Personnes âgées démentes à domicile : comprendre leur hygiène corporelle pour mieux les aider
La perturbation progressive des fonctions exécutives de la personne âgée démente entraîne souvent une hygiène inadaptée. L’entourage du proche peut se sentir impuissant devant cet état. D’où un risque d’épuisement accéléré et de décision de l’arrêt du maintien à domicile. Alors, pourquoi est-ce primordial de bien gérer l’hygiène corporelle du proche dément ? Pourquoi ne le fait-il plus ? Comment être efficace ? Que faire en cas d’échec ?
Pourquoi bien gérer l’hygiène corporelle du proche dément ?
- Pour lui donner du plaisir : le toucher reste un formidable outil pour apaiser et communiquer avec la personne démente souvent dépressive, parfois délirante, sans oublier la musique lors de la toilette…
- Pour maintenir sa dignité : par exemple en lui demandant, lors de l’habillage, son avis sur tel collier, boucles d’oreilles ou vernis à ongles… Mais aussi en lui faisant remarquer qu’on a tenu compte de ses désirs (petite toilette aujourd’hui, etc.)
- Pour maintenir son lien familial (petits-enfants…) mais aussi social.
- Pour regarder sa peau : plaies cachées par les vêtements et les chaussures, infection bactérienne de la peau des jambes (érysipèle) partant d’un pied peu lavé, infection par des champignons (les mycoses génitales, des plis…), irritation du siège rendant la personne inhabituellement agitée, cancer de la peau dépisté tôt.
- Pour regarder ses pieds, même s’il n’est pas diabétique : coupe des ongles mais aussi repérage des cors ou des durillons infectés, mycoses fissurant la peau entre les orteils, plaie plus ou moins propre du pied. Autant de causes de douleurs à la marche, donc de chutes répétées, grand facteur d’arrêt du maintien à domicile.
- Pour regarder sa bouche (sale ? rouge ? gencives douloureuses ?), ses yeux (rouges avec petits dépôts jaunes près du nez ?).
- Pour éventuellement apposer sur la peau une crème hydratante limitant le prurit lié au vieillissement (le prurit sénile) et qui peut donner des lésions de grattage perturbant un sommeil déjà modifié par la démence. Ou apposer toute autre crème ou lotion médicalement prescrite.
Pourquoi ne se lave-t-il plus ?
- Parce qu’il a oublié (troubles de mémoire), tant ce moment de la journée (comme il peut oublier de se lever ou de manger), que le souvenir apaisant de l’eau chaude d’une éponge, le parfum de son savon préféré…
- Parce qu’il refuse (troubles du jugement) : il faut lui demander, si possible, le motif. Quelques exemples : “de mon temps, on se lavait deux fois par semaine” ou “je suis trop pudique alors pourquoi enlever ma chemise ?” .
Comment tenter d’être efficace pour gérer son hygiène ?
- Tenir absolument compte de ce qu’il souhaite et, en cas de problèmes, verbaliser car l’interprétation de l’aidant, nécessaire, n’est jamais suffisante.
- S’inspirer de cet article d’Aidons les nôtres « Personne dépendante et moments délicats des soins de toilette : et si on voyait les choses autrement ?«
Et en cas de refus complet ?
Si la situation ne le met pas en danger (par exemple, ni plaie ni infection), il est, à distance, sage de reprendre tranquillement l’approche.
Quelques exemples :
- Oser un changement d’aidant,
- Ou repérer telle préférence oubliée de votre proche (par exemple, le bleu donc lui présenter ce savon bleu comme le dernier savon tendance).
- Ou tenter la gratuité (par exemple, lui confirmer qu’il a raison d’évoquer le coût de l’aide mais que son dossier d’allocation personnalisée d’autonomie est sur le point d’aboutir ou qu’une nouvelle aide viendra gratuitement grâce à une récente subvention communale).
Et s’il refuse de faire soigner telle plaie ou telle infection de la peau, le médecin traitant, face au danger, discutera d’une hospitalisation afin qu’il bénéficie des soins auxquels il a droit.
Merci de vous connecter pour publier une discussion. Se connecter