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Bonjour,

Votre question soulève toute la problématique du deuil chez une personne souffrant de troubles de mémoire…

Il est vraisemblable qu’au vu de la rapidité à laquelle le décès de son mari est survenu, votre maman n’ait absolument pas pu faire un travail de deuil. Le choc a accéléré la survenue de symptômes qui étaient là, à bas bruit et qui se sont révélés en raison de l’extrême fragilité dans laquelle elle s’est trouvée.

Les phases du deuil ont été gommées :

Le déni : comment est-ce possible.

La révolte

La compréhension

L’abattement

L’acceptation

Il n’est pas étonnant que la maladie d’Alzheimer avançant, lui demandant de plus en plus de trouver des soutiens en la personne de ses proches, elle recherche ce mari. Il est finalement sans existence, sans aventure d’intégration de « l’oubli » depuis sa disparition : quel immense vide pour votre maman et quelle angoisse ! Ce symptôme est toujours au centre de la maladie d’Alzheimer.

Vous allez devoir, pour l’aider, à travailler à cette perte, progressivement. Direz-vous : «  elle oublie tout »… c’est un peu rapide et croyez bien qu’elle ressentira beaucoup d’émotions, même si les manifestations de celle-ci sont déroutantes.

Parlez lui, expliquez lui avec des mots simples ce qui s’est passé.

Insistez sur son expression de souvenirs et du besoin de présence de son mari : assurez lui de votre partage, de votre compréhension ; dites lui qu’à sa place vous feriez pareil.

Parlez lui d’autres deuils même s’il y a longtemps.

Osez lui dire qu’elle a une maladie qui lui fait oublier des choses (l’oubli est fréquent à son âge).

Installez un « coin mari » avec photos de lui et des deux, une petite fleur afin qu’elle s’y dirige pour se relier à lui. Vous pouvez mettre une touche du parfum qu’il portait, un vêtement favori qu’elle embrassera.

Emmenez là se recueillir où il repose.

Cela prendra du temps et vous verrez que plus elle parlera et que ce ne sera pas tabou, elle progressera. Sa tristesse est inévitable mais elle vaut mieux qu’une terrible anxiété (qui peut être soulagée par un traitement léger et bien conduit)

Bien à vous,

Bonjour,

Merci beaucoup d'avoir demandé cette précision et mille excuses pour ce manque de clarté. Pour nombre de personnes souffrant de maladies de la mémoire, en grande majorité maladie d'Alzheimer, il est passionnant de voir le cheminement de l'AVENTURE du deuil qui se doit d'être une INTEGRATION de l' ABSENCE de la personne disparue. Et cette dernière devient comme un OUBLI, au milieu de tant d'oublis...Un oublié en apparence, qui peut redevenir une présence, un besoin de présence recherché par des questions, des manifestations anxieuses. Ce peuvent être   agitation, déambulation, fugues, pleurs, prostration, refus de s'alimenter , réactivité : on le voit ce n'est jamais anodin. Si ce besoin s'exprime chez beaucoup de conjoints séparés par une disparition, c'est encore pire lorsqu'il n'y a pas eu ces différents temps du travail de deuil. C'est la raison pour laquelle il ne faut jamais négliger l'impact de ces deuils chez un "malade qui oublie tout": Non, il faut guider et comprendre les façons dont cette absence  se révèle dans les maladies cognitives. Une colère pourra se transformer en agressivité agie car la personne n'a plus les mots pour l'exprimer. L'abattement par un refus de s'alimenter ...

Instaurer des rituels autour de cela permettra de vivre l'aventure pour intégrer cet absence de l'autre. L'"oubli" intervient lorsque tout est apaisé. Mais l'"oublié" vient souvent s'inviter !

N'hésitez pas si cela n'est pas assez clair

Bien à vous dans ce riche travail avec votre proche,

Bonjour et merci de ces échanges très riches , nourris de vos expériences et de vos recherches afin de faire au mieux.

Il est très intéressant et touchant que la mère de "Miton" puisse verbaliser: "c'est loin, tout ça"...Quel ressenti ! dans le maladies de la mémoire, on peut voir cela comme une réponse un peu convenue: " je ne me souviens plus alors, je dis c'est loin", mais aussi comme une véritable réalité: avec ou sans maladie cognitive, le temps passe et s'éloigne. Pour rebondir sur ce type de verbalisation, il est recommandé de ne pas parler du temps qui passe mais au contraire d'évoquer la qualité de ce temps là-bas: " c'était bien?", "c'était la jeunesse? La gaité?" , ou au contraire " la guerre?": les émotions sont mobilisées et cela fait vivre.

Et le fait qu'elle envisage que son époux ait pu la quitter pour une autre témoigne que dans ces moments-là, un sentiment d'abandon lourd l'étreint. Au fond, la quitter pour une autre est une explication qui permet de le faire vivre encore, mais loin d'elle.

Voir ce qu'il y a derrière le langage est passionnant dans ces pathologies et vous avez raison de vous former! 

Il y a certes des façons de faire, mais l'élan du coeur en partage est primordial!

Bonne continuation