Personnes accompagnées, proches aidants et professionnels : un ménage à trois pas toujours évident !
Trouver sa place dans les relations entre personnes accompagnées, proches aidants et professionnels n’est pas toujours une mince affaire, pour les uns comme pour les autres ! C’est pourtant un équilibre essentiel pour que chacun soit reconnu dans son rôle.
Quand faire appel à des professionnels pour aider les aidants et leur proche dépendant ?
Tout commence parfois au moment où l’on envisage de faire appel à des professionnels : les proches le souhaitent mais pas la personne dépendante… ou l’inverse ! Dans ce type de situation, trois questions peuvent être posées et réfléchies ensemble pour avancer vers un compromis convenant à chacun :
Quelles sont les compétences requises pour les aides et les soins devant être mis en œuvre au quotidien ?
En la matière, l’amour et la bonne volonté ne suffisent pas toujours ! Des gestes qui paraissent simples au premier abord, par exemple aider une personne à changer de position dans son lit, ne le sont pas forcément. Ce n’est pas par hasard si les professionnels de l’aide et des soins suivent des formations longues et diplômantes.
Quel impact la réalisation de ces gestes et de ces actes aurait-elle sur la relation ?
Nous observons trop souvent des relations entre proches abîmées, voire bafouées, par la réalisation de gestes trop intimes ou très techniques. Ils peuvent générer du malaise, du stress, de la gêne qui, répétés au quotidien pendant parfois des mois ou des années, laissent des traces. Nous observons aussi beaucoup de souffrances lorsque l’aide prend toute la place et que le lien initial (la relation de couple, parent-enfant, amicale, etc.) s’estompe.
Quelles sont les envies, les limites, les contraintes de chacun ?
Il est essentiel que chacun puisse les exprimer pour définir ensemble ce qui est envisageable pour les uns comme pour les autres. Il n’y a pas de raison que les aidants se contraignent à faire des choses qu’ils ne souhaitent pas… mais il n’y a pas plus de raison que les personnes accompagnées acceptent des choses auxquelles elles n’aspirent pas. Ce principe posé, les négociations sont ouvertes.
Définir le orle de chacun ?
Une fois que la décision de faire appel à des professionnels est prise, comment faire en sorte que les relations se passent au mieux ?
La première chose est déjà d’être au clair sur ses attentes, ses besoins, son rôle en tant qu’aidant, vis-à-vis des professionnels et de pouvoir formuler ses demandes en fonction. Dans cette démarche, il est important de savoir au nom de qui on prend la parole. En son propre nom ? En celui du proche que l’on accompagne ? Ce discernement est incontournable car les ressentis et les avis ne convergent pas toujours.
Les professionnels ayant eux-mêmes leurs propres rôles, leurs champs de compétences, leurs modalités et leurs cadres d’intervention, le dialogue s’ouvre à nouveau pour définir qui fait quoi et comment. La négociation sera peut-être parfois nécessaire. Elle fait partie du jeu car personne, pas même les professionnels, n’a le droit de parler ou de décider pour autrui. Les rapports de force, d’obéissance et d’injonction sont à éviter autant que possible. Ils génèrent le plus souvent des difficultés et des tensions, et ils ne favorisent en rien la relation de confiance.
Enfin, il ne s’agit pas de savoir qui a tort, qui a raison ou qui aura le dernier mot. Il s’agit plutôt d’identifier un compromis acceptable par chacun, au service d’un objectif partagé. Cela prend parfois du temps et demande de l’écoute (de soi, de la personne que l’on accompagne, de l’entourage, des professionnels). Ecouter… et dire, en parlant pour soi, ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et autant que possible, ne pas attendre que des problèmes se posent et s’installent pour entrer en contact avec les professionnels mais bien venir en complémentarité de leur travail.
Aidants mais pas seulement
Les relations avec les professionnels peuvent s’avérer extrêmement riches et soutenantes, mais ils ne sont pas tous formés à travailler en étroite collaboration avec les proches aidants. Alors il est parfois nécessaire de les mettre sur le chemin, en leur signifiant que l’on existe, que l’on a des connaissances, des compétences, mais aussi une vie et qu’à ce titre nous ne sommes pas des ressources mobilisables au gré de chacun. Nous sommes des interlocuteurs légitimes et devons être reconnus pour cela. Nous avons le droit d’être consultés et concertés pour ce qui nous concerne.
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