout.

 

Mais franchement, au vu de la façon logique et calme, très aimante pour votre papa, vous devriez trouver un beau terrain d’entente.

Mais un accident peut toujours se produire et cela, chez tout le monde

Bien à vous

balbi

balbi

29 juillet 2024 17:54

Alimentation en Ehpad  

Bonjour, 

Je vous remercie de votre réponse. J'ai essayé d'argumenter en leurs écrivant ce qui suit : 

"

En effet, à ce jour, il me semble que mon père ne présente pas de troubles en lien avec l'échelle de Blandford, ni de troubles du comportement dûs à sa pathologie qui nécessite cette décision de maintien d'une alimentation en mixé.
Je rappelle que lors des repas partagés à mon domicile, il a plaisir à manger tout ce qui est croquant (radis), croquant, comme il a toujours aimé.
 
Maintenir une alimentation à diverses textures permet de maintenir ses capacités encore fonctionnelles et non d'encourager à la régression. Par exemple, mon père, du fait de ne manger que du mou et à la cuillère, perd le fait de savoir se servir de la fourchette en piquant. Fait constaté à mon domicile. Il y a certes la maladie, mais pas que, et  le  déclin de certaines capacités cognitives est également dû à certains choix faits à l'Ehpad.
 
De plus, vous n'ignorez pas que le recours à des aliments mixés réduit le risque d’étouffement aigu mais pas le risque de fausse route. Il ne me semble pas que mon père fasse partie des personnes à haut risque de fausse route. Je n'ai pas repéré de texture "limite" qui justifie ce choix. J'ai déjà écrit que j'accepte la texture hachée pour la protéine car par goût il ne la mange pas, mais pas pour les autres aliments. Le pain de mie il me semble est plus ou autant à risque que le pain normal qu'il a encore plaisir à manger chez moi. Lui proposer le pain de mie, amène mon père à présent à enlever la croûte du pain normal, ce qu'il ne faisait pas. 
 
Au niveau de ses sens, mon père a pratiquement perdu la vue, ce qu'il compense à la hauteur de ses moyens par le toucher,  pour l'ouïe c'est difficile à évaluer. Il lui reste donc le goût. La bouche est un espace sensoriel  important et continuer à manger en morceaux (comme il le fait à mon domicile) participe au maintien de ses réflexes de mastication et déglutition. Il a une dentition saine avec toutes ses dents, ce qui risque de se détériorer si l'alimentation en mixé continue. Et puis, il me semble qu'il est important de maintenir la notion de plaisir."...
Mon père dimanche dernier a mangé avec plaisir des radis croquants, une salade de pois chiches avec sardines à huile, du fromage, une tomate, de la pastèque avec du pain et son verre de vin.  Il n'a pas eu de complications suite à sa dernière fausse route qui remonte à plus d'un mois. Dans l'année, j'ai été informée de 3 FR importantes, mais sans suite, pas plus. JE reste en attente de leur réponse pour un éventuel entretien. Difficile de rencontrer les personnes (médecin coordonateur, directrice, infirmière). Je communique bien sur tout cela avec la référente de l'unité et la psychologue, mais elles sont absentes en ce moment. Mon père va faire 92 ans en décembre, mais a la chance d'avoir toutes ses dents et la dernière consultation chez le dentiste il y a 8 jours, confirme des gencives et une dentition saines. J'ai peu que l'alimentation en mixé apporte des problèmes de déchaussement sans la mastication. De fait, il perd aussi de ses acquis, comme piquer avec une fourchette, car il n'a plus que la cuillère pour ramasser les purées. J'espère que l'équipe va pouvoir évaluer entre le bénéfice et risque pour mon père. Avec mes remerciements, Cordialement
 

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