La méthode Montessori au service des malades Alzheimer

La méthode Montessori au service des malades Alzheimer

Montessori, ce n’est pas que pour les enfants ! Depuis les années 1990, cette pédagogie est appliquée également aux personnes âgées atteintes de troubles cognitifs : elle s’appuie sur leurs capacités préservées pour les aider à redevenir acteurs de leur propre vie.

À l’origine, la méthode Montessori a été conçue pour les plus petits. Maria Montessori (1870-1952), la médecin italienne qui lui donné son nom, l’a imaginée pour éduquer les jeunes enfants d’un quartier défavorisé de Rome. Son principe : favoriser leur autonomie et leur confiance en eux en s’appuyant sur leurs capacités, leurs besoins et un environnement spécialement adapté. « Aide-moi à faire seul », comme le résume sa devise. 

Un siècle plus tard, le neuropsychologue américain Cameron Camp s’est inspiré de cette pédagogie pour aider les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs à recouvrer une certaine indépendance dans les gestes du quotidien. Pour lui, la maladie d’Alzheimer ne doit pas être considérée comme une maladie à traiter, mais comme un handicap à compenser pour continuer la vie quotidienne aussi dignement que possible. 

Voici les cinq piliers sur lesquels repose sa méthode d’accompagnement.

1. Les capacités préservées : qu’est-ce que la personne sait encore faire ?

Spontanément, dans le cas d’une maladie d’Alzheimer, l’attention va être retenue par les troubles croissants et la perte d’autonomie : « Il n’arrive plus à s’habiller », « Elle oublie les noms de ses enfants », etc. 

La méthode Montessori encourage à détourner le regard de ce que la personne ne sait plus faire, pour l’attacher à ce qui fonctionne encore : « Il continue de tricoter », « Elle mange seule ». Tout va se jouer dans ces capacités préservées, qui vont être stimulées et développées pour que la personne reste actrice de sa propre vie, au lieu de se réfugier dans une passivité anxiogène.

2. Les goûts et besoins : de quoi la personne a-t-elle envie ?

Pour que le malade Alzheimer joue le jeu et participe à une activité, il faut non seulement qu’il en en soit capable, mais qu’il le veuille. Pour cela, il faut bien connaître ses goûts, son histoire et ses centres d’intérêts. Si la personne était fleuriste, on va plutôt lui proposer d’arranger les bouquets pour la fête de la résidence que de préparer les petits fours. 

Dans tous les cas, il est important de ne pas prendre la décision pour la personne en lui imposant les choses (« On va mettre cette robe aujourd’hui »), mais de lui donner le choix en sollicitant son avis dès que possible (« Laquelle de ces robes souhaitez-vous porter ? »). Ainsi n’aura-t-elle pas l’impression de perdre le contrôle de sa vie.

3. L’environnement comme allié

Adapter l’environnement ne signifie pas seulement le sécuriser pour éviter des accidents, mais l’aménager en fonction des capacités de la personne, de sorte à ce qu’elle ne se heurte pas à des difficultés insurmontables, qui généreront stress, frustration et troubles du comportement. Les déficits dus à la maladie doivent être compensés par des éléments (signalétique, matériel…) sur lesquels le malade Alzheimer va s’appuyer pour mener sa vie quotidienne sans recourir à une aide extérieure. Si il peine à se repérer dans l’espace, par exemple, des flèches pictogrammes sur les portes l’aideront à trouver seul la pièce recherchée. 

4. Un appel à tous les sens

Comme les enfants pour lesquels cette méthode a été pensée, les personnes âgées ne sont parfois pas à l’aise avec le langage : le sens de certains mots leur échappe, trop de paroles créent la confusion dans leur esprit… C’est pourquoi les accompagnants sont invités à privilégier la communication non verbale, sensorielle et motrice. Au lieu de parler, ils vont montrer, faire sentir, regarder, donner à manipuler ou tenir la main, afin de rassurer la personne et de lui donner toutes les chances de comprendre. 

5. Une place au sein de la communauté

La pédagogie Montessori appliquée aux malades Alzheimer leur donne l’occasion de réintégrer une communauté. Il ne s’agit pas là de faire partie de la même résidence et d’être rassemblés au même moment au même endroit, devant la télévision, au restaurant, au salon, etc. Mais de retrouver un rôle, grâce à des activités porteuses de sens qu’ils ont pu réaliser eux-mêmes. Ils se sentent à nouveau utiles, car ils contribuent au bon déroulement de la vie quotidienne de l’établissement : mettre le couvert, arroser les plantes, plier une nappe ou réaliser certaines étapes d’une recette. L’assurance et l’estime de soi qui en découlent sont les meilleurs garants de l’autonomie !

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