Refus des repas par la personne âgée démente à domicile : comprendre pour mieux aider
Il arrive que les personnes âgées démentes à domicile refusent de s’alimenter. Ce refus progressif est une alerte. En effet, les conséquences peuvent être dramatiques pour la qualité de vie et la poursuite du maintien à domicile de la personne. Quelles sont les raisons et les conséquences de ces refus ? Quelles astuces concrètes les aidants peuvent-ils mettre en place afin de mieux communiquer avec leur proche ?
Pourquoi ce refus ?
Outre diverses raisons observables chez les personnes âgées non démentes, la démence à elle seule peut expliquer ce refus.
Par exemple :
- Oubli des repas, de ne rien avoir à manger (oubli des courses).
- Repas perçus comme inconfortables donc redoutés : trop rapidement donnés, changements d’aidant trop fréquents, troubles de déglutition, plats tièdes par un repas plus long , infantilisation (elle ne manie plus ses couverts), environnement sensoriel inadapté (éclairage trop puissant, bruits des machines à laver qui intriguent, repas distrait par la télévision…).
- Un délire de persécution (« mon plat est empoisonné »), refus de la couleur jaune de la purée, nausées et perte d’appétit par les éventuels traitements de la démence.
- Mais encore hallucinations angoissantes pendant le repas, bouffées d’agressivité, déambulation alors qu’il faut manger. Voire dépression récente (et donc anorexie) surajoutée à la démence, mauvaise reconnaissance des aliments.
Les conséquences de ce refus
Au-delà d’une dénutrition (et ses conséquences) et une déshydratation majorant le risque d’hospitalisation, c’est aussi le risque d’épuisement familial (facteur de risque majeur d’arrêt du maintien à domicile), de maltraitance (la forcer à manger, l’empêcher de déambuler ou d’avoir le plaisir de manger avec les doigts…).
Exemples de prévention concrète par l’aidant familial
Voici quelques suggestions de phrases très concrètes que l’aidant peut dire à son proche, idéalement, dès le début de la démence (a fortiori si des refus apparaissent), secondé de l’aide à domicile. Bien entendu, elles sont à adapter au stade d’évolution de la démence et tout risque médical de refus, comme une mycose, une douleur masticatoire sur une prothèse mal adaptée, des médicaments responsables, doit être éliminé.
- « Et si tu me disais tes plats préférés ? » (à noter dans un cahier) ;
- « Voilà des photos de plats pour voir si tu les mettrais dans les menus de tes prochains jours » puis « As-tu aussi des revues ou des livres de cuisine ? » ;
- « J’aimerais aller voir avec toi les commerçants de ton marché juste à côté » ou « Si on allait faire les courses en regardant toutes les bonnes choses ? » ;
- « Une amie m’a donné une recette savoureuse ! Si on la faisait ensemble ? » ;
- « Les dates limites sur les paquets sont difficiles à lire ! Si on les écrivait dessus en plus gros ? Comme ça, tu jetteras rien ! » ;
- « Elle était belle la musique douce au restaurant . Si on mettait aussi celle que tu aimes dans la cuisine ? » (prévention de l’agitation) ;
- « Que c’est gentil de mettre le couvert ! » ;
- « Quelles belles photos de pain de campagne sur le mur ! Si on ajoutait aussi des photos de différents jolis poissons ? » ;
- « Tu aimes toujours le bleu ciel ! Quelle bonne idée cette nappe et ces assiettes bleues ! » ;
- « Tu as raison d’utiliser ce fauteuil confortable pour déjeuner ! » ;
- « Toi qui adores les fleurs, voilà un bien joli bouquet sur ta table ! » ;
- « J’ai entendu parler d’une ampoule spéciale qui répand la lumière du jour ! Ça me ferait plaisir de t’offrir la même » ;
- « Tu as de la chance, un bon repas t’attend dans ta cuisine » ;
- « Regarde ton entrée préférée avec ces fines herbes dont tu raffoles! » ( majorer le goût…) ;
- « Tu as tout ton temps pour savourer ton repas » ;
- « Tu peux te lever si tu veux. Je vais faire réchauffer ton plat comme tu l’aimes, ne t’inquiète pas » ;
- « Tu as raison de malaxer ta purée : ça donne des jolis petits tas dans ton assiette ! Et si tu les mangeais pour en faire d’autres ? » ;
- « Une chanson me trotte dans la tête. Si je te la chantais pendant que tu finis ta purée, d’accord ? » ou « J’ai une belle histoire à te raconter pendant que tu finiras ton yaourt tranquillement » ;
- « Si tu n’as plus faim, je te donnerais tout à l’heure un délicieux petit quelque chose» (collation) ;
- « Je goutte avant toi pour voir si c’est assez chaud. Tu vas te régaler ! » ;
- « J’éteins le lave-vaisselle pour que tu entendes la belle histoire que j’ai à te raconter » ;
- « Tu as raison, j’ai aussi aperçu ton voisin devant le frigidaire. Il a vu que tu avais fini ton yaourt préféré et il est parti t’en acheter un autre ! ».
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