Phynette90

Phynette90

28 avril 2025 10:22

Dépression et refus d'être soignée  

Bonjour à tous,

J'initie la démarche d'écrire un message sur ce forum afin de demander des conseils pour gérer une situation qui devient trop difficile à gérer seule.

Pour résumer très rapidement, même s'il faudrait une journée entière pour expliquer mon cas, ma mère de 78 ans souffre d'une dépression sévère. Les raisons sont multiples, une enfance difficile, un manque d'amour maternel, un sentiment d'être différente des autres, incomprise, probablement d'autres traumatismes (mauvais traitements en école même si je ne connais que le glaçon au dessus de l'iceberg dans cette histoire). A l'âge adulte, elle a eu un accident sévère de la route, 3 mois après la naissance de mon frère, qui l'a laissé cloué au lit 6 mois plus 6 mois de rééducation. Vient un conflit avec ledit frère il y a 10 ans à l'occasion de son divorce et une rupture totale de contact (mon frère l'ayant littéralement ghosté..). Ma mère plonge donc de plus en plus.

Ma mère, est très probablement HPE ou ultra sensible. Je l'ai compris grâce à ma fille qui a suivi une petite thérapie en primaire suite à du harcèlement. La pédopsychologue nous a ouvert les yeux sur ce trait de caractère me permettant d'aider ma fille a comprendre ses sentiments exacerbés et surtout d'apprendre à la gérer sans se sentir différente.

Ma mère est parfaitement consciente d'être en dépression profonde mais refuse obstinément de se faire soigner. Elle refuse farouchement de voir un psy, de prendre des médicaments ou des somnifères, ne veut suivre aucune thérapie, car selon elle, ça ne servira à rien et surtout, elle ne veut pas parler de ce qu'elle a vécu à une personne étrangère, ni à personne tout court. Elle a décrété qu'elle sait ce qu'elle a et que personne ne peut rien faire. J'ai tout essayé pour la convaincre sachant qu'elle reste sourde à tout argument trouvant toujours le contrepied. Le problème, c'est qu'elle a régulièrement des crises où elle envoie tout balader, nous parlant mal, déchargeant la faute de sa vie gâchée sur nous, nous reprochant ses choix de vie, elle s'est mise à boire dans ces cas là. Dans mon cas personnel, et c'est un peu pour celà que j'écris ce jour, hier, elle m'a dit une nième fois regretter de nous avoir eu, regretter d'avoir tout sacrifier pour ses enfants, a affirmer nous hair tous, que nous l'avions tous déçu et ne plus vouloir nous parler, nous voir. Je précise que si je peux comprendre sa réaction pour mon frère, j'ai pour ma part, toujours été présente, conciliante, l'entourant d'amour, la rassurant sur ma loyauté, je pense avoir tout fait ce qu'il fallait pour l'aider ou l'accompagner. Aujourd'hui cependant, je ne peux plus accepter ce qu'elle me dit. J'ai parfaitement conscience que ses mots sont du son état et je prends le recul nécessaire mais je reste une fille à qui sa mère dit des mots très durs.

Je veux l'aider, je veux aider mon père qui est présent avec elle, qui est en première ligne et qui en prend plein la tête aussi lors de ces crises mais devant son refus catégorique d'être aider, je ne sais plus quoi faire.

Je cherche des conseils, pour mon père et moi, comment réagir, comment agir et avec qui? Comment lui parler ? Est ce que je dois lui dire ce que je pense, est ce que je dois encore mettre mes sentiments de côté? Est ce que moi même je devrais consulter un psy pour y voir plus clair?

Je vous remercie pour votre écoute et votre aide.

Réponses
1 message de membre 1 message d'expert
Isabelle Charret Médecin gériatre 28 avril 2025 17:21

Dépression et refus d'être soignée  

Bonjour Phinette,

 

Merci d’avoir eu le courage d’écrire et donc de vous confier. Une lecture et une analyse professionnelle totalement extérieure et impartiale devrait vous aider.

 

Vous décrivez une histoire, l’histoire supposée de votre mère. C’est le sempiternel problème de la vérité historique sur des événements passés, certes réels. Mais ce qui change c’est l’analyse du ressenti, le supposé des conséquences sur le passé et toute la vie. Cela vaut tant pour elle que pour vous. Donc, on ne peut construire dessus.

Que votre mère, à son âge ne voit plus l’intérêt de ressasser en racontant tout ça, rien de plus normal : le « à quoi bon ? » est sagesse, même si cela semble une fuite ou une paresse.

 

Il est plus constructif d’en rester aux faits actuels que tout le monde constate.

Un fait certain, du point de vue médical, c’est que votre maman a été envahie et puis prisonnière de cette dépression chronique. Or, si elle a géré plus ou moins au cours de sa vie, elle développe à présent ce qu’on appelle en vieillissant : une dépression hostile. L’hostilité envers les autres est une stratégie de survie. Au lieu de se fustiger, de souffrir et de s’écrouler, on exerce un contrôle sur les autres, afin de soulager ses souffrances en faisant également souffrir les autres.

 

De ce que vous dites, il est clair que votre maman, qui est encore assez jeune, a des symptômes sévères qui peuvent être traités facilement, sur le plan médicamenteux en lui expliquant qu’il en va de la santé mentale et physique de son époux, de ses enfants, avant qu’un drame ne se produise. Le suicide de la personne âgée dépressive n’est pas rare, bien que lorsque l’hostilité se manifeste, elle soit moins fréquente.

Les antidépresseurs sont efficaces à faibles doses, bien tolérés et font réellement une différence pour ceux qui les prennent et leurs proches. Un bon généraliste sait prescrire, évaluer, changer, adapter un médicament.

 

 

Vous avez le devoir de lui dire que vous ne pouvez plus tolérer cette situation, entendre des horreurs injustifiées etc et lui rappeler que vous tous avez supporté cela assez longtemps.

Ce n’est tout de même pas vous qui allez, à ce stade, consulter pour l’aider. C’est la situation dans laquelle se trouvent tous les enfants de personnes atteintes de troubles psychiques ou de maladies chroniques anciennes.

Et quelles qu’en soient les racines (discutables en raison du temps qui est passé), elle n’a aucune excuse. Et c’est sévère mais juste, équitable de dire cela. Il en va aussi de votre survie et de celle de votre papa. Elle n ‘a plus le choix sauf celui de ne pas se raconter, du moins pas pour l’instant.

 

Essayez cela dans un premier temps. Le rapport de force est malheureusement (ou heureusement) inévitables : il agit comme un électrochoc et permet d’avancer.

 

Bien à vous, en soutien

 

 

 

Phynette90

Phynette90

28 avril 2025 21:24

Dépression et refus d'être soignée  

Bonjour Isabelle, 

Merci infiniment pour cette réponse très complète et professionnelle. C'est ce dont j'avais besoin en effet. 

Toutes vos remarques et conseils me parlent beaucoup et me permettent d'apaiser mes sentiments face à cette situation. 

Vous parlez de suicide, il se trouve que j'ai eu mon père ce soir suite à l'épisode d'hier. Je suis loin hélas et ne peux pas être présente dans ces cas là. Hier soir ma mère a fini par s'enfermer dans la salle de bains et a avalé une boîte de doliprane. Elle a dormi et n'a pas eu d'autres conséquences en apparence. Mon père n'a pas appelé le samu, l'a surveillée près à agir. Il était désemparé et totalement démuni.

Cet épisode pourrait servir à appuyer à nouveau notre demande qu'elle consulte et prenne un anti dépresseur mais c'est une démarche que j'ai initié à de nombreuses reprises. Elle a toujours refusé d'avoir recours à une quelconque médication. Son refus est très violent, elle refuse catégoriquement, en parler est déjà difficile. 

Hier, je pense qu'elle a appelé au secours même si au premier abord, elle dit avoir la volonté de ne plus souffrir. 

Merci encore pour vos précieux conseils que je retiens

Merci de vous connecter pour participer à la discussion. Se connecter

MEMBRE ACTIF DANS LA DISCUSSION

Phynette90

Phynette90


Pourquoi s’inscrire sur Aidons les nôtres ?

  • L’inscription vous permet d’accéder à de nombreuses informations sur la dépendance et d’interagir avec d’autres membres.
  • Vous avez également la possibilité de contacter des experts.
  • Simple et rapide, gratuite et totalement confidentielle, l’inscription respecte votre vie privée.
  • Vous pouvez obtenir plus d’informations en consultant les conditions générales d’utilisation.