Bonjour cher communauté,
Je suis une femme artiste, j’ai 35 ans.
Je suis née et j’ai grandi au Maroc à Rabat.
J’ai réussi à intégrer l’école supérieure des beaux-arts de Casablanca sur concours en 2007.
Je dessine et peint, entre autres, depuis l’âge de 4 ans.
Je souffrais de troubles autistiques légers qui se caractérisaient principalement par le mutisme et quelques tocs. D’où mon besoin vital de m’exprimer autrement que par la parole. L’art m’a sauvé, car dans ma culture de base, on ne prêtait pas attention à ce genre de différences.
J’ai appris progressivement et par mes propres moyens à apprivoiser ma différence ou plutôt à la masquer en imitant les comportements des enfants et adolescents que je jugeais normals, à l’époque, ou plus adaptés à notre monde et à son fonctionnement, que je n’ai d’ailleurs jamais compris.
Vers l’âge de 17 ans j’ai réalisé la nature réelle des événements que j’ai subis dans le cadre de ma famille, alors que j’avais entre 8 et 13 ans (des abus et violences répétées de la part de quelques proches).
Très perturbée, j’ai consulté un psychiatre à mes 19 ans, qui m’a conseillé de continuer mes études d’art à l’étranger, pour bénéficier de la formation d’écoles reconnues et surtout pour m’éloigner du cercle familiale et de la négation par la société marocaine des événements que j’avais subis.
Je suis donc arrivé en France à mes 22 ans, en 2010, où j’ai effectivement réalisé une partie de mes projets, tout en continuant à me débattre sans fin contre angoisses, anxiété et la dépression.
Afin de consolider ma candidature à l’école Boulle, que je rêvais un jour d’intégrer, j’ai suivi durant deux ans les cours d’une école d’architecture intérieure à Lyon, que j’ai quitté, ayant été acceptée finalement à l’école Boulle a Paris.
À ma sortie de l’école, j’ai fait deux stages : Un au Printemps Haussmann (pole artistique) de 3 mois.
Et un deuxième, de 4 mois, dans un atelier de construction de décors, (LFE Construction), essentiellement en bois.
J’ai été embauchée par la suite, en CDD, par cette entreprise (LFE Construction) spécialisée dans la fabrication de décors. Au bout de un an, j’ai décidé de demander une rupture de contrat suite à des comportements abusifs de la part de mon employeur, « réceptif » à ma fragilité et ma vulnérabilité pour régulariser mes papiers de séjour en France.
Je me suis donc retrouvée au chômage et j’ai traversé une période très compliquée au niveau de ma santé mentale et je me suis retrouvé sans titre de séjour jusqu’en 2017. S’en suit plusieurs hospitalisations en HP.
Découragée, coincée par l’absence de permis de travail, mais animée au fond de moi par la volonté de me bagarrer et de créer, sachant que tout retour au Maroc était inenvisageable pour moi, au risque de tomber dans une déchéance totale.
Je me suis tournée donc vers les Emmaus de Grenoble, qui ont compris ma situation, et m’ont accepté en tant que compagnon menuisière.
J’y ai passé un an, à restaurer en particulier des meubles anciens et à réaliser quelques créations et autres objets; ce fut une période fructueuse de fraternité ; les directeurs d’Emmaüs m’ont aidé à avoir, en liaison avec le préfet, un titre de séjour salarié. Après 5 années en situation irrégulière.
Je n’ai jamais cessé de dessiner et de peindre quand j’en avais l’opportunité.
Quand la régularisation de ma situation administrative était résolu, j’ai pu enfin trouver un travail en CDI, dans un grand théâtre contemporain à Gennevilliers, (Le T2G), en tant qu’assistante de direction technique. J’y ai travaillé pendant 2 ans, jusqu’en octobre 2021. Le poste y était certes intéressant, mais ne correspondait pas à mes compétences et encore moins à mes aspirations :
Mon objectif à l’heure actuelle étant de me réaliser en tant qu’artiste et donner forme à mes idées et projets d’art (assez éclectiques). Car j’ai eu la chance d’expérimenter différentes techniques et matériaux au fil des années d’études et d’activités professionnels.
Je souhaiterais un jour, je l’espère prochain, exposer mon travail, créer des espaces de performances diverses et installations architecturales éphémères et interactives.
Malheureusement, à l’heure actuelle et ce depuis plus de deux ans, je vis en errance. Sans domicile fixe et sans point de chute stable ou convenable pour réaliser mes idées de créations. J’ai de quoi à peine survivre au quotidien. Je me sens bloquée et à l’étroit. Ça m’est insoutenable.
J’ai besoin d’aide et j’ai honte de le demander car je me suis toujours considérée comme une personne indépendante et digne. J’ai toujours réussi à me sortir des épreuves difficiles avec les moyens que je possédais au moments donnés. Aujourd’hui, je suis à bout de force. Et je ne sais absolument pas comment me sortir de cette galère. J’ai toquer à beaucoup de portes. Mairies, diverses associations, etc.. la réponse est souvent : on est saturés.
Je me demande s’il y aurait pas des gens qui s’entraident entre particulier car des années de sollicitations des associations, organismes et institutions sans résultats m’ont extrêmement épuisé. Je suis affaiblie mentalement et physiquement comme je ne l’ai jamais été.
Voici donc un petit bout de mon histoire.
Je vous envoie ce message comme une bouteille à la mer, en espérant trouver une porte de sortie vers un rayon de lumière.
Si jamais vous connaissez des personnes ou des organismes à me recommander, capables de m’aider, je vous en serai extrêmement reconnaissante.
Je vous souhaite une merveilleuse semaine.
Respectueusement