Dès son entrée en unité Alzheimer en Ehpad, elle s'est accrochée à lui et a décrété qu'il est son mari. Que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Il me dit que cette dame est gentille mais qu'il ne se passera rien avec elle.
Comment puis-je être sereine en tant qu'epouse ?
Qui est dans le même cas ?
Merci d'avance pour votre aide.
Jakie
6 août 2022 14:24Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour,
Ce cas est très fréquent en institution, soyez en certaines ce qui vous facilitera d’être entendue par le personnel soignant. On ne dira pas : « elle se fait des idées », ou bien «la femme qui prend votre époux pour son mari devrait avoir honte ». Ce sont des situations qui témoignent de la grande fragilité des malades. C’est très bien étudié et documenté.
Il est bien difficile d’admettre que les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer n’ont plus du tout les mêmes références que nous. Leurs troubles sont dominés par la perte des repères de mémoire et dans le cas présent deux phénomènes se manifestent :
Un trouble de la dénomination exacte des mots. Votre époux est un homme ; chez cette dame : homme= mari.
Un grand besoin de soutien et de lien. Ces malades sont dans un espace intérieur déstructuré ce qui les rend perdus et donc très anxieux. Ils sont constamment à la recherche de lieux et de personnes avec qui se rassurer, se sentir bien (elles s’accrochent à la même place, au poste de soin, au bureau du médecin ; elles suivent l’infirmière ou une personne en visite) : il n’y a là aucune démarche volontaire de vous prendre votre époux et de semer la zizanie dans votre couple.
Il est probable aussi que cette dame et votre époux n’en sont pas au même stade de la maladie. Cette pathologie ne raye pas tout, ne réduit pas la personne à rien : elle modifie et ce, de plus en plus profondément au fur et à mesure de l’évolution. Elle agit pour se sentir rassurée et votre mari n’a pas les moyens de réagir : peut-être se sent il rassuré aussi, pourquoi pas ? Surtout que la vie en institution est quelque chose d’inhabituel et pas toujours simple.
La recommandation principale est de ne pas vous focaliser sur cet état de fait : vous finiriez par déstabiliser et angoisser votre époux qui irait à son tour chercher le réconfort ailleurs ou se renfermerait lors des visites.
Vous pouvez également faire des visites des moments privilégiés de partage avec humour, détente : ainsi votre époux y trouvera plaisir et vous le laisserez remplie de joie rien que pour vous deux.
Une autre idée est de parler à la famille de la dame : connaître les gens permet de dédramatiser.
Sur le plan médical, si cette dame est très anxieuse, elle peut bénéficier de prises en charge (musique, relaxation, sorites, médicaments ?).
Un dernier point qui doit être abordé : il arrive qu’une intimité se crée qui est dérangeante pour les proches de l’un et de l’autre malade. Il faut en parler et aborder ici le problème du consentement… Mais oui, certaines personnes ont besoin de se tenir la main par exemple : ce n’est pas contre quiconque ; le seul but poursuivi est émotionne : se sentir un peu mieux au coeur de cette souffrance. Pensez-y !
Merci de cette question et surtout de la confiance et l’honnêteté avec laquelle vous l’avez posée : ce n’est pas simple
Bien à vous
Jakie
13 août 2022 19:44Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Docteur Charret,
Mon message a été vu 80 fois et une seule réponse (de votre part) cela me surprend un peu. A croire que personne n'est concerné.
Dans votre message, je suis d'accord avec certaines choses mais consentir à quoi que ce soit m'est impossible et difficile d'être sereine car cette dame est très entreprenante et je veux protéger mon mari . Certains rapprochements doivent cesser lorsque les époux et les enfants refusent et l'Etablissement doit etre vigilent.
Je vous remercie pour votre message et j'aimerai en recevoir de la part des personnes concernées par ce problème. Cordialement.
Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Jakie,
Oh! bien sûr qu'il est difficile d'être serein.
Cette "aventure Alzheimer" est un tel bouleversement! Il est aisé d'imaginer ( pour l'avoir vécu en tant que médecin avec malades et familles) qu'il arrive un moment où on se dit : " ça encore à gérer? Jusqu'où cela va t'il aller? Que va t'il survenir après?".
C'est pourquoi il est important de quantifier les problèmes qui surviennent en acceptant qu'ils n'aient pas tous la même valeur ( même si on voudrait que tous les problèmes soient également considérés et aidés). C'est une histoire de perception individuelle . Et ici il est bon de rappeler que ce que vous décidez est pour vous et non pas pour vous soumettre à des désidératas extérieurs. Si pour vous ce souci avec la résidente est fondamental, envahissant , il faut essayer de le résoudre...
Il est quasi impossible de "raisonner" une personne atteinte de troubles du discernement comme avec cette maladie
L'institution ne peut pas surveiller jour et nuit ( et quand bien même, ces malades ont des ressources incroyables d'inventivité)
La famille de la résidente considère que ce n'est pas un problème, comparativement à d'autres choses qu'elle vit avec leur proche, certainement plus grave (pour la famille) ?
Il y a là une impossibilité d'agir.
Pourrait-on envisager de changer d'étage, d'aile de résidence?
Pourrait-on réévaluer son état d'anxiété?
Beaucoup de personnes sont confrontées à ces situations: beaucoup y voient un mieux-être pour les deux personnes qui se retrouvent; d'autres sont meurtries et ont honte donc n'en parlent pas; d'autres sont accablées par d'autres choses; tant de cas de figure qui expliquent, en plus du mois d'août, labsence de réponses
Avec bienveillance et respect de ce que vous ressentez,
Jakie
22 août 2022 8:26Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Docteur,
Cette dame est repartie en mode "attaque" sur mon mari et il ne va pas bien.
Quand nous rentrons de promenade, j'ai à peine tourné le dos qu'elle lui saute dessus.
Il me dit : "elle m'embête "en mimant les gestes d'un chat qui veut se faire caresser.
Quant elle s'approche il s'écarte et dit " non, non, " et ne sait plus où aller dans la salle. Elle ne fait pas ça quand je suis là bien sûr , elle se contente de me fusiller du regard alors que je tente de l'ignorer.
Ses manigences me sont rapportées par l'épouse d'un autre résident ( qui est lui-même poursuivi par une autre dame).
Bref, cela devient insupportable pour nos maris et pour nous-mêmes.
Ces femmes sont redoutables et si c'etait des hommes , ils seraient accusés de harcèlement sexuel.
Que pouvons-nous nous faire pour protéger nos maris.?
Il y vraiment beaucoup de choses qui ne vont pas dans les Ehpad et encore plus dans les unités Alzheimer alors qu'on les pense en sécurité.
La direction ne fait rien pour que ces comportements cessent.
Que faire, ?
Merci de me lire .
Cordialement.
Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Jakie,
Soyez certaine que vous êtes lue et qu’être à votre écoute et vous éclairer au mieux est le cœur d’Aidons les nôtres ». Il faut parfois mûrir les réponses afin qu’elles vous soient utiles, vraiment adaptées.
Si beaucoup de conseils sont applicables et bienvenus, il y a cependant des limites à l’aide et à la résolution des problèmes qui sont soumis. La limitation la plus difficile à franchir est principalement la maladie sévère avec des troubles comportementaux envahissants. C’est malheureusement ce à quoi vous êtes confrontée, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucune solution. Mais, à relire votre réponse, certaines précisions s’imposent :
Les Unités « Alzheimer » sont recommandées à des malades souffrant de tout type de maladie neurocognitive sévère (Alzheimer, démence fronto-temporale, démence parkinsonienne compliquée…la liste est longue) engendrant des troubles nécessitant un encadrement spécifique et une protection vis-à-vis d’une vie à l’extérieur qui est devenue impossible. Présence, accompagnement d’un trouble, gestion médicamenteuse adaptée etc : nous le savons tous, en l’état, ce challenge est compromis (personnel, nombre en augmentation de malades sévères entre autre). Les unités spécialisées sont parfois la cour des miracles et causent du découragement chez les soignants les mieux attentionnés et formés (témoignage personnel !) : les professionnels essaient au mieux mais ne peuvent en aucun cas redonner une « normalité » à ce qui est modifié par des lésions organiques. Pour illustrer : quelqu’une qui ne parle plus suite à un AVC peut communiquer difficilement, peut s’emporter car on ne le comprend pas : une telle unité ne pourra pas redonner la parole.
Votre mari a t’il besoin d’une telle unité ?
Une EHPAD simple ne serait ‘il pas suffisant ?
Mettait il sa sécurité et celle des autres en jeu avant d’y entrer ?
La dame dont vous parlez a probablement une atteinte du lobe frontal ce qui entraine une désinhibition et des conduites sociales inadaptées. De ce fait son comportement ne peut être qualifié de harcèlement : il est la conséquence de ces lésions et de l’impossibilité pour cette dame de s’en rendre compte. On voit des malades se déshabiller en permanence et se promener nus ; rhabillez les, ils se re-déshabillent…
Tant d’autres exemples de désinhibition et de comportements répétitifs : chants, cris, alimentation…
Dans ces cas là, on ne peut qu’oublier le raisonnement puisque les malades ne comprennent pas. C’est donc, calmer médicalement un comportement, occuper la personne en redirigeant son attention ailleurs (on appelle cela stratégie de diversion : musique dans la chambre, boite à vider et remplir), ou changer son environnement et les soignants qui prennent en charge: lorsqu’il y a un espace extérieur sécurisé, ces malades s’occupent d’eux-mêmes à aller-venir.
Comment savez-vous ce qui se passe réellement lorsque vous n’êtes pas là ? N’est-ce pas à revoir ?
La direction ne peut pas grand chose évidemment sauf à aider à changer d’étage et insister sur le côté médical et activités.
Il ressort que les informations lors de l’entrée en institution de votre époux n’ont pas été suffisamment réalistes, hélas ! , afin que certains côtés positifs malgré tout soient notés et que ce comportement devienne prédominant dans votre vécu déjà compliqué.
Le chemin va peut-être s’aplanir,
Vous le souhaitant,
Jakie
25 août 2022 12:37Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Madame,
Avant il était dans un Ehpad normal mais il entrait dans les autres chambres et cela posait problème avec les autres résidents.
Il a besoin d'être occupé et s'ennuie seul.
Il veut marcher dehors, pas dans un couloir.
Cela devient trop compliqué pour moi et je réfléchis pour trouver une autre solution d'hébergement.
Merci de m'avoir lue.
Cordialement
Jakie
25 août 2022 13:51Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Ps : Est-ce normal que les chambres soient ouvertes en permanence et que les résidents se couchent dans une autre chambre , ou une autre , et qu'on laisse faire ?
Je suis choquée.
Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour Jakie,
Comme il est compréhensible que vous soyez vraiment tourmentée par ce qui se passe !
Vous avez fait entrer votre époux dans une unité Spécialisé Alzheimer uniquement parce qu’il se promenant et entrait dans les chambres des autres résidents ? Mais, pour répondre à votre question : ils le font tous (ou presque). Lorsqu’on est professionnel, donc prêt à gérer des comportements surprenants, on ne doit pas être surpris ou « condamner » ceux des malades qui les ont… Franchement, aller et venir, explorer les endroits de vie, se tromper de lit font partie des comportements les plus faciles et les moins gênants. Il y a tellement plus dur avec ces maladies là.
Il est plus approprié de dire surpris que choqué : c’est la maladie qui est choquante, blessante plus que celui qui en est atteint. Défendre la personne malade avant tout…
Alors, oui, si le trouble n’était que d’être perdu et de se promener, il vaut mieux que vous trouviez une solution plus douce pour votre époux. Bien sûr qu’il veut être en extérieur, se promener ailleurs que dans un couloir ! Il existe des parcs sécurisés, des déambulatoires au milieu de plantes, des jardins thérapeutiques… Et puis, il pourrait être moins gêné par des comportements moins envahissants.
Mais un conseil bienveillant : ces pathologies sont sévères et s’aggravent. Il est indispensable d’en connaître et d’en interpréter les symptômes avant d’en souffrir profondément soi-même comme c’est le cas pour vous. Il serait peut-être judicieux que vous puissiez déposer toute votre peine, votre chagrin dans le creux d’une orielle attentive et psychologue.
Avec soutien,
Jakie
16 septembre 2022 15:07Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Bonjour,
Les psychologues, on peut en parler. 😳
Pour la psy de l'Ehpad je devais accepter une relation entre mon mari et cette personne. ( pour leur bien-être ).
Dans quel monde vivons-nous !
Donc je ne veux plus entendre parler de psy.
Je réfléchis et cherche une solution.
Cordialement.
Une résidente a décrété que mon mari (malade Alzheimer comme elle) est son mari .. que faire pour qu'elle le laisse tranquille ?
Quel dommage que vous n'ayez pas trouvé une écoute et une proposition raisonnable en adéquation avec votre problème...Ce n'est pas la règle générale pour les psychologues et franchement, même si, hélas, vous vous sentez isolée, trouver une solution s'impose pour vous.
Avec écoute bienveillante,
Merci de vous connecter pour participer à la discussion. Se connecter
Discussions en lien
tout voirPourquoi s’inscrire sur Aidons les nôtres ?
-
L’inscription vous permet d’accéder à de nombreuses informations sur la dépendance et d’interagir avec d’autres membres.
-
Vous avez également la possibilité de contacter des experts.
-
Simple et rapide, gratuite et totalement confidentielle, l’inscription respecte votre vie privée.
-
Vous pouvez obtenir plus d’informations en consultant les conditions générales d’utilisation.