Bonjour,
Vous décrivez en peu de mots un symptôme très fréquent dans certaines maladies neuro dégénératives avec des troubles cognitifs : c’est un délire avec idées obsessionnelles de préjudice. On parle également d’idées délirantes, le préjudice étant ici que votre femme s’estime victime d’une tromperie (délire).
Cela est du à une perte de contact avec la réalité (troubles du jugement liés aux troubles cognitifs), que vous êtes son proche (elle vous a « sous la main » comme cible idéale) mais surtout, et c’est ce qui est pathétique, qu’une fragilité, une insécurité maximale est ressentie au plus profond d’elle-même. Ce malaise d’irréalité, de perdition cause une angoisse majeure que votre épouse justifie avec un délire : c’est une réaction de défense. Il existe toutes sortes de délires de préjudice : vol d’un objet, séquestration, empoisonnement des aliments etc.
Fréquemment, ces délires sont liés à des histoires ou des idées anciennes : si votre épouse était jalouse, que vous vous absentiez souvent, il se peut que son cerveau imagine que vous la trompez. Mais, quelle qu’en soit l’explication c’est un enfer pour vous et une souffrance pour elle. Comment faire ?
Faites des choses avec elle pour dériver ses pensées, retrouvez des photos où vous la complimentez de sa jeunesse, des lieux de souvenirs heureux, une chanson ritualisée que vous ne chanteriez qu’avec elle. Construisez un petit secret en lui disant que vous ne partagez cela qu’avec elle et que vous en écartez les autres (« Nous allons nous promener en secret toi et moi »). Mais il se peut qu’elle ait besoin d’un traitement anxiolytique, antidépresseur pour calmer ces pensées avant d’utiliser quelque-chose de plus fort. Parlez en au médecin ou à une psychologue à qui elle pourrait parler avec soulagement.
Il est urgent d’agir car elle pourrait devenir réactive ou violente vis-à-vis de vous ou se laisser sombrer de désespoir.
Vous l’avez senti : c’est sa maladie qui crée cela mais il faut le prendre en compte comme un symptôme psychiatrique : non, non, ce n’est pas une folie, c’est l’expression d’un trouble cérébral due à sa pathologie
Bon courage,