Violences dans les relations aidant/aidé : les reconnaître, les admettre, les nuancer, les gérer
Le mot « violence » dérive du latin « vis » qui signifie « force » (en soi ou envers quelque-chose, soi-même, quelqu’un d’autre ou un animal). La violence désigne la force exercée pour soumettre quelqu’un contre sa volonté. C’est une atteinte portée de manière physique ou psychique et qui cause des souffrances traumatisantes.
On comprend vite, lorsqu’on est aidant d’un proche qui ne comprend plus très bien ce qui se passe, qui gère mal, qui refuse, qui se met en danger, qu’il faut se mettre aux manettes d’une situation pour lui donner une direction allant souvent à l’encontre de ce qui est souhaité. Et c’est forcément violent.
Mais oui, on a beau retourner la question dans tous les sens, trouver toutes les excuses, la réponse est toujours « oui » ! Il n’existe pas de douce violence.
Alors, je fais quoi au quotidien ?
- Je porte un autre regard sur ce qui se joue et je nuance :
Amener de force chez le médecin, forcer à la toilette, forcer à manger, à absorber les médicaments ou subtiliser les clés de la voiture, sont des violences stricto sensu. Elles sont des forçages qualifiés de « pour le bien », mais le sont-elles ? Sont elles obligatoires ? Peut-on faire autrement ?
- Je mesure les conséquences de certains débordements :
La violence se décline jusqu’au meurtre, dans les cas les plus extrêmes et rares. Avant cela, il y a les prises de poignets douloureuses, les gestes non mesurés (en réponse à des réactions excessives), les bousculades avec ou sans chute. Et ensuite, il peut être trop tard. Les violences physiques marquent, notamment chez les personnes âgées a la peau fragile, une personne sous anti coagulants « fait des bleus ».
- Je construis à deux :
On n’emmène pas l’autre vers un but sans un mot. La parole construit des ponts sur ce qui semble infranchissable : elle accompagne tout acte, en décrit les étapes, en pose fermement les limites, autorise à exprimer son propre désarroi, demande à l’autre de participer. « Aide moi à t’aider », « je comprends que cela ne te plaise pas », « c’est dur pour moi ». Elle est le support de la diversion pour « penser à autre chose ».
- Je « lâche » :
Vouloir trop bien faire et sa propre exigence sont sources de violence. Il est donc important, en tant qu’aidant, d’apprendre à savoir les laisser tomber, à ne faire que ce qui est nécessaire, à ne pas faire ou même à déléguer quand cela est possible.
- Je ne reste pas seul et je me fais aider tout autant que mon proche :
Le refus de se faire aider est considéré comme priver la personne malade de solutions plus respectueuses. Persister dans cette maltraitance évitable est délétère. Avouer ses difficultés, contacter une plateforme de répit, adhérer à des groupes sont souvent des solutions à envisager. D’autant plus que le proche a peut-être une situation médicale mal prise en charge expliquant ses comportements.
- Je pense à moi :
Prendre soin de soi simplement en respirant (sites Internet de Spirothérapie, Respirotec, Respirelax), en s’offrant des soupapes de loisirs et de rencontres, pour se sentir exister, s’avère thérapeutique pour un aidant. Cela apaise le système nerveux, permet d’anticiper en étant détendu et de mieux récupérer.
- J’apprends :
Il faut se référer au livre pratique Humanitude de Yves Gineste et Rosette Marescotti. C’est une bible de savoir bien faire !
D’innombrables formations simples et non culpabilisantes sont également proposées par les Plateformes de répit, France Alzheimer, France Parkinson. Les articles du site Aidons les Nôtres peuvent également être des ressources utiles.
- Je prends conscience des différentes formes de violence :
Les violences ne sont pas seulement physiques. Il en existe d’autres, beaucoup trop fréquentes, punissables par la loi et exercées à l’encontre des personnes âgées vulnérables, population largement féminine : violences financières, punitions par enfermement, contentions, privations, coups, sans parler des viols sur conjoint non consentant…
Pour éviter le pire tant pour l’aidant que pour l’aidé et faire face à des situations difficiles, il faut pouvoir ressentir de la force en soi et accepter de l’exercer avec un doigté ferme et bienveillant pour le bien de l’autre.
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