J’ai été proche aidant(e)
Si la situation des proches aidants a longtemps été reléguée au second plan, on parle aujourd’hui de plus en plus de ces personnes qui consacrent leur quotidien à accompagner un proche en perte d’autonomie notamment. Un nombre croissant de dispositifs et d’actions sont mis en place à leur attention. Plus rarement, on s’adresse à celles et ceux qui ont été en situation d’aidant et pourtant…
Etre aidant : Une expérience qui change une vie
Accompagner quotidiennement un proche touché par la maladie, en situation de handicap ou de perte d’autonomie est tout sauf une expérience anodine. Elle est parfois bouleversante tant elle peut reconsidérer les liens, le quotidien, les valeurs, les priorités. C’est à la fois une expérience difficile, qui peut coûter beaucoup à différents niveaux, et une expérience dans laquelle il est aussi possible d’apprendre, de grandir, de se développer.
Un passage parfois complexe pour le proche aidant
L’après ne se conjugue pas forcément avec le décès de la personne accompagnée. Il peut aussi s’agir d’une amélioration de la situation de santé, du moment où la personne part vivre dans un établissement d’accueil. L’après peut aussi signifier une période de vie dans laquelle il n’est plus possible d’accompagner, pour des raisons de santé ou autres qui appartiennent à chacun.
Bien évidemment, chacune de ces situations a des résonances différentes, mais elles ont peut-être un point commun : le vide.
Accompagner un proche est une expérience souvent intense du point de vue émotionnel, relationnel, physique même parfois, qui prend beaucoup, voire énormément de place au quotidien. Il peut y avoir des moments où l’on se projette libéré de ce rôle d’aidant tant il est devenu lourd, tant il peut être difficile d’être confronté à la maladie ou à la perte d’autonomie d’un proche, des moments où on aimerait retrouver l’équilibre d’avant.
Néanmoins, le moment où cela se produit n’est pas forcément simple à vivre, à plus forte raison lorsque cette expérience croise celle du deuil, à la suite du décès du proche. Du trop, on passe tout à coup au vide. Il y a aussi parfois le contrecoup, après avoir tenu tant et tant, des mois, des années durant, on lâche. Et parfois, c’est aussi un soulagement, un sentiment de quiétude et de liberté retrouvées, enfin. Cela peut-être un peu ou beaucoup de tout cela.
Ce n’est donc pas anodin d’être proche aidant, et ça ne l’est pas non plus de l’avoir été ! C’est un nouveau quotidien, et peut-être parfois aussi une nouvelle identité, à apprivoiser. Cela peut prendre du temps, être sensible voire douloureux.
Des solutions pour être accompagné(e) en tant qu’aidant
Certaines actions, comme les Cafés des Aidants, sont ouvertes aux personnes qui ont été aidantes. Il est aussi possible de bénéficier d’un soutien individuel, parfois plus adapté lorsque les douleurs sont encore vives. Vous pouvez vous renseigner auprès :
- Du Centre Local d’Information et de Coordination gérontologique ou d’une plateforme d’accompagnement et de répit pour les proches aidants ;
- Des associations par pathologies ;
- De votre médecin traitant pour être orienté(e) vers des professionnels adaptés et compétents près de chez vous.
Répondre à l’envie de partager son expérience d’aidant
Quand on a été aidant(e), naît parfois l’envie d’être présent(e) pour d’autres personnes vivant cette expérience, de les soutenir et de les guider. Certaines personnes ayant été proches aidantes peuvent même aspirer à faire de l’aide ou du soin leur métier !
Ces engagements peuvent être une façon de donner du sens, de s’inscrire dans une démarche de résilience. Ils nécessitent néanmoins de la distance et du recul, car il ne s’agit pas de revivre à travers les autres sa propre expérience, de les aider comme on aurait voulu être aidé(e), de réparer ou de régler des comptes. C’est une posture d’équilibre : se nourrir de son expérience et la mettre à disposition, tout en laissant à chacun la possibilité de vivre la sienne.
En outre, être bénévole ou professionnel implique aussi la mobilisation de compétences dans un cadre donné. Pour cela, un parcours de formation est le plus souvent souhaitable, voire nécessaire.
L’art est aussi une façon de partager son expérience. Mettre en mots, en images, en couleurs, en musique ce que l’on a vécu peut aussi être pour certains une voie de sens et de partage.
Une manière de tourner la page
D’autres personnes ayant occupé le rôle d’aidant peuvent tout simplement aspirer à tourner la page, à passer à autre chose, à se recentrer, à se retrouver, à se reposer et à se relancer sur de nouveaux projets.
Il y a tout autant de façons d’être aidant(e) qu’il existe de proches aidant(es) et c’est aussi vrai pour l’expérience d’avoir été dans cette situation. Cela appartient à chacun et aucune règle n’est possible en la matière. C’est un chemin intime, que l’on peut souhaiter ou non, emprunter ou partager.
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