Les troubles de déglutition d’une personne âgée à domicile

Les troubles de déglutition d’une personne âgée à domicile

Jusqu’à 30 % des personnes âgées à domicile, mal informées, peuvent banaliser les troubles de déglutition et altérer progressivement leur fonctionnement pulmonaire, donc leur qualité de vie et leur maintien à domicile. Par quoi ces troubles sont-ils favorisés ? Comment les repérer lors d’un repas ? Pourquoi ne pas les banaliser ? Quelle prévention concrète enseigner à l’aidant ?

Comprendre la déglutition

Les aliments vont en arrière par élévation linguale, puis orientés, par voie réflexe vers l’œsophage (menant à l’estomac) dont le sphincter s’ouvre, alors que, notamment grâce à la glotte, les voies respiratoires sont préservées de ce passage se poursuivant à l’aide de muscles (pharynx au début).

Ce réflexe élaboré dépend du cerveau et de certains nerfs (notamment pour transiter les ordres vers la gorge).

Qu’appelle-t-on troubles de déglutition ?

Il s’agit des anomalies du passage alimentaire (souvent liquide) vers l’œsophage par déficit d’un ou plusieurs mécanismes impliqués. En font donc également partie  : une mastication incessante ou inexistante, des restes du repas dans la bouche…

Comment repérer ces troubles ?

50 % de troubles atteignant les voies aériennes passent inaperçus. Le proche âgé tousse à table (cela n’enlève pas tout ce qui est passé dans les voies aériennes) ou il avale difficilement, s’y prend à plusieurs fois pour avaler, bave subitement, termine en retard son repas ou alors a une voix changée. Ou encore, angoissé par de récents troubles, il refuse les rations, voire se plaint de maigrir.

Les causes à ne pas banaliser

  • Soit la cause est déjà connue, surtout neurologique (centres de commande touchés) : accident vasculaire cérébral récent, surtout récidivant (la moitié des AVC ont ces troubles six mois après) ou maladie de Parkinson (80 % de malades souffrent de ces troubles), démence (avec ou non vigilance amoindrie sous neuroleptiques), voire altération générale (inattention à la déglutition) ou insuffisance respiratoire chronique (coordination respiration-déglutition en défaut).
  • Soit la cause est révélée : déshydratation (d’où bouche sèche et moindre vigilance), tumeur de la gorge ou de l’œsophage (l’obstacle gêne), mycose de gorge ou de l’œsophage, caries, mauvais entretien de la prothèse dentaire, bouche asséchée par un récent médicament, dénutrition (muscles masticatoires plus faibles)…
  • Il faut également se montrer vigilant dans des situations qui peuvent sembler banales : repas pris en position quasi-allongé (soulager de récentes douleurs du dos), verre canard conseillé par un voisin, repas trop rapide ou devant la télévision (vigilance altérée)…

Les graves conséquences

Les conséquences des troubles de la déglutition peuvent être :

  • Des infections pulmonaires, souvent récidivantes, avec altération de la fonction pulmonaire à chaque épisode, voire forme sévère nécessitant l’hospitalisation ;
  • Une dénutrition et déshydratation ;
  • Une dépression, donc isolement social.

Dans tous les cas, il faut avant tout alerter le médecin traitant. Il organisera ou non une courte hospitalisation gériatrique avec éventuels examens (tests de la déglutition de quantités croissantes et de textures variées, voire radiographie spéciale ou fibroscopie par le nez) : avis stomatologique (bouche), pneumologique (fonction respiratoire, voire vaccinations à faire), neurologique (notamment bilan cognitif), nutritionnel et orthophonique (rééducation selon le mécanisme identifié et conseils préventifs).

Quelle prévention concrète ?

Il faut tout d’abord s’assurer d’une bouche saine, humidifiée (avant et après, nettoyage d’une prothèse adaptée) et proposer à son proche ce qui lui fait plaisir.

Puis assis, sans télévision, le faire ainsi avaler (solide ou liquide, pas mélangés) : déposer les aliments au milieu de la langue, puis l’inviter à inspirer, à descendre le menton sur la poitrine (ou tourner la tête du côté paralysé si hémiplégie) puis avaler et se racler la gorge. Si  sa  voix  se modifie, le faire inspirer, tousser, ré-avaler. Entre deux bouchées, un demi-verre (tête pas trop en arrière) d’eau fraîche, gazeuse s’il préfère.

Idéalement, les aliments ne doivent jamais être tièdes, et ils doivent être homogènes (exemple : purée et soupe sans résidus, pas de biscottes), lisses (exemple : fromage blanc, compote sans pépins ni morceaux) et épais (purée, viande mixée…) avec épaississant s’il faut renforcer (eau gélifiée pour les liquides ou lait épaissi par poudre pour gâteaux) et saler un peu le plat. Éviter les saveurs trop sucrées et le riz, les épinards en branche, les lentilles, les aliments filandreux (poireaux), la semoule, les petits pois…

Le médecin traitant, en cas de dénutrition, pourra prescrire des compléments nutritionnels (hyperprotidiques ou hypercaloriques ou les deux, en liquides, compotes, entremets, mesurettes de poudres enrichies en protéines pour la purée, yaourts…) ou, en cas d’apports liquidiens difficiles, une perfusion sous-cutanée la nuit. Il indiquera les seuls médicaments écrasables (purée, yaourt, soupe).

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