Partie 2 – Quand l’abus de faiblesse s’invite dans la fratrie !

Partie 2 – Quand l’abus de faiblesse s’invite dans la fratrie !

Voici la suite de l’histoire de Corinne, aidante de sa maman depuis le décès de son père.

Comment vous êtes-vous rendue compte qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas ?

En août, j’avais profité de ma venue pour faire une procuration sur le compte bancaire de ma mère. Je lui en avais parlé depuis longtemps et elle était d’accord. Pour moi, c’était plus facile surtout qu’elle avait vraiment déclinée et qu’elle se reposait sur moi. Et donc, quand je suis arrivée chez ma mère le vendredi, je me suis occupée des papiers et je lui ai demandé ce qu’il lui restait en espèces. Fin août, elle avait 1 000 €. Il lui restait 150 euros. 850 € pour 2 mois de nourriture, j’ai trouvé que c’était beaucoup mais bon, je n’ai rien dit et je suis allée à la Poste le lendemain pour lui retirer des sous pour qu’elle soit tranquille quelques mois. Elle aime bien, comme beaucoup de personnes âgées, avoir des espèces chez elle, qu’elle met un peu partout et surtout sur son buffet dans le salon. Pourtant je lui ai dit, je ne sais combien de fois, de les ranger. Ma sœur lui avait acheté une boite en fer qui ferme à clé mais rien à faire !

L’après-midi, j’ai réussi à me connecter sur son compte pour voir où elle en était. Et là je découvre qu’elle a fait un retrait de 1 500 € 4 jours avant ! Je lui en parle mais bien sûr, elle ne s’en souvenait pas. Mon inquiétude ne faisait que grandir mais je me suis dit que j’allais demander à mon frère si lui savait.

Il est revenu dès le dimanche matin au lieu du lundi soir comme prévu. Je n’ai eu que le samedi avec ma mère. C’est comme s’il avait peur qu’elle me dise des choses… Quand il est arrivé, il semblait mal à l’aise. Il tournait en rond dans la pièce. On a pris l’apéritif et je lui ai parlé des petites courses que j’avais faites et s’il savait où étaient passés les 1 500 €. Là, il a baissé la tête et m’a répondu qu’il ne savait pas, qu’il y avait eu les courses et quelques taxis. Ça fait cher pour 2 mois. Il s’est levé pour aller préparer ses gambas et son foie gras (oui, il ne mange que des produits au-dessus de ses moyens). On s’est mis à table et là, tout d’un coup il a explosé en me disant : “tu te crois chez toi ici”. “Tu fouilles dans les placards”. “De quoi tu te mêles” et je vous passe le lot d’insultes ! Puis il m’a dit “de toute façon, j’ai fait une demande de carte bleue”. Sur ce, je lui réponds que je ne vois pas ce que ma mère pourrait en faire. Elle oublie tout et ne sait même pas comment on s’en sert. Il me répond que c’est plus facile pour lui pour retirer de l’argent. Il n’était pas censé resté à demeure mais jusqu’à fin novembre.
Je lui ai donc dit que j’allais l’annuler. Et là, premier coup de poing dans la tête. J’explose et devant ma mère, je lui demande où sont passés les 1 500 € et pourquoi il a amené toute son armoire ici. Il me répond qu’il va s’installer là et que je n’ai rien à dire, accompagnée d’une claque. Bref, j’ai passé mon dimanche et mon lundi en pleurs. J’ai appelé mon frère et ma sœur pour leur raconter. Ils ont réagi tout de suite en me disant qu’ils descendaient le lendemain. J’en ai aussi parlé à l’aide à domicile pour qu’elle soit au courant car elle veille bien sur ma mère. Nous avions l’habitude de nous appeler assez souvent.

Ma mère était présente quand il m’a frappé 3 fois. Pourtant elle a fait comme si de rien n’était en me disant : “ce n’est pas grave, vous n’allez quand même pas vous disputer”. Moi j’avais la joue et la tête en feu. Sa réaction m’a mise très en colère. Et quand ma mère, l’après-midi, lui a dit que mon frère et ma sœur arrivaient, il est reparti illico chez lui avec toutes ses affaires. Là comme par hasard, il ne s’inquiétait plus des soins post-opératoires de notre mère !

Qu’avez-vous fait à ce moment-là ?

Il se trouve que la carte bleue qu’il avait commandé est arrivée le lundi matin pendant qu’il était sorti. Je l’ai donc récupérée et cachée pour que mon frère et ma sœur la prenne et puisse aller l’annuler à la Poste. Moi j’étais repartie. Après coup, j’étais très en colère contre ma mère. Je me suis dit : soit elle ne se rend plus compte de rien et c’est grave car on peut lui faire faire et signer n’importe quoi, soit elle fait comme si de rien n’était pour ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre de ses enfants. Elle a toujours été comme ça.

Alors quand je suis rentrée chez moi, j’ai écrit une longue lettre à mes 5 frères et sœurs. Je leur ai rappelé tout ce que j’avais fait depuis le décès de notre père, tout ce que j’avais mis en place pour notre mère et j’ai fini en leur disant qu’au vu des circonstances, j’avais décidé de ne plus m’en occuper. Là, ça a été la panique à bord. J’avais toujours quand même la possibilité de consulter ses comptes à distance et mon frère le savait très bien. Vous savez c’est difficile. Comment faire ? Je ne peux pas dire à ma mère d’être vigilante. Elle ne peut ou ne veut pas admettre que l’un de ses enfants puisse profiter de sa faiblesse.

Vous savez, on entend souvent que les frères et sœurs se disputent parce que chacun a son idée de comment s’occuper de leur parent, qu’il y a parfois aussi de la jalousie mais quand vous avez un frère qui est capable de profiter de la fragilité de sa mère, c’est compliqué !

Lire la première partie du témoignage de Corinne.

Merci de vous connecter pour publier une discussion. Se connecter