Bonjour,
Je suis fils unique et tuteur à la personne de ma mère. J’ai bien compris que je n’avais pas de pouvoir décisionnel sur les aspects patrimoniaux et financiers de la majeure protégée. Mais je viens de prendre connaissance de l’article 457-1 du code civil que je reproduis ci-dessous pour ceux qui, comme moi, le découvriraient :
« La personne protégée reçoit de la personne chargée de sa protection, selon des modalités adaptées à son état et sans préjudice des informations que les tiers sont tenus de lui dispenser en vertu de la loi, toutes informations sur sa situation personnelle, les actes concernés, leur utilité, leur degré d'urgence, leurs effets et les conséquences d'un refus de sa part. »
J’en déduis, mais peut-être ai-je tort, que j’ai le droit et même l’obligation de maintenir informée, la majeure protégée sur l’avancée des choses et sur les décisions qui la concernent, de lui procurer une description adaptée (par mon discours à sa compréhension) de sa situation, et d’obtenir ses commentaires et souhaits éventuels.
Je n’ai pas eu besoin d’invoquer cet article pour tout ce qui touche à la santé et au bien-être de ma mère. Pour l’hébergement, grâce à une réponse très argumentée de Me Isern-Réal découverte sur ce forum, j’ai pu (presque) redevenir l’interlocuteur principal de l’Ehpad de ma mère. Mais, pour tout ce qui touche aux domaines patrimonial, juridique, financier, fiscal… mes interlocuteurs me refusent toute information quand je leur fais des demandes pour ma mère, en tant qu’intermédiaire, même si je rappelle l’article en question.
Je donne un exemple. Nous sommes en pleine succession de mon défunt père. Quand je lui demande conseil pour ma mère en lui rappellant cet article, le notaire de la succession m’oppose [les arguments diffèrent chaque fois que je reviens à la charge], qu’il a interrogé le CRIDON là-dessus et que je fais une mauvaise interprétation de l’article, que cet article concerne la curatelle, que ma mère (avec laquelle il n’a plus de contact depuis plus d’un an) n’est plus capable de comprendre, que je dois m’adresser, pour toute information, au tuteur aux biens, à l’avocat de ma mère et au juge des tutelles pour avoir des informations ou me faire communiquer les actes concernant ma mère. Il refuse donc toute communication ou demande de conseil destinée à ma mère, par mon intermédiaire. De leur côté, le tuteur aux biens et l’avocat ignorent mes demandes, et le Juge, quand il répond, met trois mois.
Je ne sais si le tuteur aux biens et l’avocat vont visiter ma mère, s’ils lui exposent ce qu’ils font, s’ils essaient de recueillir son consentement, s’ils lui font signer des documents... L’Ehpad ne veut pas m’informer de leurs visites si elles existent. Et j’ai appris dernièrement que tout le courrier de ma mère était automatiquement redirigé vers le tuteur aux biens, ce qui renforce ma mise à l’écart et celle de ma mère, de sa propre vie. Cette dernière, en effet, quand je l’interroge, me dit ne pas savoir qu’elle a un avocat, ne pas se souvenir si le tuteur ou l’avocat est venu la voir, ne pas se souvenir qu’on est encore en pleine succession de mon père...
Mes questions : dans le principe, pour que je puisse éclairer ma mère sur sa situation, le notaire a-t-il obligation de répondre à mes questions ? Et le tuteur aux biens ? Et l’avocat de ma mère ? Si oui, que faire ? Dois-je faire une requête au Juge pour lui demander une confirmation ou une ordonnance pour que ces professionnels communiquent avec moi quand je leur fais une demande pour ma mère ?…
Qu’en est-il du courrier que reçoit ma mère à l’Ehpad ? Celui-ci doit-il être délivré à la personne protégée qui ne peut plus en prendre connaissance sans aide, ou être transféré (comme actuellement) au tuteur aux biens, ou alors au tuteur à la personne ? …
Quant aux visites à l’Ehpad, le tuteur aux biens ou l’avocat doivent-ils m’informer à l’avance afin qu’éventuellement je sois présent et puisse faire l’intermédiaire entre eux et ma mère ?
Je suis un peu perdu, et m’interroge sur ce rôle d’intermédiaire, que prévoit et décrit l’article, que les interlocuteurs de ma mère n’ont pas l’air de connaître ou de... reconnaître.
Est-ce que j’interprète correctement mon rôle ? Y a-t-il des limites à mes demandes d’information ou à ce que peuvent me répondre mes interlocuteurs pour ma mère ?
Cette interrogation est devenue fondamentale au fil des mois. Quelqu’un pourrait-il m’éclairer ?
Ella