Madame,
Sauf si vous l’avez déjà fait, il semblerait sage qu’avant toute chose et avec empathie et le temps nécessaire, vous demandiez à votre père ce qu’il pense de votre légitime inquiétude, l’invitiez à vous dire d’où vient cette soudaine souffrance morale (« mourir vite «) et lui proposiez de l’aider à prendre conscience des conséquences que sa décision peut engendrer (par exemple, risque d’entrée dans une dépendance avancée pouvant remettre en cause son maintien à domicile auquel il tenait très probablement).
S’il vous dit ce qu’il se passe ( par exemple importante facture non prévue, annonce ou prochaine date anniversaire du décès d’un proche apprécié, conflit avec un voisin, crainte de la mort,… voire maltraitance par une tierce personne inconnue de vous), et même s’il vous dit qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive, vous pourrez alors lui dire combien vous le comprenez et qu’il ne mérite pas de voir sa situation se dégrader davantage.
En effet, ce que vous dîtes dans votre message évoque une dépression où les personnes peuvent se mettre en opposition ou en refus : mais seul son médecin traitant pourra poser le diagnostic, en solutionner la cause si c’est possible et discuter d’un traitement avec votre père qui, parce qu’il envisagera par vos éclaircissements un futur moins sombre, acceptera sans doute plus facilement de consulter son médecin, accompagné par vous s’il est d’accord.
En revanche, si malgré vos bienveillantes tentatives, il persiste dans sa décision voire refuse tout dialogue, il faudra estimer que ce refus, dans l’immédiat, devra être respecté… sous peine de créer un inutile conflit entre vous. Mais il sera raisonnable d’envisager aussi qu’il ne peut consentir au bilan médical dont il a besoin car ses capacités de jugement voire de raisonnement sont probablement perturbées (pas forcément par une dépression). Dès lors, parce que vous aurez estimé que la situation semble grave, vous pourrez réfléchir à l’idée de redemander à ce titre un rendez-vous à son médecin traitant dans le but de lui décrire, guidé par ses questions, ce que vous avez observé, lui détailler vos démarches auprès de votre père et réfléchir ensemble à la meilleure stratégie face à cette gravité ressentie; à titre d’exemples et de manière non exhaustive : convaincre votre père de prendre rendez-vous avec son médecin traitant lors de la visite à son domicile d’un autre proche que vous ( par exemple un de ses petit-enfants ou un cousin apprécié voire même un professionnel social - CLIC- … s’il est accepté) ? Ou bien son médecin traitant jugerait-il sage de commenter par téléphone un récent résultat d’examen à votre père ( mais à condition qu’il en dispose…) ? Ou bien estimerait-il sage que vous emmeniez votre père en milieu hospitalier ?…
J’espère vous avoir un peu répondu.
Pour en savoir plus :
https://www.aidonslesnotres.fr/les-soins/puis-je-contraindre-mon-parent-a-se-soigner/
https://www.aidonslesnotres.fr/maintien-a-domicile/se-positionner-face-a-un-refus-daide/
https://www.aidonslesnotres.fr/le-role-de-laidant/comment-parler-a-une-personne-depressive/