Moyocoya

Moyocoya

22 janvier 2025 8:33

Comment lui dire ?  

Bonjour,

Ma femme, 60 ans, a été diagnostiquée Alzheimer depuis bientôt trois ans. Les deux premières années son état est resté relativement stable. Mais depuis juin dernier son état cognitif se dégrade rapidement. Elle a maintenant atteint un niveau où elle n'est plus autonome : mémoire, expression et compréhension verbale, repérage dans le temps et dans l'espace, process "simples" : utiliser son téléphone, s'habiller... Je dois tout faire dans la maison et veiller discrètement à ce qu'elle effectue correctement les actes du quotidien.

Ce qui est nouveau depuis une dizaine de jours et qui est apparu brutalement, c'est qu'elle a des phases que je qualifierais d'hallucinatoires une bonne partie de la journée : elle parle à des gens qui ne sont pas présents, invente des histoires qui lui sont arrivées qui n'ont absolument aucun sens, passe du rire aux larmes d'une phrase à l'autre.

Je suis allé consulter notre généraliste pour voir ce qui peut et/ou doit être fait. Elle me recommande de prendre rendez-vous avec le service hospitalier de ma ville spécialisé Alzheimer, ce que je vais faire.

Mon problème c'est que ma femme est dans le déni depuis le début de sa maladie, dans le sens où elle estime qu'elle n'a pas besoin d'accompagnement, pas besoin d'aller plus loin que ses deux séances hebdomadaires avec son orthophoniste. Elle s'est toujours refusé à intégrer des groupes ou des structures adaptées.

Mais là il n'y a plus le choix. Je vais pas pouvoir gérer indéfiniment des journées où elle passe la moitié de son temps à halluciner.

Mon problème c'est que je ne sais pas comment lui amener ce rendez-vous. Elle est absolument inconsciente du fait qu'elle a des hallucinations et n'assume pas du tout qu'elle a Alzheimer. Comment vais-je m'y prendre pour lui faire accepter cette nouvelle étape sans la blesser ?

Merci pour vos réponses !

Réponses
2 messages de membres 2 messages d'experts
Isabelle Charret Médecin gériatre 22 janvier 2025 18:37

Comment lui dire ?  

Bonsoir Moyocoya,

Il est clair que la rapidité d’évolution de la maladie d’Alzheimer de votre épouse, jeune, a toutes les raisons de vous inquiéter. Vous faites déjà beaucoup pour l’aider avec ses troubles cognitifs qui entrainent une dépendance de plus en plus important. Comme on dit : vous veillez au grain pour quasi TOUT, discrètement, efficacement.

Et voilà que des hallucinations envahissantes se produisent, avec un début brutal.

Dans la maladie d’Alzheimer, le cerveau est lésé : fonctions cognitives impactées au premier rang desquelles la mémoire mais, vous le savez, pas que. Il peut se produire des troubles de la marche et de l’équilibre, des troubles des conduites sociales, des troubles visuels et d’autres.

Des crises d’épilepsie peuvent survenir car les circuits électriques sont abimés. Les hallucinations c’est plus rare.

Il faut donc impérativement, d’autant que ce début est brutal rechercher une cause : médicament nouveau (antibiotique, antalgique), douleur, constipation importante, état infectieux telle une infection urinaire, insuffisance cardiaque, diabète mal équilibré, baisse de la vision – ces causes sont les plus fréquentes-. Sans oublier qu de petites crises d’épilepsie sans mouvement peuvent survenir et donner des hallucinations.

Il faut aussi absolument faire le distinguo entre un délire (histoire racontée, mise en scène alors qu’irréelle) et hallucination (visions et mise en scène secondaire aux visions).

Médecin traitant rapidement avant même un avis gériatrique sauf si ce dernier peut être obtenu dans de brefs délais. Votre femme va chez le médecin pour un bilan car vous trouvez qu'elle est fatiguée, voilà. Elle n'en comprendrait pas tous les détails qui l'angoisseront beaucoup plus.

En investigation donc dans un premier temps avant de se poser la question de « comment faire avec en plus des hallucinations ? », qui sera légitime dans le deuxième temps.

Bien à vous

Moyocoya

Moyocoya

23 janvier 2025 5:15

Comment lui dire ?  

Merci pour votre réponse. Pour apporter une précision il s'agit de délires et non d'hallucinations.

Une question complémentaire : est-ce que je dois comprendre que s'il y a une cause extérieure à la maladie elle-même et qu'elle est traitée, ces délires pourraient s'arrêter ?

Isabelle Charret Médecin gériatre 23 janvier 2025 8:47

Comment lui dire ?  

Bonjour Moyocoya,

Le délire peut être causé par les mêmes causes et également par de mauvaises interprétations du quotidien que la malade comprend de moins en moins et à partir duquel elle construit une histoire.

Par exemple, lors d'oublis , la personne peut prétendre qu'on lui subtilise des choses et elle peut développer un délire autour de supposés vols, mettre en scène des voleurs, des situations aux détails riches: plus facile que d'accepter qu'on oublie tout.

Mais hallucinations et/ou délires méritent une investigation sérieuse afin de ne pas tout mettre sur le dos de la maladie. Une infection peut causer ces manifestations et se traite.

Si on ne trouve rien, un traitement pour réduire ces manifestations cliniques est possible. Ce n'est pas le cas avec d'autres maladies neurologiques.

Deuxième raison pour rechercher une solution qui soulagera le quotidien. Tout bon médecin sait faire ça!

Bonne journée

Bien à vous 

 

Moyocoya

Moyocoya

23 janvier 2025 12:32

Comment lui dire ?  

Merci !

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