Aidants : congés et RTT, donner et recevoir ?

Depuis le 13 février 2018, une loi permet le don de jours de congés payés et de RTT à des collègues en situation d’aidant. Une avancée intéressante, mais non suffisante, dans le chemin encore long à parcourir vers le droit pour les aidants de concilier l’accompagnement d’un proche avec la vie professionnelle, dans les meilleures conditions possibles.

Près d’un aidant sur deux est en activité professionnelle

Être aidant concerne presque tous les âges de la vie, et notamment celui de la vie professionnelle. Certains font le choix de ne pas travailler et de se consacrer volontairement à l’accompagnement d’un proche malade, en situation de handicap ou de dépendance. D’autres tiennent absolument à maintenir une vie professionnelle, parce qu’elle représente un espace à soi, un terrain d’accomplissement, une occasion de relations, une bulle d’oxygène dans un quotidien parfois lourd et difficile. Quoiqu’il en soit, les raisons de travailler ou de ne pas travailler quand on est aidant appartiennent à chacun.

En revanche, trop de proches aidants ne sont pas en mesure de faire ce choix, faute d’accès à des solutions d’aide et de soin pour la personne accompagnée compatibles avec une vie professionnelle. Ce constat est-il acceptable ? Pas aux yeux de l’Association Française des Aidants.

Favoriser la conciliation vie d’aidant – vie professionnelle

À ce jour en France, peu de dispositions légales en faveur de la conciliation vie d’aidant-vie professionnelle ont été prises. La plupart concerne des congés non rémunérés, certains d’entre eux pouvant toutefois donner droit à une allocation (congé de solidarité familiale et congé de présence parentale).

Dans les faits, les aménagements de la vie professionnelle qui permettent aux proches aidants de continuer à travailler relèvent le plus souvent d’accords d’entreprises ou d’arrangements individuels. L’engagement d’un nombre croissant d’employeurs et de managers en faveur de cette conciliation est une excellente nouvelle, mais elle pose la question de l’équité. Que se passe-t-il lorsque l’on est salarié d’une petite ou d’une moyenne entreprise ? Si l’on est indépendant ? Si l’on travaille dans un environnement non sensibilisé au sujet ?

Zoom sur le don de congés et le don de rtt

Le don de congés et le don de RTT viennent donc compléter une palette de solutions encore insuffisante. Cette mesure comporte l’intérêt majeur de maintenir les ressources issues de la rémunération, même si elle pose la question de l’appauvrissement à l’âge de la retraite.  

En outre, faire une place à la solidarité entre collègues face aux difficultés de la vie, solidarité qui est déjà une réalité, offre une perspective intéressante qui vient démentir la suspicion ambiante d’individualisme, que les proches aidants invalident d’ailleurs chaque jour. 

S’il est important de souligner cette avancée, qui est une bonne nouvelle, il paraît pour autant difficile de s’en contenter. Le don de congés et de RTT ne saurait masquer tout ce que l’entreprise pourrait mettre à disposition des proches aidants : aménagement des horaires, modulation, temps partiel occasionnel ou à moyen ou long terme, l’organisation de temps de rencontres pour ceux qui le souhaitent, ou encore l’abondement des jours de RTT par l’entreprise, le télétravail sur des modalités convenues à l’avance… 

De plus, contrairement à une idée reçue, les proches aidants savent rendre à l’entreprise ce qu’elle aura mis à leur disposition par une concentration au travail, un engagement sincère, une forte loyauté. Ils sauront aussi à leur tour montrer de la solidarité, donner des jours de congés et de RTT, faire profiter de leur expérience.