Bonsoir Belouette,
Oui, la maladie ne peut qu’évoluer puisqu’elle est neuro évolutive, cognitive et cérébrale. Il n’y a que des paliers puis des étapes successives.
Il est aisé de donner des conseils pour voir les choses un peu autrement que : palier suivi d’étages à dégringoler, pertes, aggravation ou autre vérités noires, certes ; mais il y a aussi un façon de comprendre et ainsi de ne pas se buter sur ce qui est vécu, douloureusement, c’est compréhensible, comme des drames de l’évolution de la maladie.
Chez les malades qui souffrent de maladies de la mémoire (troubles mnésiques) et de prosopagnosie (non reconnaissance des visages fusse le leur propre) et désorientation temporo spatiale, ce qui compte c’est la satisfaction d’un besoin de repères perdus et donc une réassurance permanente.
En disant qu’elle attend une fille ainée, elle cherche ce besoin : or, elle vous reconnaît mal, ne sait plus trop où elle se situe sur la ligne du temps de l’histoire familiale, a peut-être une représentation floue et ancienne de cette fille : en tous cas, cela ne peut correspondre à vous. Afin de rompre l’attente anxieuse, deux outils : votre parole, l’objet de substitution.
Parole :
- Décrire cette fille attendue : « Cette fille aînée, c’est …(un prénom), elle est grande, elle est douce, c’est la plus grande de ses frères et sœurs, elle est (un métier) etc
- La faire parler d’elle-même : Tu es rassurée d’être avec elle ? Tu te fais du souci pour elle ? Comment ça fait ? Tu veux lui parler ? Tu veux qu’elle te prenne dans ses bras ?
- Lui exprimer que vous feriez pareil qu’elle, que vous comprenez
- Présentez vous : « je suis là pour t’aider à la sentir près de toi ». Cela devient votre rôle…En fonction de ce qu’elle dira, faites-lui (toucher, balade, …)
Objet :
-Présentez lui un objet tel un pull, une écharpe en lui disant que c’est pour elle de la part de sa fille aînée et faites en sorte qu’elle le garde près d’elle.
Le dernier point c’est « mentir » ou pas : dire « elle pense à toi, pas d’inquiétude, parlons-en en attendant, le temps passera plus vite » n’est pas mentir !
Vous vous demandez comment sera l’avenir ? Probablement, les reconnaissances vont s’estomper mais JAMAIS le besoin à satisfaire d’être en lien.
En lui rendant visite, en mentionnant les prénoms aimés, en écoutant des airs aimés, en témoignant de l’affection, en apportant des biscuits, en faisant une promenade, vous allez de façon surprenante, créer des « mémoires secondaires » en les ritualisant (toujours les mêmes) et elle passera à tout autre chose que l’attente d’une personne qui est face à elle mais qu’elle ne reconnaît plus.
On touche alors à la relation en présence, qui se passe de la vraie reconnaissance selon l'identité. C’est à nous de nous adapter totalement…
Quand c’est fait avec confiance, c’est très beau mais poignant pour les proches
Bien à vous