Le vieillissement des fonctions intellectuelles

Le vieillissement des fonctions intellectuelles

Le vieillissement intellectuel est souvent évoqué sous l’angle de la pathologie, mais qu’en est-il du vieillissement « normal » du cerveau et de ce qui le différencie d’avec le vieillissement pathologique ? Que faire pour protéger le cerveau ? 

Le cerveau

Le cerveau est constitué de plusieurs types de cellules : les neurones, qui transmettent l’information, et les cellules gliales qui assurent le soutien et la réparation des neurones intervenant dans la nutrition, l’échange, la résorption des excès de certains médiateurs chimiques, la formation de tissu cicatriciel etc… Il est parcouru par de nombreux vaisseaux sanguins et, bien qu’il ne représente que 2% du poids du corps, sa consommation représenterait 20% de nos dépenses caloriques et 20% de l’oxygène consommé. 

C’est dès le plus jeune âge que nous avons notre stock de neurones définitif, sauf, d’après certaines recherches récentes, dans l’hyppocampe, région qui conserverait la capacité à produire de nouveaux neurones. Cependant, si le cerveau du jeune enfant a davantage de neurones que celui de l’adulte, les connexions entre ses neurones sont peu structurées. 

Nous perdons donc des neurones tout le long de notre vie, et ce, depuis la naissance, même si nous prenons soin de notre santé. Voilà une perspective qui paraît peu rassurante ! Néanmoins, une aptitude que l’on appelle plasticité cérébrale permet de compenser ces pertes. 

En effet, les apprentissages sont stockés sous la forme de réseaux de neurones qui se font, se renforcent ou se défont selon qu’ils sont utilisés ou non. Ainsi les neurones crééent-ils constamment de nouvelles connexions au gré des apprentissages et des expériences que nous vivons, de sorte que notre cerveau est en constante réorganisation. La mort d’un neurone individuel n’aura ainsi pas d’incidence sur le fonctionnement du réseau. 

Les fonctions intellectuelles se modifient graduellement avec l’avance en âge

 Un nourrisson a la capacité d’apprendre à parler n’importe quelle langue humaine, et ce, sans accent, contrairement à l’adulte. Ce dernier présente, en contre partie, des aptitudes intellectuelles qui lui sont supérieures. 

Ainsi, avec le temps, le cerveau perd en plasticité ce qu’il gagne en efficacité : ce que l’adulte apprend, il ne l’écrit en effet pas sur une feuille vierge mais doit l’intégrer à ses apprentissages antérieurs. 

Par ailleurs, toutes les aptitudes intellectuelles n’évoluent pas de la même manière : la mémoire sémantique et le vocabulaire s’accroissent et sont préservés jusqu’à un âge avancé alors que les opérations mentales fluides sont plus sensibles à l’avance en âge (les capacités de concentration diminuent et les processus cognitifs se ralentissent). Il ainsi est fréquent de voir une personne âgée éprouver des difficultés à se remémorer un détail d’un événement passé, détail qu’elle retrouvera quelques minutes ou quelques heures après. 

Cependant, une personne âgée en bonne santé réussira des tests évaluant les performances intellectuelles presqu’aussi bien que des sujets jeunes pourvu qu’on lui laisse le temps nécessaire dans un environnement calme. 

J’ai la mémoire qui flanche…

 Il n’y a pas de lien entre la plainte mnésique et la réalité des atteintes pathologiques de la mémoire. D’ailleurs, il est fréquent que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer minimisent leur déficit (anosognosie) de sorte que c’est l’entourage qui s’en aperçoit le plus souvent. 

Ces maladies neurodégénératives ne se traduisent pas qu’au travers des troubles de la mémoire, elles s’accompagnent de modifications de l’humeur ou de la personnalité, de désorientation dans le temps et l’espace (se perdre dans son propre quartier, ou bien se tromper de saison), perte du jugement (la personne prend des décisions déraisonnables), perte d’enthousiasme sans pour autant avoir un discours dépressif, objets rangés dans des endroits inappropriés, troubles du langage… 

De fait, les plaintes concernant la mémoire renvoient le plus souvent à des difficultés bénignes liées à des troubles de l’attention. Une anxiété, un contexte de stress, un état de fatigue peuvent perturber la concentration. Dans un ordre d’idées voisin, un état dépressif peut créer une inhibition intellectuelle pouvant être confondue avec une maladie d’Alzheimer. 

Dans le doute, un professionnel peut faire passer des tests afin d’évaluer la réalité des troubles ressentis. 

Entretenir son cerveau

 Au même titre que le corps a besoin de bouger, le cerveau a lui aussi besoin de faire de l’exercice. Le cerveau s’use si on ne s’en sert pas : il importe de maintenir des activités intellectuelles variées, ce qui suppose de conserver une curiosité intellectuelle, et des stimulations sociales pour entretenir nos fameux réseaux de neurones. Statistiquement, l’incidence de la maladie d’Alzheimer est d’ailleurs plus marquée chez les individus ayant un faible niveau de scolarité. 

De nombreuses études mettent également en évidence l’effet positif d’une activité physique régulière : en oxygénant son corps, on oxygène son cerveau. 

Les neurones supportent en effet mal le manque d’oxygène. En contrôlant sa tension artérielle, son taux de sucre sanguin et sa cholestérolémie, et en évitant de fumer, on protégera son système circulatoire et on limitera le risque d’apparition de mini lésions vasculaires dans le cerveau. 

Enfin, le cerveau a également besoin d’un sommeil réparateur, dans la mesure où les phases de sommeil paradoxal, pendant lesquelles nous rêvons le plus, participeraient à la consolidation des souvenirs. La pratique régulière d’une technique de relaxation permettra de gérer le stress et favorisera un sommeil récupérateur. 

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