L’aducanumab : un vent d’espoir se lève…

L’aducanumab : un vent d’espoir se lève…

Pour la première fois, un médicament agissant sur une cause de la maladie d’Alzheimer est autorisé aux États-Unis, et peut-être bientôt en Europe. Quel est-il ? Comment est-il arrivé sur le marché du médicament ? Petit point sur l’histoire à rebondissements de l’aducanumab ! 

Le 7 juin 2021 restera sans doute une date historique dans l’histoire de la maladie d’Alzheimer : ce jour-là, un médicament susceptible de ralentir le déclin cognitif des patients est autorisé. C’est inédit ! Jusque-là, seules des thérapies visant les symptômes permettaient de combattre la pathologie. Fin heureuse d’un parcours semé d’embûches, dont nous récapitulons ici les grandes étapes.

2007 : un médicament prometteur voit le jour

Tout commence il y a près de quinze ans, quand l’aducanumab (BIIB037) développé par Neurimmune est acheté par le laboratoire Biogen. Cet anticorps monoclonal a été conçu pour réduire les plaques amyloïdes qui détruisent les neurones des malades Alzheimer, et donc pour lutter contre leur déclin cognitif. S’il venait à faire ses preuves, ce serait le premier médicament à attaquer le mal à sa source. 

Septembre 2016 : à l’épreuve des essais !

Les études de phases I et II ont permis de s’assurer que l’aducanumab ne provoquait pas d’effets indésirables graves et de déterminer la dose maximale tolérée. Moment fort de ces premiers essais : l’un d’eux (l’étude « Prime ») a soulevé de vifs espoirs en montrant l’élimination des dépôts amyloïdes dans les cerveaux des patients d’un petit groupe test. Il s’agit maintenant de confirmer ces résultats prometteurs en vérifiant l’efficacité du médicament sur un plus grand nombre de malades Alzheimer ! Deux ambitieux essais thérapeutiques de phase III sont lancés : EMERGE et ENGAGE. Ils doivent durer plusieurs années, car ils sont effectués sur une cohorte de milliers de patients recrutés dans le monde entier. 

Mars 2019 : la fin de tout ?

Au bout d’un an, une analyse intermédiaire de « futilité » observe les premières données collectées. Et là, déception magistrale : ne relevant pas encore de différence significative entre le bras traité et le bras placebo, elle émet un avis défavorable. Les essais vont être arrêtés, faute de probabilité d’aboutir positivement…

Octobre 2019 : coup de théâtre !

Une nouvelle analyse des essais interrompus change la donne : finalement, EMERGE va pouvoir être repris, car les données collectées après la première analyse de futilité sont jugées plus concluantes… Fort de ce revirement, Biogen soumet une demande de mise sur le marché à la FDA (Food and Drug Administration), agence du médicament des États-Unis.

Novembre 2020 : encore un obstacle…

Seconde déception : les experts du comité consultatif de la FDA s’opposent et recommandent de rejeter le médicament. Pour eux, l’absence de cohérence entre EMERGE et ENGAGE empêche de statuer sur l’efficacité de l’aducanumab. 

Juin 2021 : fin heureuse

En dépit de cet avis négatif, la FDA approuve finalement l’aducanumab, qui va pouvoir être commercialisé aux États-Unis sous le nom d’ADULHEM ! Elle impose néanmoins une condition : Biogen a neuf ans pour faire aboutir un essai post-AMM prouvant que le médicament réduit bien le déclin cognitif des malades Alzheimer. Il faut attendre à présent la décision de l’agence européenne du médicament, qui doit être rendue d’ici la fin de l’année 2021. Si elle est également positive, tout peut aller très vite, car la France bénéficie d’une procédure d’Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) : elle s’applique aux médicaments qui n’ont pas encore obtenu l’autorisation de mise sur le marché du pays, mais dont l’efficacité et la sécurité d’emploi sont fortement présumées.  

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