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Bonjour CharlyBravo,

Relisant vos deux longs témoignages, ne pousse pas à vous dire « Bon Courage » pour susciter une « Rage courte » comme vous le dites. Vous avez déjà suffisamment de raisons pour avoir une bonne dose des deux, n’est-ce pas ?

Votre maman a un comportement qui est illogique, dérangeant qui conduit à une indignité humaine pour elle-même et révèle une immense impuissance chez vous qui vous retrouvez seul pour y faire face. Quelle qu’en soit l’étiologie (maladie psychiatrique ancienne ou révélée par le vieillissement ou maladie neuro dégénérative empêchant une appréhension et gestion logiques du quotidien), elle est fragile et en perte d’autonomie psychique et cognitive.

Pour cette raison, le principe de « personne complètement autonome décidant pour elle-même » ne peut pas totalement s’appliquer à votre maman.

Face à une opposition aux soins, aux traitements, tout médecin doit faire ce qu’il peut pour convaincre un patient de pratiquer un acte thérapeutique. Il doit respecter la volonté du patient dans la mesure ou un éventuel refus ne met pas la vie en danger, amis il reviendra à la charge (certains patients vont refuser de se faire opérer). Mais, dans des situations d’urgence (il faut faire vite), lorsque le patient n’est pas conscient (coma), lorsque le patient ne peut discerner la décision de soins (patient très alcoolisé, dangereusement délirant), le médecin a les moyens de sursoir.

En gériatrie, psychogériatrie ou les personnes ont souvent des incapacités à comprendre, il convient d’expliquer et de rassurer et d’évaluer ainsi le degré de danger que l’opposition au soin prescrit représente.

Comment l’infection urinaire a t’elle été diagnostiquée ? Un examen d’urines  qu’elle aurait accepté? Des signes cliniques seuls ? L’infection s’accompagnait elle de fièvre qui aurait faire pencher vers une infection plus profonde, pyélonéphrite ? S’accompagnait elle des signes de gravité ?

Cette démarche prend quelques minutes. Ensuite, le prescription est simple. Soit par voie orale si acceptée et que les signes ne sont pas alarmants, soit en injection si signes plus graves, et ce, malgré le refus : cela peut sembler un peu abusif, mais il faut le faire : un médecin ne peut prendre la responsabilité d’une septicémie parce-que le patient a refusé. ET ce pour lui, le patient, ses proches : efficacité, gain de temps , soulagement pour tous.

Dans le cas de refus, on eput penser à hydrater le patient, gérer une éventuelle constipation et revoir le problème.

Il est cependant important de comprendre les limites de la tâche médicale : diagnostiquer, traiter en étant bienveillant et patient à rassurer le malade et ses proches. Malheureusement, le médecin débordé des urgences ou le médecin de famille est sollicité de façon massive pour résoudre des problèmes familiaux, des problèmes d’organisation et surtout des problèmes sociaux. Il n’est pas rare de demander au médecin d’organiser le maintien à domicile, la qualité des soignants intervenants, de prendre tous les rendez-vous médicaux, de gérer le transport, etc : oui le système de soins devrait soulager celui qui a étudié pour soigner et ce n’est pas le cas. Le vieillissement de la population demande d’être formé, demande du temps très longtemps pour les malades gériatriques : cela se met en place difficilement mais courageusement.

Les plateformes, les associations, les bénévoles etc font un énorme travail auprès des aidants mais la limite est que le proche aidant ne peut pas TOUT faire , TOUT résoudre face à des problèmes insolubles. Et malheureusement, il faut voir le quotidien que vous vivez, très accablant, lourd, sans imaginer que c’est mieux ailleurs. Peut-être qu’un séjour de répit temporaire pour votre maman soulagerait et qu’une prise en charge bien adaptée aurait un effet heureux ? Ce séjour offrirait un temps d'observation et l'activation de réseaux, ce qui n'est pas possible ponctuellement surtout au domicile.

Bien à vous