MimiVillars

3 avril 2022 23:46

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour,

Je ne sais pas si je pourrais trouver des réponses à mes questions. J'ai été aidant familial de ma mère depuis plus de 10 ans. J'ai 2 frères, lors de son ambolie pulmonaire, l'un m'a culpabiliser de ne pas être présente lorsqu'elle se sentait malade, je suis restée avec elle jusqu'au bout de sa vie. Elle s'est remise de son ambolie mais ensuite elle a éprouvé des difficultés à marcher, donc à monter les escaliers où elle habitait. J'ai revendu mon appartement pour chercher une maison de plain pied, bien sûr plus cher avec une chambre en plus. Je précise que je suis célibataire. J'ai encore subi des réflexions quand j'ai pris 2 semaines de congés en la laissant, mais elle a toujours eu toute sa tête et savait se débrouiller. Le seul souci était la chute. Je comptais sur mon autre frère en cas de problème. 

Elle est décédée récemment et c'est un grand vide pour moi, mon frère qui m'avait culpabilisé a appris par sa belle-soeur que ma mère avait été fachée qu'il ne vienne jamais la voir, lui et sa femme se sont fachés contre moi alors que ma mère n'était pas encore enterrée. Cela m'a terriblement blessée, j'avais été tellement forte pendant tout ce temps, pour garder un travail qui puisse me garantir un salaire correct, j'ai sacrifié ma vie sociale, j'ai tenté d'être aussi forte pour m'occuper de tous les papiers, l'enterrement, le rangement... J'ai craqué et fait une tentative de suicide car je n'en pouvais plus et j'ai été bouleversé par sa disparition rapide et le manque de soutien de mes 2 frères. Désormais je ne suis plus du tout forte et cela me pèse.

Je me retrouve désormais seule, et je suis maintenant en phase de colère vis-à-vis de ma famille qui ne comprend pas les sacrifices que cela a pu engager. Même un de mes frères ne m'appelle pas pour savoir comment je vais. C'est un peu comme si j'étais en colère sur le bonheur social dont ils ont profité, fonder une famille, oublier ma mère et m'oublier également. Mais si c'était à refaire, je le referai car ma mère était une personne magnifique et qui a travaillé dur toute sa vie pour que ses enfants puissent faire des études. 

J'aimerais avoir des retours sur des personnes qui comme moi ont subi cette déprime "post-aidant", ou on ne sait plus vers quoi aller, ou se positionner dans la vie, que faire jusqu'à se demander si ce ne serait pas plus facile de suivre la personne que l'on aidait. Il s'agit comme d'un grand vide et une grande colère en même temps. Mon énergie a totalement disparu et j'ai peur de ne plus la retrouver. 

Merci pour vos recommandations. 

Michelle

Réponses
22 messages de membres 6 messages d'experts
julien74

julien74

4 avril 2022 21:55

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour MimiVillars,

Votre témoignage me touche car je suis passé par là suite au décès de celle que j'ai accompagnée jusqu'au denier souffle. Le vide est énorme et normal puisqu'on passe d'une charge très lourde à ... plus rien du tout. Je pense que seuls ceux et celles qui ont connu cette situation peuvent vraiment comprendre. Pour m'aider, entre autres, il y a la petite voix de ma proche qui continue à me parler, elle m'a dit à ce sujet "je suis très fière de tout ce que tu as fait mais maintenant prends soin de toi, ne te laisse pas aller, sinon à quoi ont servi tous tes sacrifices, si tu ne reprends pas le flambeau ?"

Alors entourez-vous le plus possible de personnes bienveillantes, parmi vos amis, vos voisins, au travail, dans des associations (je n'ai pas parlé de famille, hein). Sortez, faites de l'exercice et l’envie devrait doucement reprendre le dessus. N'hésitez surtout pas à consulter un médecin à l'écoute et à chercher un soutien psychologique si l’amélioration se fait attendre.

Voilà, je pense que tout va maitenant bien se passer puisque vous êtes déjà venue en parler ici, et de plus votre "phase de colère" me semble très positive .

Bien à vous,

Julien.

MimiVillars

4 avril 2022 22:48

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonsoir,

Merci Julien, ce que je retiens c'est que ma mère n'aurait pas voulu que je sois dans cet état. Je dois m'accrocher à cela dans les mauvais moments sinon elle serait déçue. J'ai aussi très peur que le vide soit permanent et que le bonheur ne soit plus possible. Tristesse, colère, peur, cela fait beaucoup trop en une seule fois. Je ne veux surtout pas finir aigrie. 

Je vais certainement rechercher un soutien psychologique mais difficile de faire le choix, il y a des psychologues de partout même dans des petites villes. Comment faire le bon choix ? 

Amicalement.

Michelle

julien74

julien74

5 avril 2022 10:25

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour, effectivement le choix d'un.e psychologue est important. Après le bouche à oreille, les réseaux sociaux, je ne vois pas d'autre solution ici que d'essayer jusqu'à trouver un soutien efficace et qui vient en complément d'une vie sociale retrouvée.

Bonne journée à vous.

Isabelle Charret Médecin gériatre 6 avril 2022 9:16

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour,

 

On peut dire que votre question reflète une grande lucidité et contient déjà beaucoup de réponses.

Premier pas : vous accepter dans tous vos ressentis, les estimer plus que légitimes et les valoriser ! Eh ! Oui ! Ce que vous avez décidé de vivre à un point de votre vie, de faire, de partager, de donner n’est pas offert à tout le monde. Il est plus simple de dénigrer que de « s’y coller » …

 

Votre énergie a complètement disparu ? C’est la conséquence inévitable d’un accompagnement complet, aux petits soins ainsi que de blessures de jugements et d’une déconsidération. Le fait de ne pas être pris en compte, respecté pour ce qu’on a fait équivaut à vous nier en tant que personne. Cet épuisement fait le lit de la dépression au sens d’un effondrement au fond de soi : alors, vous faites une tentative pour vous supprimer tout à fait, et vous écrivez qu’ « il serait plus facile de suivre la personne que vous avez accompagnée ».

N’avez vous pas envie de continuer à penser aux choix que « vous referiez si c’était à refaire ? », aux moments humainement valorisants que vous avez vécus avec votre maman ? C’est votre vie, avec des renoncements (mot préférable à celui de sacrifice), certes, mais c’est là, posé devant vous. Comment ceux qui sont avares de sentiments ou d’autres choses, peuvent comprendre ceux qui sont généreux ? Il est déraisonnable de se battre sur ce sujet, mais plus vous serez sereines face à leurs attaques, plus vous aurez une petite chance qu’ils ouvrent un jour leur cœur !

 

Vous devez exprimer à quelqu’un de neutre ce qui vous étouffe : les groupes d’aidants sont mis en place pour cela. Vous devriez en trouver un près de chez vous, ou bien des entretiens en ligne existent à présent. Les médicaments anti dépresseurs sont utiles pour passer un cap, mais c’est tout. Vous êtes dans une phase dite réactionnelle à une situation, mais vous êtes forte !

 

La déprime post aide est bien identifiée : elle est générée par l’épuisement physique et psychique évoqué ci-dessus, mais aussi par un vide qui donne le vertige. Vous êtes comme au bord d’un cratère qui a été rempli par votre vie conjointe, et tout d’un coup, une partie s’écroule. Le problème est qu’une partie de vous, très liée s’écroule avec et qu’une autre partie reste au bord à contempler le vide. La relation d’aide vous/votre maman n’existera plus. C’est un deuil à effectuer. Ayez le courage de vous en détourner pour diriger vos pas vers autre chose de différent qui donne aussi le vertige car pas habituel. Vous préféreriez avoir les encouragements de vos frères ? C’est humain. Il vous faut trouver d’autres soutiens, même extra familiaux.

 

L’épuisement, l’incompréhension, puis la colère sont des étapes du processus de deuil avant de déboucher sur une acceptation et une sérénité (voir références ci-dessous).

 

On peut dire que votre tâche de vie est loin d’être terminée, n’est-ce pas ? Relevez vous fièrement, soyez soutenue avant de créer un autre paysage qui vous environnera, plus libre cette fois.

 

Merci pour ces témoignage et question, vous n’êtes pas seule à vivre cela,

 

 

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 6 avril 2022 9:22

Dépression de l'aidant après le décès  

 
 

Cathy88

10 novembre 2022 18:35

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour,

Je me reconnais dans votre message. Je me suis occupée de ma mère depuis des années. Je vivais avec elle. Elle est décédée le 18 mars dernier. J'ai du aussi quitter le logement où je vivais avec elle.

Dans ma famille j'ai des personnes proches et moins proches. J'ai l'impression que maintenant que la plupart des démarches sont faites, je me sens seule. Je me demande ce que je dois faire chaque jour. Beaucoup de mes relations étaient les infirmières, kiné... Autant d'année de relations qui sont partis au même moment que ma mère m'a quitté.

Je me dis souvent pourquoi continuer. J'ai 47 ans et je n'ai pas la sensation que quelqu'un me comprenne. Mes soeurs et frères ont reprit leur vie. Je n'ose pas parler du manque de ma mère. Avec les fêtes de fin d'années c'est compliqué. Je les organisais à la maison mais je n'ai pas le courage cette année. Ma soeur prend la relève.

Je suis épuisée, je n'ai que l'envie de rester coucher et de disparaitre car rien ne me retiens aujourd'hui. Je sais que ma mère ne voudrait que je le pense, mais c'est ce que je ressens. Je ne dors pas. 

J'ai l'impression de déranger les personnes. Je ne sers plus à rien.

Merci de votre aide.

Philippe_38230

Philippe_38230

13 novembre 2022 14:37

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour MimiVillars,

J'espère que depuis vous avez pu vous apaiser et surmonter cette période douloureuse. Je viens de lire votre témoignage, et celui-ci reflète une situation analogue à celle que personnellement j'ai vécu.

Malheureusement comme vous l'avez décrit, de nombreuses personnes ne comprennent pas cette position d'accompagnant, soit par indifférence, soit par individualisme aussi qui dans notre société ne valorise pas (ou si peu) cette attitude d'aidant, voire la dénigre et la suspecte d'un intéressement malsain. Et bien que les choses bougent en partie grâce à des associations et des site dédiés aux aidants, les à-priori, les attitudes de suspicion, etc. ont comme le dit "la dent dure", au passage merci à tous ceux qui œuvre en faveur des accompagnants.

De fait, en ce qui vous concerne vous avez eu le sentiment d'être incomprise, d'avoir manqué de considération et de soutien de la part de vos proches, et vous en êtes arrivé à cette colère que vous avez retournée contre vous, cela est compréhensible car vous avez réagi à la situation passée. Cependant, aucun reproche ne peut vous être fait, vous avez agi avec le cœur et c'est ce qui importe, votre maman a certainement apprécié votre présence auprès d'elle, et vous seule avez ce lien précieux d'Amour qui reste entre elle et vous, pensez-y!

J'ai accompagné ma maman pendant plus de 20 ans, et cela ne pas valu que des compliments de l'entourage, ni un véritable soutien. Outre le fait que s'occuper de ses parents est apparenté à une tare pour certains, voire des moqueries au travail et des proches m'ont en effet souvent jugé négativement et lancé des réflexions blessantes comme le fait d'avoir raté ma vie à cause d'elle, de n'être finalement qu'un pauvre type !

Pour ma part, tout au long de ces années je n'ai pas culpabilisé, j'ai laissé ceux qui pensaient différemment et mené ma vie comme j'ai pu, j'ai le sentiment d'avoir fait ce qui fallait faire au moment où il le fallait, avec bienveillance, remerciement, amour et humanité, je pense sincèrement que nous avons eu une vie tout à fait correcte ensemble. Bien sûr, avec le recul certains choix auraient pu être faits différemment mais on ne peut réécrire l'histoire, juste la relire et en tirer le meilleur.

Concrètement je n'ai pas sombré suite à son décès, le sentiment de satisfaction d'avoir toujours cherché à faire pour le mieux m'a permis de surmonter ma peine, après quelques mois je me suis engagé comme bénévole pour faire l'accueil des endeuillés et les cérémonies de funérailles, cela a duré quelques années tout en me formant à diverses disciplines puis j'ai profité du confinement de 2020 pour mettre mon expérience "de terrain" en créant un petit site internet sur le deuil, ce qui m'a fait du bien et donné un certain sens au choses que l'on ne maîtrise pas.

Comme vous le conseille Isabelle Charret dans son message, les groupes d’aidants peuvent être d'une grande aide, de même que certaines pratiques telles que l'écriture. Sachez que le temps d'accompagnement n'est pas du temps perdu. Gardez confiance en vous, en votre valeur face à l'adversité et persévérez, vous trouverez surement le chemin de l'apaisement.

Cordialement,

Philippe

Isabelle Charret Médecin gériatre 14 novembre 2022 15:58

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Cathy,

Votre témoignage est touchant mais certains aspects interpellent d’où la réponse.

Touchant car c’est toujours formidable de savoir que des personnes sont solidaires de leur proche, font tout ce qu’elles peuvent (comme le dit Philippe qui a donné son temps pendant 20 années).

Interpellant car, contrairement à ce qu’exprime Philippe (et ce n’est en aucun cas un jugement, chacun étant dans la richesse de sa propre vie), vous ne vous complimentez pas, vous n’êtes pas nourrie de la satisfaction profonde et légitime d’avoir été là et bien là pour votre maman. Vous ne dites pas que vous avez mal fait, mais vous ne dites pas non plus que vous avez très bien fait. Les mots de Julien sont beaux aussi.

Rassurant car vous laissez votre sœur prendre la relève pour les fêtes et que vous partagerez ce moment qui sera émotionnel pour vous.

Normal car le deuil surtout lorsqu’il est l’absence de quelqu’un dont on partageait la vie est un processus complexe et qu’il faut passer par des étapes bien codifiées. Prenez le temps de lire les ouvrages et de regarder les conférences Youtube de Christophe Fauré sur ce sujet. Il est d’une bienveillance et d’une pertinence absolue. Le livre et les interviews de Delphine Horvilleur (« Vivre avec nos morts ») sont magnifiques. Cela vous épaulera considérablement.

Un seul point est inquiétant tout de même : « Je n’ai que l’envie de rester au lit, je suis épuisée, je ne dors pas… ». Votre organisme est physiquement et psychiquement à plat. Cela arrive souvent et vous avez grandement besoin d’un soutien médical et psychologique pas pour vous assommer ou vous « « droguer », mais comment pourrez vous faire des efforts pour aller mieux si les batteries sont vidées ? Choisissez le médicament qui booste, soit traditionnel, ou des oligo éléments ( multivitamines, magnesium) ou des médecines alternatives mais il faut vraiment vous faire remonter. Ce deuil est un traumatisme et ça se soigne comme tel.

Oui, il faut du soutien pour se recréer une identité nouvelle : vous-même qui êtes devenue une personne endossant un autre rôle que celui de la fille aidante : quel vertige ! C’est de cela que découle la sensation de vide, de précipice. Mais non, tournez le dos et vous verrez la terre , le chemin : empruntez le, essayez en les différentes branches.

En acceptant d’être aidée à votre tour, vous allez y arriver : c’est ce que votre maman aurait souhaité pour sa fille !

Courage !

Philippe_38230

Philippe_38230

14 novembre 2022 20:16

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Cathy,

Je me permet de revenir dans la discussion, je suis tout à fait en accord avec le message précédent d'Isabelle Charret, car il est très important de vous faire aider et en parallèle de booster votre organisme pour remonter progressivement votre potentiel vital. Je sais cela est plus facile à dire qu'à faire! 

Cathy, ce que vous décrivez me fais repenser à au cas d'une personne qui accompagnait son mari au domicile souffrant d'une maladie incurable, ayant vécu au quotidien auprès de son mari malade son rôle d'aidant pendant des années. Lorsque le décès est survenu, cette personne s'est retrouvée seule et désemparée, non seulement de chagrin, mais aussi de la perte de sens de sa vie du fait qu'elle s'était installée dans son rôle d'aidant. Pour elle plus rien n'avait de sens et un sentiment d'inutilité, de dévalorisation s'était insinué dans son esprit. Mais elle s'est fait aider et maintenant elle a repris sa vie en main, certes différentes mais convenable, pourtant son avenir semblait bien compromis.

En effet, on n'accepte pas la mort, on ne peut que reconnaître la réalité. Cette réalité qui s'impose dans toute sa tragédie, perdre un proche que l'on aimait, qui comptait véritablement pour nous, ce n'est pas perdre un simple objet, c'est perdre une partie de soi, cela laisse en nous un vide, une blessure d'amour.

Les comportements, les émotions et les sentiments ressentis au cours du processus de deuil sont propres à chacun et il n'y a pas d'obligation ni de solution systématique pour affronter et surmonter le chagrin ainsi que la souffrance. Ce qui doit être la ligne de conduite en la matière, notamment dans l'accompagnement, se situe dans une démarche de réduction des symptômes ou d'éventuels troubles qui ne sont bien souvent que transitoires, mais qui doivent être traités médicalement afin d'éviter des complications. L'objectif étant de faciliter autant que possible un retour à une autonomisation et une liberté de la personne endeuillée, dans ses choix mais aussi ses combats.

Cathy, personne n'est inutile, chaque vie est précieuse, pensez à vous, prenez soin de vous en tout premier lieu, faites ce qui vous fais du bien, vous seule pouvez décider de votre avenir. Tentez de vous décentrer de vos pensées néfastes, pour ainsi vous recentrer sur l'instant présent en remplaçant la notion d'objectifs par celle de valeurs ramenant à l'essentiel. En effet, se fixer des objectifs est générateur de stress, tandis que les valeurs représentent nos désirs les plus profonds, ils nous permettent de vivre sans une trop grande pression.

Vous êtes consciente de votre situation et de la souffrance qu'elle génère. Croyez en vous j'espère sincèrement

que vous reprendrez le dessus et nous donnerez de bonnes nouvelles.

Cordialement
Philippe

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 15 novembre 2022 10:56

Dépression de l'aidant après le décès  

Quelle richesse dans ces messages!

Quelle vérité tout en délicatesse !

Certes l'expérience est individuelle, mais quand on est au coeur d'une problématique il n'est pas aisé d'y voir clair: aussi , des notions comme retrouver la liberté de ses choix, ses combats, être dans l'instant présent de chaque vie précieuse est essentiel.

Un grand merci pour toutes ces ouvertures offertes aux membres qui en ont besoin, si complémentaires des messages des experts!

Cathy88

15 novembre 2022 12:06

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Isabelle Charret et Philippe_38230,

Merci pour vos messages. Je viens de voir mon médecin. Je vais prendre des vitamines/magnésium. Il va me suivre un peu plus souvent.

Merci pour vos conseils. Je vais acheter certains livres que vous avez conseiller qui m'aideront j'espère un peu.

Il n'est pas facile de continuer oui car ma vie était calquer sur celle de ma mère. Oui elle ne voudrait pas que je m'effondre. Je dois apprendre à continuer. Ma famille a reprit le cours de sa vie. J'ai l'impression d'être toujours au même point. Je dois m'accrocher. En améliorant ma santé, j'espère que mon moral ira un peu mieux.

Merci à vous pour vos messages qui m'ont donné l'impression d'avoir des personnes qui ont su lire ce que je ressentais au fond de moi.

Philippe_38230

Philippe_38230

15 novembre 2022 19:27

Dépression de l'aidant après le décès  

Complément à cette discussion

Bonjour à tous,

Dans son message, Michelle exprime sa demande de conseil et/ou du souhait d'avoir une aide réelle d'un professionnel pouvant prendre en charge les cas évoqués, il est vrai que trouver une aide efficace n'est pas du tout évident.

Outre la région dans laquelle l'on se situe et aussi des moyens dont on dispose, on peut se trouver rapidement perdu dans cette recherche, cependant il y a des pistes qui méritent d'être explorées.

Pour ce qui est du volet médical, en première intention c'est de voir avec son médecin traitant, ce que Cathy a fait, le deuil n'étant pas une maladie cela peut déjà apporter un mieux-être, puis éventuellement selon l'évolution de l'état général de voir si le besoin d'être orienté vers un spécialiste qui connait les risques de complications (notamment la dépression) liées au deuil prolongé s'avère nécessaire.

En ce qui concerne le volet social et relationnel, comme le suggère Julien à Michelle, les associations d'endeuillés peuvent être utiles de par leur réseau, il se peut que l'une d'entre-elles ou l'un de ses membres se situe à proximité. Généralement, ces associations intègrent au moins un psychologue qui pourra vous renseigner utilement.

Chaque deuil est unique comme la relation à la personne décédée, de fait on ne peut qu'accompagner respectueusement et avec bienveillance l'endeuillé, sans juger ni imposer des solutions toutes faites. Les réactions décrites par Michelle et Cathy, (et généralement par tout endeuillé) sont dans la normalité du deuil et demander de l'aide n'est pas un signe de faiblesse, bien au contraire il fait montre de lucidité et de courage.

Le processus de deuil est complexe, polymorphe faisant s'intriquer les facteurs suivants: comment l'endeuillé a pu panser ses blessures passées (conflits, deuil notamment), les us et coutumes de son milieu social, ses croyances et convictions, les circonstances du décès de son proche et la force du lien d'attachement à ce dernier. A noter que les deux derniers points sont les plus importants car ils conditionnent le processus de deuil sur le plan émotionnel et ses éventuelles complications.

Il faut savoir aussi que le processus de deuil est chaotique dans son ressenti, coûteux en énergie, qu'il peut durer très longtemps et que l'on ne peut y échapper. Par conséquent il faut de la patience, du courage, s'accrocher et accompagner le plus sereinement possible le réaménagement qu'il impose à notre vie, à cet effet, les ouvrages et conférences précitées par le Dr Isabelle Charret sont très utiles pour mieux connaître le deuil.

Merci Cathy pour votre message, je vous souhaite le meilleur pour l'avenir.
Merci aux intervenants dans ces échanges fructueux qui permettent une aide précieuse.

Cordialement
Philippe

MimiVillars

16 novembre 2022 21:13

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour, 

Je me permets de revenir dans la discussion, déjà pour donner de mes nouvelles et pour partager mon expérience même si chaque personne vit son deuil différemment. Il y a cependant un point commun entre nous, le fait d'avoir accompagné un être proche en oubliant nos besoins et nos rèves surtout. 

Ma phase colère s'est estompée mais j'ai fait un grand nettoyage parmi ma famille et quelques connaissances. La peine est toujours présente, j'espère juste retrouver des petits moments de bonheur.  

Je tente peu à peu de retrouver ces besoins que j'avais avant d'accompagner ma mère, certains rèves ont disparu, mais d'autres, plus petits, ont pris la place. Je tente d'avoir quelques projets à court terme et surtout de ne m'occuper que de moi et de mes ressentis. Auparavant j'étais dans la culpabilité, donnée par mon frère surtout. J'ai dépassé ce cap et je me fiche désormais du regard des autres mais de ce dont j'ai envie. J'adorais les animaux et j'ai donc désormais 3 chats ! un peu par la force des choses, en étant famille d'accueil au début et je n'ai pu les donner à l'adoption -) Je pratique de la communication animale et cela aurait bien fait l'objet de moquerie de mon frère si je l'avais fait avant. 

L'énergie est difficile à puiser, parfois tout va bien car je suis en activité et j'ai de quoi occuper mes journées et d'autres jours j'ai un besoin de pleurer juste à cause d'une odeur, d'un objet, d'un souvenir de vacances... J'ai hâte que les fêtes de fin d'année arrivent et se terminent rapidement. L'ambiance Noël me stresse un peu.

Je n'ai pas trouvé l'aide auprès de mon médecin traitant qui ne voulait me prescrire que des anti-dépresseurs, je prends déjà des anti-douleurs pour un problème chronique, je ne voulais pas en rajouter sur ma baisse d'énergie en détruisant mes organes. Ce sont les connaissances qui m'ont le plus aidée, des personnes qui ont déjà connu le deuil bien évidemment. Je pratique aussi beaucoup la méditation et je fais de la natation 3 fois par semaine, ce qui me permet de m'évader un peu du quotidien. 

Par contre, j'ai beaucoup souffert au travail car j'ai voulu reprendre rapidement mais ma cheffe n'a aucune idée de l'impact du deuil sur notre "performance". J'en ai beaucoup souffert, presque à vouloir démissionner car il fallait être à la hauteur alors que j'en étais encore en phase douleur et beaucoup d'inattention dans ce que je faisais. Je lui en veux encore alors que je devrais dépasser ce stade, je veux en finir avec la colère d'ou qu'elle provienne. J'essaie de me dire que c'est elle qui souffre (en effet elle nous a dit qu'elle était très stressée au printemps) et qui tente de nous déstabiliser mais désormais la bienveillance au bureau n'existe plus pour moi, je prends beaucoup de recul avec les relations de travail. Ce qui compte c'est les projets que l'on me donne et certains sont intéressants et me permettent de progresser intellectuellement. 

Ma vie sociale est malheureusement à zéro, j'ai du mal à faire désormais confiance. Je crois que je suis plutôt dans une phase d'introspection pour savoir ce que je veux vraiment faire de la vie qui me reste.

Comme le dit Philippe, le temps d'accompagnement n'a pas été un temps d'appauvrissement et de régression. Il nous a permis de nous élever au contraire et de constater à la fin que cette relation était précieuse. Nous avons donné notre amour jusqu'à ce que l'être cher soit parfois atteint dans son intégrité, nous savons que le temps n'est pas éternel et qu'il est indispensable de profiter des moindres petits moments de plaisirs. 

C'est vrai Cathy, nous avons l'impression que le monde continue sa vie autour de nous et que l'on reste sur le quai. Moi je crois maintenant que l'on est encore dans le bateau, peut-être à la salle des machines à tenter de tout remettre en ordre pour revenir profiter du pont quand cela ira mieux 😊 

Je crois que ces forums de discussion sont plus pertinents que la salle d'un médecin traitant qui ne connait pas le sujet et se sent mal à l'aise. A chacun de trouver son chemin mais il y a une voie pour nous tous. 

Cathy, il y aura bien sûr des moments pénibles, j'en ai encore, mais comme vous le dites, jamais nos proches ne voudraient nous voir dans cet état. Ce qu'il faut c'est apprendre la patience, petit-à-petit on émerge du brouillard, un pas et encore un autre, on trébuche et on se relève. Je suis en mode protection actuellement, je ne m'occupe que de moi, c'est essentiel si l'on veut redonner de l'amour aux autres plus tard, se sentir en phase avec soi-même.

Le silence dans la maison est parfois pesant même si j'ai mes chats mais je me sens encore mal à l'aise avec les membres de ma famille qui me soutiennent maladroitement, ce qui m'énerve car je ne suis pas malade, j'ai juste besoin de reprendre le cours de ma vie, surtout un autre chemin de vie.

A force d'avoir aimé l'autre, le plus difficile ne serait-il pas de s'aimer soi-même ? On devrait pouvoir le faire pourtant avec l'expérience que nous avons ?

Bien à vous.

Michelle

Laure Castel

Laure Castel

17 novembre 2022 9:47

Dépression de l'aidant après le décès  

Merci Michelle pour votre message.

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 17 novembre 2022 12:14

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Michèle,

Quelle joie de vous retrouver sur le forum qui a été déclenché en avril dernier grâce à votre question !

Plus de Sept mois si on prend la peine de faire le compte et lorsqu’on lit votre long témoignage, on ne peut s’empêcher d’être admiratif pour tout ce que vous avez mis en place. On voit le temps se dérouler avec des décisions, des choix, des difficultés et des peines bien légitimes, des réajustements, des satisfactions : merci de vous confier à nous .

Comme vous le dites : cette phase est riche et peut être mise à profit pour vous ré écouter, réaliser des petits rêves, s’entourer de personnes bienveillantes (au travail c’est plus compliqué). Oui, la question :

« Qu’en est il vraiment pour moi à présent ? » est fondamentale. Cela prend du temps pour y répondre ! Et on s’engage quelque part, puis, soit on continue, soit on bifurque : quelle importance s’il s ‘agit d’aller vers ce qui est juste ?

En ce qui concerne votre vie sociale : actuellement c’est compliqué… Le repli sur soi, les craintes se sont imposées ou se sont légitimées depuis la pandémie… « Greffez » vous sur des activités pas faciles à faire seule type voyage, jeux, randonnées, séjours à thème, mais nourrissez vous d’abord avant d’en attendre du lien

Mais au delà des conseils que nous donnons aux aidants qui nous sollicitent, vous illustrez parfaitement ce qui justifie notre engagement :

  • Être aidant tout seul c’est dur et prive forcément de la richesse des échanges.
  • Vous, les aidants contribuez à un véritable mouvement de solidarité en exerçant de la sollicitude à votre proche : un mouvement éthique, de philosophie de la relation à l’autre.
  • Votre expérience est un exemple de ténacité, de courage.
  • Et vous, Michèle, vous avez initié un appel d’échanges d’une qualité rare !

Soyez en remerciée !

Continuez ces belles réflexions !

Bien cordialement

 

Philippe_38230

Philippe_38230

15 décembre 2022 19:36

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour à tous,

J'espère que tous les intervenants vont au mieux, les fêtes de fin d'année approchent et ne sont pas toujours source de joie, aussi mes pensées vont à ceux qui appréhendent cette période. 

Par cette nouvelle intervention, je souhaiterais reprendre quelques points abordés dans les messages précédents. En effet, quelle joie d'avoir des nouvelles rassurantes des personnes ayant initié et participé à cette discussion.

Michèle, Cathy et tant d'autres qui ressentent ce manque suite au décès de leur proche, ce vide et cette perte de sens que le deuil entraîne, avec en plus dans de nombreux cas un épuisement physique et psychique bien compréhensible, et de fait la vie semble s'être figée, cela a été mon cas également. Personnellement, en ayant eu à surmonter sept décès de proches depuis 2014, (accident, maladie) dont deux en tant qu'aidant ou accompagnant de fin de vie, je dirais que le minimum vital est un retour à l'essentiel, c'est la meilleure solution pour arriver à survivre et se réaménager une vie satisfaisante sur tous les plans.

Je me suis raccroché à ce que je connaissais, mis aussi de l'ordre dans les relations aux autres, ce qui est fréquent en telle situation du fait que l'on s'aperçoit vite sur quelles personnes on peut véritablement compter, qui ne juge pas et vous soutiennent (ce sont nos alliés). De plus le deuil modifie la vision des choses et notre humeur ou notre comportement peut dérouter, voire éloigner des personnes.

Conscient de l'impuissance face à cela, j'ai relativisé en cherchant le coté positif de ma situation et de celle des autres, car en matière de vécu du deuil il n'y a pas de règle, de "petit manuel de l'endeuillé". Personnellement je n'ai pas - et je l'ai constaté aussi dans mes contacts auprès d'endeuillés - passé par tous les stades définis dans la théorie du deuil, chacun vit son deuil comme il le peut avec les moyens dont il dispose et qu'il peut mobiliser pour y faire face. L'écriture dans ce domaine m'a été d'une grande aide, en me permettant d'exprimer ce que je ressentais sans avoir un regard extérieur.

Dans tout deuil, soit on se laisse aller, soit on se bat. Il faut tenter de réagir, de s'occuper de soi en priorité, et notamment lorsqu'on a été aidant, cela est d'une importance vitale. En effet, en tant qu'aidant on a beaucoup donné, des liens profonds se sont tissés, nous avons parfois renoncé à une vie qui aurait été bien différente, mais on ne maîtrise pas grand chose tout compte fait et les regrets, les "si" ne font qu'accroître la douleur et le chagrin. Ils voilent nos meilleurs souvenirs et nous empêchent de croire en un avenir possible sans la personne dont on s'est occupé parfois de très longues années.

Certes, reprendre confiance en soi, avoir une estime de soi ou la retrouver n'est pas chose aisée mais s'être occupée d'une personne souffrante ou simplement vieillissante, l'avoir accompagnée un bout de chemin même chaotique dans tous les moments qui jalonnent l'existence, est humainement enrichissant et beau. Notre expérience est une richesse d'humanité, et bien que parfois vécue difficilement par obligation, mais aussi bien souvent par amour, elle peut (et doit) nous être source de joie et d'espérance pour repartir en confiance.

Le regards des autres conditionne souvent nos comportements, et nous essayons comme dans un miroir de nous y refléter pour exister, mais ce n'est que mirage, car la plupart des rapports humains sont superficiels et bien pauvre humainement. Aussi, la perte de confiance qu'évoque Michèle et parfois la trahison de la part de personnes justement en qui on croyait trouver un soutien, fait malheureusement partie de cet ensemble qui peut atteindre notre être et nous décourager, nous démoraliser (mais cette discussion prouve le contraire 😉).

Du reste, ce que d'autres pensent est-il toujours vraiment pertinent et utile? Revenir à l'essentiel, penser à soi n'est nullement de l'égoïsme qui est souvent confondu avec l'égocentrisme, faire preuve de générosité envers soi-même, s'aimer permet une ouverture différente au monde qui nous entoure, et bien souvent d'être un bon aidant (les animaux de compagnie sont de bons aidants).

Comme le dit Cathy, nous avons l'impression que le monde continue sa vie autour de nous et que l'on reste sur le quai. C'est en partie vrai, car un décès fige la situation pour un temps plus ou moins long, de plus le temps social n'est pas celui du deuil. A cela Michèle répond "Moi je crois maintenant que l'on est encore dans le bateau, peut-être à la salle des machines à tenter de tout remettre en ordre pour revenir profiter du pont quand cela ira mieux ? Auquel je me permet d'ajouter qu'une fois sur le pont sur un transat au soleil, petit à petit les meilleurs souvenirs remonteront en surface, et l'on pourra retrouver le sourire!

Enfin, pour avoir abordé le sujet du deuil (et la prévention du suicide) avec mon médecin traitant, ce dernier m'a exprimé le manque de sensibilisation (et donc leur méconnaissance du processus de deuil) à ces sujets dans leur cursus de formation (mais cela tend à s'améliorer). Ce qui explique leur embarras et leur empressement à soulager les manifestations du deuil par des neuroleptiques au risque de bloquer ou différer son processus, sauf bien-sûr si la situation est justifiée médicalement.

Voilà, j'espère malgré tout une bonne fin d'année à tous.

Bien cordialement
Philippe

feel

feel

28 janvier 2024 23:43

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour,

Je viens de tomber par hasard sur votre forum tres interressant. 

J'ai perdu ma maman tres agée il y a quelques mois apres avoir été un aidant pendant plus de dix ans, voir même quinze ans. Je gérais les visites médicales,et tout le reste notemment des hospitalisations pour des fractures donc des opérations, kiné etc et je restais avec elle nuit et jour.  Ma soeur habite à l'étranger et mon frère ne s'est pas occupé de mes parents.  J'ai sacrifié ma vie mais je ne regrette rien, c'était ma maman mais en fait nous formions une seule personne, je pense que tout le monde comprendra car on ne s'était pas vraiement séparé. Je me retrouve aujourd'hui seul, c'est impossible de comprendre la brutalité de son départ et encore moins d'accepter. 

En plus je travaille seul donc pas vraiement de contacts extérieurs ou tres peu, comme tous ceux qui ont connu ce traumatisme de perdre un proche, je n'ai plus envie de vivre et je ne sais pas ce que je vais devenir seul.  J'ai démarré une psychothérapie mais c'est pas simple, je discute tres bien mais c'est pas la même chose, j'ai l'impression de répéter toujours la même chose.

L'absence physique de ma maman est terrible à vivre avec des crises d'angoisses tres fortes par moment.  

Je n'ai pas l'impression que les gens que je croise peuvent comprendre ma douleur et mon quotidien, en plus je dois aussi libérer l'appartement de ma maman; une bombe m'est tombée sur la tête et tout s'écroule alors que nous étions heureux ensemble même si le quotidien n'était pas toujours façile.

D' autre part, depuis de nombreuses années je ne trouvais pas d'empathie de la part des médecins car pour eux, arrivé à un certain âge c'est normal, il faut partir. Je me retrouve complétement dans les messages de Michelle ou Cathy sur ce forum.

J'aimerai savoir si ce serait possible d'en discuter par télephone avec des personnes qui ont vécu la même chose, écrire c'est bien mais je pense que partager par télephone serait mieux pour moi.

Voilà j'espère que vous pourrez m’aider.

Merci beaucoup

Feel

Laure Castel

Laure Castel

29 janvier 2024 11:04

Dépression de l'aidant après le décès  

bonjour Feel

Et bienvenue sur Aidons les nôtres.

Malheureusement nous ne disposons pas de ligne téléphonique, ce site ayant pour vocation de profiter à tous les aidants de personnes âgées en perte d'autonomie.

Si vous souhaitez échanger de vive voix, nous vous invitons à vous rapprocher d'associations d'aidants, comme par exemple l'Association des Aidants : https://www.aidants.fr/

Bien sûr si les aidants du site veulent échanger avec vous ici même, ils sont les bienvenus.

En vous souhaitant tout le courage nécessaire

feel

feel

29 janvier 2024 13:10

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Laure, je vous remercie pour votre message. Je vais regarder le site en question, j'espère en effet pouvoir échanger avec d'autres personnes. Cordialement Feel

Philippe_38230

Philippe_38230

29 janvier 2024 19:00

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Feel,

Je suis écoutant bénévole dans l'association d'aide aux aidants (et anciens aidants) "Avec Nos Proches" https://www.avecnosproches.com/

Chez Avec Nos Proches, les écoutants sont tous des anciens aidants ayant vécu une situation plus ou moins longue d'accompagnement d'un proche fragilisé par la maladie, le handicap ou l’âge, ce quel que soit leur lien affectif, leur lieu de vie ou l’aide apportée https://www.avecnosproches.com/ecoute-et-soutien/ , vous y trouverez des profils à même de vous comprendre dans ce que vous ressentez.

Je vous invite aussi à parcourir la pages https://www.avecnosproches.com/etre-aidant-et-apres/

Je souhaite sincèrement que cela répondra à votre demande de contact, que d'échanger avec d'autres vous permettra d'apaiser votre souffrance dans un cadre bienveillant.

En vous souhaitant le meilleur

Bien cordialement
Philippe

feel

feel

29 janvier 2024 21:37

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonsoir Philippe, je vous remercie pour votre message. Je vais regarder vos liens et j'espère que je trouverai des contacts afin de pouvoir en discuter. Cordialement, Feel 

marie wocky

marie wocky

22 septembre 2024 14:38

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour,

je m'appelle Marie, j'ai 36 ans et j'ai perdu ma mère il y a 6 mois. En octobre dernier on lui a diagnostique un cancer du pancreas non opérable. J'ai décidé de tout quitter pour m'occuper d'elle jusqu'à son décès. Je me suis occupée d'elle h24 pendant 8 mois. Aujourd'hui je ressens une profonde dépression, un vide totale. Je suis professeur des écoles et je suis incapable d'aller travailler. Je sais que mes collègues me jugent et je ne trouve que très peu de soutien. Car personne ne comprend ce que c'est d'avoir accompagné un proche dans la maladie et jusqu'à son décès. Tout le monde me dit que le travail va m'aider à me changer les idées. Mais je suis vidée et je n'ai aucune force pour sortir du lit, comment pourrais-je être une bonne enseignante ? Je suis suivis et je prends des anti depresseurs ( première fois de ma vie , j'étais vraiment retissante). J'ai l'impression de ne plus savoir vivre pour moi. Je me sens complétement vide, comme une coquille vide... Est-ce que vous aussi cela fait ça ?  Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire

Isabelle Charret Médecin gériatre 23 septembre 2024 20:44

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonsoir Marie,

 

Croyez tout d’abord avec certitude que vous n’êtes pas seule à vivre ce que vous vivez.

Mais quand bien même vous seriez la seule, quelle différence cela ferait-il ? C’est de vous qu’il s’agit, vous êtes unique autant que l’était le lien avec votre maman : lien de fille à mère, puis de « soignante attentive » à mère. Puis tout s’arrête et c’est la choc et le vécu terrible des suites d’un traumatisme.

 

Vous êtes doublement orpheline et se rajoute à cela le sentiment de n’avoir pas vécu autant que vous l’auriez voulu avec votre maman : dur.

Vous avez, les personnes qui se croient toujours plus fortes n’ont pas le temps de se pencher sur ce processus du deuil et c’est dommageable pour elles. Certes, ce n’est pas facile, mais au moins vous traversez cette étape.

 

Lisez ou écoutez les enseignements de Christophe Fauré (via n ‘importe quel moteur de recherche). C’est formidable.

 

Mais quelques conseils :

Vous ne pouvez pas sortir de votre lit : l’antidépresseur est peut-être trop sédatif et vous anéantit. Parlez en au médecin.

Il faut absolument bien vous nourrir, pas en quantité mais en qualité. Des aliments contenant du Tryptophane, un acide aminé qui aide à la synthèse de la sérotonine, antidépresseur (bananes +++, lentilles, épinards, soja, laitages, fruits secs)

Faire une cure de multivitamines peut s’avérer intéressant.

Avez vous pensé à la thérapie lumineuse (on trouve des lampes partout, peu chères) : le soleil, la lumière sont très aidants.

Ouvrez vos fenêtres et respirez à fond pendant 5 minutes trois fois par jour.

Choyez votre corps, ne vous négligez pas !

 

Non, on ne peut se changer les idées en enseignant au stade du deuil que vous traversez. Enseigner c’est porter une classe et vous avez besoin d’être portée.

Oui, les autres ne comprennent que rarement : c’est pourquoi des cafés du deuil existent où on se sent enfin compris.

 

Le seul point que vous n’apercevez encore pas c’est que cela passe. Un jour on se réveille et on est plus léger : le temps est un merveilleux compagnon !

Tenez nous au courant

Avec soutien bienveillant

Philippe_38230

Philippe_38230

24 septembre 2024 13:57

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Marie,

Tout d'abord merci pour votre message.

Ce que vous vivez je le comprends, car je l'ai vécu pendant plusieurs années auprès de ma maman et aussi avec une nièce accompagnée dans la même maladie que votre maman. C'est un double deuil que vous vivez Marie, celui de votre proche avec le lien d'amour qui vous unissait et celui de l'aidant dans l'accompagnement au quotidien. Durant cette période durant laquelle vous avez aidé votre maman, vous avez vécu la proximité dans la vie avec la maladie qui prenait beaucoup de place. Outre la gestion du quotidien, il y avait l'organisation et la gestion des soins… tout cela donnait un sens à votre vie et occupait un bonne part de votre temps, vous laissant peu de répit.

La sensation de vide, de manque, la perte de goût aux choses, les troubles du sommeil… la dépression qui souligne la perte de sens, de tout ce qui faisait votre quotidien malgré tout. Le deuil de l'aidant bouleverse, et l'entourage bien souvent ne comprend pas ce que nous ressentons, ne peut pas le ressentir s'il ne l'a pas lui-même vécu. 

Ce que vous décrivez de votre ressenti est tout à fait normal dans le deuil d'un proche, le regard des autres, les attitudes ou conseils partent d'une bonne intention, mais surtout d'une méconnaissance du processus de deuil. Certes, le travail ou activités peut distraire et apporter un apaisement, mais encore faut-il en avoir l'énergie, cette énergie qui vous manque Marie. Les antidépresseurs peuvent être un moyen efficace pour passer le cap de la dépression, à dose ajustée pour ne pas entraver le processus de deuil, en cela les conseils du Dr Isabelle Charret sont pertinents.

Avec le temps, en ce qui me concerne j'ai réaménagé ma vie, repris des activités adaptées répondant à mes valeurs, avoir été proche aidant vous transforme, il y a un avant et après. Actuellement bénévole écoutant dans l'association d'aide aux aidants "Avec Nos Proches" je rencontre des cas similaires, et je vous invite à visiter notre site, en tant qu'ancien aidant nous savons, nous comprenons (voir mon message à Feel ci-dessus).

Il peut être bénéfique d'échanger, d'être écouté et compris dans notre souffrance.

Prenez votre temps Marie, c'est un allié, pensez à vous maintenant et essayez de cheminer à votre rythme, faites ce que vous pouvez et dites vous que vous avez de votre mieux, que votre présence auprès de votre maman lui a été précieuse, c'est l'essentiel et cela doit vous réconforter.

Je vous souhaite le meilleur en toute bienveillance,

Philippe

 

feel

feel

24 septembre 2024 14:29

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Marie,

Je me permet d'intervenir parque j'ai vécu la même situation, et ça continue depuis un an.                                

C'est plus que difficile de remonter à la surface et il faut beaucoup beaucoup de temps mais aussi d'échanges       afin d'essayer de comprendre et de partager ce que l'on ressent.

En perdant sa maman, nous perdons une grande partie de nous même, et moi même je ne l'accepte pas.            C'est un véritable traumatisme.                                                                                                                  

Comme si on nous demandait de continuer à marcher sur une jambe, et de continuer à vivre normallement.

Si vous le souhaitez, je vous propose d'échanger une adresse mail, et par la suite de se télephoner afin d'échanger  et de partager ces moments extrémement difficiles.L'échange est indispendable afin d'extérioriser avec une personne ayant vécu une situation similaire,d'être écouté,de partager un moment de réconfort et de compréhension.             En espérant vous lire et partager une communication.                                                                                        

Feel

 

MimiVillars

6 octobre 2024 15:40

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour à tous, je vous avais malheureusement quitté sur ce forum car j'avais besoin de me reconstruire, comme on le dit. Ma maman est décédée début 2022 et nous sommes désormais en 2024. Le chemin est long lorsque l'on s'est abandonné pour s'occuper d'une personne que l'on aime, que ce soit un parent, un conjoint ou un enfant.

Chaque parcours est différent mais vivant seule, je voudrais rassurer quelques lecteurs. La lumière revient, tout doucement mais on apprend à s'occuper de soi-même et surtout à refuser les conseils de certaines personnes qui n'ont jamais vécu de drame, même si parfois ces personnes ont des pensées bien intentionnées. 

Je n'ai pas encore modifié la chambre de ma mère, ses vêtements sont encore là, en tout cas ceux qui me rappelaient à son souvenir. Je crois que si je le fais, c'est un peu elle que j'abandonnerai et mon parcours est encore loin je crois pour le faire.

Par contre, j'ai appris à être, disons plus égoïste, même si ce mot n'est pas vraiment le bon. Je m'occupe désormais de moi et je n'écoute plus les autres mais mes ressentis. Un peu difficile au départ mais je vous jure que l'on y parvient à force de dire non -)

Cela ne veut pas dire manquer d'empathie mais se recentrer sur les personnes qui ont besoin d'aide et ne pas tenir compte de l'avis des autres. On apprend à faire le tri et à se protéger. C'est assez difficile à expliquer mais depuis j'ai rencontré de très belles personnes.

Les souvenirs sont toujours là mais ils sont apaisés et je tente de me projeter dans l'avenir alors que ce n'était pas du tout possible auparavant. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de moment d'angoisse ou de peur mais ils sont moins nombreux. 

Voilà, je souhaitais juste partager mon retour qui n'est bien sûr que mon ressenti. Je sais que je reste fragile mais quelque part je me sens plus forte, bien que je ne sache pas pourquoi. 

Je sais que pour certains votre peine est lourde en ce moment, le monde s'est effondré. Il ne faut pas se mentir, le chemin est long, le coeur va encore souffrir au moindre souvenir, mais la vie peut encore nous offrir de belles choses, même si nos cicatrices restent toujours ouvertes et ne s'effaceront jamais. Elles sont juste moins douloureuses et nous permettent de nous rappeler pourquoi ou pour qui nous continuons.

Michelle

Cathy88

6 octobre 2024 19:00

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour à tous, 

Voilà 2 ans et 9 mois que j'ai perdu ma maman et j'ai toujours beaucoup de mal à avancer. 

Je viens tout juste il y a quelques semaines d'avoir le courage d'aller sur sa tombe. Je n'avais pas l'impression qu'elle était là c'est étrange.

Comme beaucoup d'entre vous, les problèmes entre frères et sœurs n'aident pas à avancer. Une petite guerre juste pour fleurire sa tombe.  C'est vraiment idiot. 

J'espère pouvoir un jour être à un niveau plus apaiser. En lisant le message de MimiVillars cela m'encourage à me dire que je vais aller mieux. 

Merci à vous 

MimiVillars

6 octobre 2024 22:01

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonsoir Cathy,

Ne désespérez pas. Chacun à son rythme, même si certains veulent nous faire croire qu'il faut passer à autre chose. 

Je pense tous les jours à ma mère mais différemment. J'ai pris du recul avec mes frères, ce qui me permet de penser à moi.

Pensez à la belle personne qu'elle aurait souhaité vous voir devenir. Pas a pas, avancez sans vous presser. 

Michelle

 

 

feel

feel

6 octobre 2024 22:25

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonsoir MimiVillars et Cathy88,

Je suis exactement dans la même situation que vous et cela fait un an. C'est tres diffiçile malgré un travail sur moi même. Il faut en effet beaucoup de temps mais je pense qu'il faut aussi échanger afin d'extérioriser. Moi aussi je me suis occupé de ma maman pendant des années et le manque est quotidien. Je serai interressé si vous le souhaitez d'échanger avec vous par télephone, éventuellement échanger dans un premier temps une adresse émail et s'appeler dans un second temps. J'ai également du déménager et j'essaie de reconstruire une vie nouvelle mais le silence rest tres dur à vivre.

J'espère pouvoir échanger avec vous deux.

Cordialement,

Feel

Philippe_38230

Philippe_38230

8 octobre 2024 18:28

Dépression de l'aidant après le décès  

Bonjour Michele, bonjour Cathy,

C'est gentil à vous de nous donner de vos nouvelles sur le forum. Depuis le début de cette discussion (3 avril 2022), dans tous les échanges, beaucoup de choses vous ont permis de vous sentir comprises dans ce que vous vivez, de ne pas être isolées dans votre chagrin d'ancien aidant en deuil.

Michelle, non il n'est pas facile ni évident de continuer la route, et ce n'est pas de l'égoïsme de penser à soi lorsque l'on a tant donné, renoncé, voire fait passé sa santé au second plan lorsque l'on était aidant, au contraire il le faut et c'est vital.

Je ne sais pas si vous avez relu votre premier message Michelle, celui qui a initié cette discussion remarquable sur le forum, mais vous pourrez mesurer tout le chemin parcouru depuis lors et en être fier.

En ce qui concerne les vêtements du proche, s'il vous permettent de garder un lien qui vous rassure et vous apaise, ne vous pressez pas, il n'y a rien d'anormal dans cette attitude, il y a un temps pour tout.

Et vous Cathy, je vous invite à relire nos échanges à tous, ils sont très intéressants et vous donnent des clés pour vous aider, cela peut vous faire découvrir encore des pistes à explorer, des choses à tenter de mettre en œuvre qui pourraient améliorer votre quotidien et vous faire avancer à votre rythme, comme vous le sentez, comme Michelle l'a fait avec patience.

Chacun son deuil, tous uniques dans le vécu et le lien avec le proche, de plus le processus de deuil n'est pas une généralité, il est très complexe et insaisissable, on n'est pas égaux dans le ressenti de nos émotions et sentiments, de plus on ne maîtrise pas grand-chose en fin de compte, on s'adapte comme on le peut, le regard des autres…

Je vous souhaite à toutes les deux de continuer chacune dans cette voie du retour à la vie, de retrouver les conditions d'un équilibre qui vous conduise à l'apaisement, non à l'oubli.

Je vous souhaite le meilleur en toute bienveillance ❤️

Philippe

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