Quand l’écoute et la compréhension de son proche âgé réduisent les situations conflictuelles

Quand l’écoute et la compréhension de son proche âgé réduisent les situations conflictuelles

Certaines personnes âgées, vivant à leur domicile, disent souffrir de ne plus pouvoir exprimer ou faire respecter leurs choix. Le sentiment douloureux de ces pertes de liberté risque d’augmenter les incompréhensions ou conflits familiaux, entraînant également un certain épuisement des aidants familiaux, de dépression du proche âgé, pouvant aller jusqu’à l’arrêt de son maintien à domicile. Pourquoi une personne âgée peut-elle avoir un tel discours ? Dès lors, que redouter ? Que peut faire l’aidant familial ? Comment prévenir cette situation ? 

Une situation progressive et infantilisante

Que le proche âgé ne soit ni dément ni dépressif, ou bien qu’il soit atteint par une démence débutante, tout s’est bien souvent mis en place progressivement et inconsciemment. Du côté de la personne âgée, son isolement social plus ou moins marqué (veuvage, disparition des amis, difficultés à se déplacer…) freine sa demande légitime d’être, comme autrefois, écoutée, reconnue, utile. Les seuls regards et écoutes de ses enfants l’aidant désormais à garder son identité, elle attend logiquement de plus en plus de leur présence et le leur fait savoir, les rapprochant ainsi inconsciemment de son souhait de les voir devenir aidants familiaux.

Du côté de l’enfant devenu aidant, l’actuel schéma sociétal persiste à cacher la sphère âgée voire à l’éviter (rejet de la mort, des souffrances de l’entrée en Ehpad, mal-être face à la vieillesse…) avec un manque médiatique préoccupant. Affectivement très lié à son parent âgé, l’aidant familial peut estimer sage de l’empêcher de se rapprocher de ce futur qui l’effraye. Partant de là, après analyse d’une situation de vie qu’il estime décalée, il peut juger naturel de proposer à son proche telle ou telle mesure comme par exemple : “je me suis renseigné sur la télé assistance” ou “je pense que tu devrais commencer à te faire aider par des professionnels du maintien à domicile”.

Dès lors, le proche âgé, s’il n’attend pas cette attitude, risque de souffrir d’en être la cause (“je ne veux pas être un poids pour mes enfants”). Supportant difficilement l’inquiétude refoulée de sa famille, cependant perçue, il sera tenté de clore le débat ou d’accepter telle suggestion pour la refuser ensuite, impliquant alors l’incompréhension et l’appréhension légitimes de ses proches. Toujours inquiet aussi de constater qu’un être aimé soit anxieux à cause de lui et puisse en souffrir de plus en plus.

L’infantilisation du proche âgé peut, par conséquent, apparaître. Malgré l’échec de ses tentatives, notamment justifiées par la peur compréhensible d’abandonner son parent, l’aidant familial estime avoir l’attitude légitime et adaptée et peut être amené à conclure que l’un de ses parents perçoit moins nettement la réalité proche de dangers indiscutables. Il va alors, bien à regret, entrer dans un rapport de force et imposer sa vision de la réalité, négligeant petit à petit les capacités décisionnelles de son proche. Le risque se cache aussi dans l’apparition d’une authentique et bien involontaire maltraitance.

Des conséquences à redouter

Une anxiété chronique peut s’installer (risque de difficultés respiratoires, de nausées, d’abus d’anxiolytiques et donc de chutes), voire une dépression (perte d’appétit amenant avec elle un risque de fonte musculaire et donc de chutes, négligence corporelle, opposition de plus en plus systématique, troubles du comportement…).

On peut, par ailleurs, observer une perte d’autonomie rapide et un risque d’arrêt de son maintien à domicile (pourtant revendiqué par une forte majorité des personnes âgées).

Le rôle de l’aidant familial

Sa relation avec son proche âgé est très détériorée. L’aidant familial peut lui aussi souffrir de la situation, au point qu’un épuisement se dessine. Il doit savoir se préserver, prendre du recul en laissant rapidement un professionnel agir. 

La possibilité d’une prévention

D’abord oser expliquer ce possible “piège” à toute personne âgée autonome, afin, si elle le souhaite, qu’elle y réfléchisse avec ses enfants, et l’informer loyalement des mesures préventives minimisant l’apparition de ces fragilités augmentant le risque d’intervention compréhensible du cercle familial.

Ensuite, rappeler aux enfants, en attitude légitime de vouloir aider, d’alerter en tout premier lieu le médecin traitant de leur parent qui, comme intervenant extra-familial, sera très probablement davantage écouté sur les propositions de solutions permettant de réduire ainsi considérablement les risques de conflits, de souffrances et de perte du lien familial.

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