Me reconnaître en tant qu’aidant ?

Me reconnaître en tant qu’aidant ?

La reconnaissance, en voilà une question essentielle ! Se reconnaître, être reconnu, se sentir reconnu… dans un quotidien d’aidant, ce n’est pas rien. C’est peut-être même une condition pour cheminer avec la personne que l’on accompagne, avec son entourage, avec les professionnels de l’aide et des soins dans une situation équilibrée où chacun trouve sa juste place et son juste rôle.

Ce mot « aidant », est-il pour moi ?

« Aidant », un mot qui circule de plus en plus dans notre société, un mot dont il est fait divers usages… plus ou moins heureux ! 
Au début, on parlait souvent « d’aidants naturels », mais est-il naturel d’accompagner au quotidien un proche en difficulté de vie ? La réponse appartient à chacun ! Il n’est pas possible d’y répondre par oui ou par non et d’imposer cette réponse aux plusieurs millions de personnes qui sont en situation d’aidants en France. 

La loi de l’adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015 introduit elle dans le cadre légal français le terme de « proche aidant ». Une expression qui rappelle que les aidants sont d’abord et avant tout des proches, des aidants familiaux, et que l’enjeu est bien qu’ils puissent le rester, sans devenir des professionnels de substitution assignés à résidence d’aider ! 
 
Au-delà des critères objectifs de définition d’un aidant (lien de proximité avec la personne accompagnée, origine de la situation d’aide, nature, fréquence et durée de l’aide apportée), le linguiste Alain Rey met lui en lumière, dans une interview réalisée par l’Association Française des Aidants, qu’aider signifie « apporter de la joie ». Une définition qui nous reconnecte au sens premier du mot et qui dépasse la vision instrumentale dans laquelle on l’enferme parfois. 

Quoiqu’il en soit, chacun est libre de s’approprier ou non ce mot « aidant », de l’apprécier ou non, de trouver qu’il fait écho ou non à son expérience personnelle, de souhaiter se présenter comme tel ou non. L’important est plutôt de savoir qu’il existe, ce qu’il signifie et ce qu’il permet. 

Me reconnaître en tant qu’aidant, qu’est_ce cela signifie?  

Là encore, il n’existe pas de définition univoque ou de mode d’emploi. Néanmoins, se reconnaître en tant qu’aidant peut-être une invitation à :

  • Avoir conscience de la contribution à l’humanité que l’on apporte lorsque l’on est aidant, et de la valeur de cette contribution.
  • Prendre la mesure de ce que cette expérience implique pour soi, dans la relation au proche accompagné, dans sa santé, dans son quotidien, dans la vie. Car cette expérience est tout sauf anodine.
  • Réaliser que les droits, les dispositifs et les actions qui concernent les aidants peuvent s’adresser à soi et que, lorsqu’ils font sens pour nous et qu’ils nous sont accessibles, il nous est possible de les solliciter.
  • Signifier aux autres que l’on est en situation d’aidant. Le proche accompagné, l’entourage, professionnels de l’aide et du soin, les collègues de travail parfois, ne prennent pas toujours la mesure de ce que cela représente. Ils ne peuvent savoir à notre place la manière dont on le vit, les difficultés et les richesses que l’on rencontre dans ce quotidien. Il est essentiel de pouvoir le leur dire, leur redire, chaque fois que cela est nécessaire. D’autant que, partant d’une bonne intention, ils peuvent être tentés de nous dire quoi faire, quoi penser ou quoi ressentir. Mais l’injonction n’a pas valeur de reconnaissance ! Le mot « aidant » ne doit en aucun cas devenir une étiquette dans laquelle on nous enferme, car il existe autant de façon de vivre l’expérience d’accompagner un proche qu’il existe d’aidants… autrement dit au moins plusieurs millions !

La reconnaissance, un grand sujet donc, qui n’est pas seulement un but en soi mais aussi un chemin.

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