L’automédication raisonnable de la personne âgée à domicile

L’automédication raisonnable de la personne âgée à domicile

Un médicament sur sept est délivré sans ordonnance et acheté par 30 % des personnes âgées. Pourtant, la moitié aurait un rapport bénéfice/risque jugé défavorable. Alors pourquoi des personnes âgées ont-elles recours à ces remèdes ? Pour quels problèmes de santé ? Y a-t-il des risques pour la santé à en prendre et une automédication raisonnable est-elle possible ?

Les médicaments délivrés sans ordonnance

Non remboursés, le prix de ces médicaments est libre. Ils peuvent d’ailleurs faire l’objet de publicité. Des milliers sont disponibles pour des soins en phytothérapie, homéopathie mais aussi, par exemple, pour des remèdes à base d’anti-inflammatoires, de vasoconstricteurs, d’antalgiques… D’autres encore visent à soulager des maux d’estomac, des douleurs d’arthrose, des diarrhées.

Pourquoi des personnes âgées les utilisent ?

Certaines personnes prétextent un recours plus difficile à leur médecin traitant ou l’inutilité de le déranger. D’autres disent les préférer aux génériques et certaines, pour économiser le coût d’une consultation. Mais c’est surtout la phytothérapie qu’elles préfèrent parce qu’elles l’estiment naturelle donc sans danger, d’autant qu’elles en prenaient parfois dans l’enfance ou bien parce que cela redevient « tendance » (en particulier via les spots diffusés à la télévision). Certaines personnes disent encore, surtout en cas de prise de médicaments nombreux, qu’un autre plus léger les aiderait à accepter celui de leurs maladies (au moins 40 % de nos proches âgés ne suivent pas scrupuleusement le traitement donné par leur professionnel de santé).

Des médicaments pris, mais pour quels problèmes de santé ?

En premier lieu, pour des douleurs (surtout d’arthrose) : l’aspirine représente 15 % des médicaments délivrés sans ordonnance.
En second lieu, pour des problèmes microbiens comme un écoulement de nez, une toux, ou de la température. Puis pour des anomalies digestives : constipation, diarrhée, ventre gonflé, digestion difficile. Enfin, pour une fatigue, pour des nuits reposantes, pour calmer des angoisses ou pour doper la mémoire.

Quels peuvent être les risques encourus ?

Tout d’abord, un retard de diagnostic, donc de traitement efficace, qui entraînerait un risque d’hospitalisation plus important. Par exemple, l’utilisation de paracétamol de nombreux jours pour une fièvre mal contrôlée (infection pulmonaire) ou pour des maux de tête par sinusite bactérienne (ou glaucome sévère, hypertension artérielle déséquilibrée…). Ensuite, les possibles effets secondaires, surtout si d’autres médicaments sont pris à côté (50 % des plus de 75 ans ont au moins cinq problèmes de santé traités) et que votre proche âgé se nourrit et s’hydrate mal. Par exemple, malaise ou selles noires par saignement de l’estomac sous aspirine (pouvant aussi majorer une insuffisance rénale connue), chute du potassium dans le sang par des diarrhées non avouées et causées par des laxatifs, majoration d’un glaucome ou d’une hypertension à cause des vasoconstricteurs de certains produits contre les rhumes… Voire un trouble dans l’action d’anticoagulants déjà en cours par prise de millepertuis ou d’extraits de feuille de ginkgo.

Comment rendre une automédication raisonnable ?

N’hésitez pas à redire à votre proche que son médecin l’accompagne et peut tout entendre (même si cela ne concerne pas son ordonnance), en particulier sur un médicament délivré sans ordonnance que votre proche veut ou a déjà essayé.

Il doit également lire attentivement la notice (agrandie sur écran si nécessaire), interroger son médecin au moindre doute d’interactions et que ce dernier souhaite prescrire un traitement court (pour alerter si pas d’amélioration au bout de quelques jours). Enfin, il doit apprendre à bien gérer son armoire à pharmacie personnelle.

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