Quand nos parents vieillissent
La société évolue et contraint parfois lourdement la tâche de l’aidant dans son soutien à ses parents devenus dépendants. Certains font le choix de les prendre à leur domicile mais pour que cette initiative ne se solde par à un échec, une importante réflexion est nécessaire et certaines conditions doivent être réunies.
Autrefois, et surtout dans les campagnes, plusieurs générations vivaient sous le même toit : les époux avec leurs enfants, mais aussi les grands parents et parfois même les arrière-grands-parents. Cette famille élargie fournissait protection et sécurité à ses membres.
Cependant, ce mode de vie existait au prix de certaines contraintes : les mariages étaient arrangés et le divorce était vu comme un péché dans le cadre d’une société patriarcale très rigide. Bien souvent, on vivait et mourait près de là où on était né.
A l’opposé de notre monde actuel, où les repères moraux favorisent l’individualisme, la famille élargie, fondée sur un mode de production agricole, mettait en avant la valeur du devoir et de l’effacement de l’intérêt individuel au profit du groupe familial.
Dans une vision romantique, nous pourrions y voir là l’expression d’une forme de générosité, un idéal où les enfants finissent par rendre aux parents ce que ceux-ci leur ont donné. L’envers du décor est que ce mode d’organisation se faisait au prix d’une limitation importante de la liberté individuelle.
Il apparaît que ce mode de fonctionnement, que l’on rencontre encore chez certaines populations immigrées, ne serait plus maintenant accepté. De plus, il est difficilement compatible avec les impératifs économiques de notre monde moderne, ne serait-ce qu’en termes de flexibilité.
Redonner ce que l’on a reçu ?
Concilier solidarité intergénérationnelle et impératifs de la vie moderne pose souvent problème, surtout pour la « génération sandwich », coincée entre des enfants encore dépendants d’eux et des parents vieillissants.
La façon dont vont se passer les relations enfants / parents âgés dépend beaucoup de l’histoire familiale, de ses valeurs et du lien qui les unit. Par la qualité de l’attachement qui les lie, ou si les enfants ont le sentiment d’avoir reçu beaucoup de leurs parents, ils peuvent avoir envie de redonner ce qu’ils ont reçu en envisageant de prendre leur parent chez eux. De plus, placer son parent dans un établissement peut être extrêmement culpabilisant.
Cela peut être une solution, si certaines conditions matérielles et affectives sont réunies. Sur le plan matériel, cela suppose de disposer d’un espace suffisant, éventuellement d’envisager quelques aménagements matériels (barres d’appui, rehausseur de WC, élargissement de porte…). Cela nécessite également, même si la relation est bonne, de déterminer les limites concernant le respect de la vie privée de l’un et de l’autre. Par ailleurs, il faut envisager et évoquer avec le parent le fait que ce choix peut ne pas être définitif, dans le cas, par exemple, où son état de santé se dégraderait de manière importante, au risque de se sentir plus tard pris dans un piège et de voir la situation se détériorer et de finir par détester quelqu’un que l’on aime.
Dans les faits, il est fréquent que ce soit des femmes seules qui prennent leur parent âgé chez elles, ce dont elles tirent par ailleurs le bénéfice de moins ressentir la solitude, mais qui peut présenter le risque de s’enfermer dans une solitude à deux.
Savoir dire non
Si un enfant a eu un sentiment d’abandon, d’injustice voire de maltraitance de la part de son parent, ou de ne pas avoir reçu suffisamment d’amour, le lien affectif a pu ne pas se créer.
Sous la pression sociale, de peur de passer pour un enfant ingrat, en lien ou pas avec une mauvaise image des maisons de retraite, ou pour des raisons financières, il peut être tenté de céder à cette pression, d’autant que certains peuvent exercer un chantage, consciemment ou inconsciemment.
Il est évident que de telles motivations constituent les conditions préalables à un échec : il faut savoir dire non.
Des pièges à éviter
Pour aider nos anciens à bien vieillir et conserver une bonne relation avec eux, il convient non seulement de les respecter mais aussi de se faire respecter par eux.
Il faut être attentif à ne pas les surprotéger, à ne pas tout faire à leur place et ne pas oublier qu’ils veulent rester maîtres de leur vie. Leur donner quelques tâches à effectuer les valorisera.
Il faut savoir se faire aider pour ne pas s’épuiser à la tâche, sinon on s’expose au risque de ressentir de l’agressivité, puis de se sentir coupable de cette agressivité et de réparer en en faisant encore plus.
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