Partie 1 – Comment protéger son proche âgé des sectes ?
On parle beaucoup de l’influence que les sectes exercent dans les maisons de retraite mais aussi au domicile des personnes âgées. Des intervenants comme des auxiliaires de vie, le personnel médical et paramédical se présentent et commencent leur prosélytisme. Les mécanismes d’emprise sont les mêmes de la part de proches, comme un enfant, un ami, un voisin. Quelle vigilance doivent avoir les aidants ? Comment peuvent-ils réagir ?
Protéger les personnes âgées des sectes comment agissent ces dernières ?
Selon la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires – MIVILUDE -) le mécanisme est toujours le même :
- une phase de séduction consiste à répondre aux besoins de la personne ciblée, se rendre indispensable auprès d’elle, remplir un vide existentiel en profitant d’une période de fragilité physique, après une maladie ou psychique, comme après un veuvage. Attention également aux organisations paramédicales, de médecines douces, de développement personnel, associations culturelles. L’abuseur peut aussi se présenter au nom d’une église. Il faut, de ce fait, toujours vérifier, par relations ou auprès des organismes de formation, la qualité de l’intervention proposée ;
- une phase de déconstruction a pour objectif de faire perdre ses repères à la victime. L’abuseur lui déclare qu’elle se comporte mal, qu’elle doit changer, que son entourage est mauvais, notamment ses enfants. Cette phase est très difficile car la personne âgée est en même temps rassurée par la présence de son abuseur, mais aussi constamment déstabilisée par des critiques et paroles méchantes. Une crainte de lui déplaire s’installe, qui stérilise toute réflexion critique. Il s’agit d’un véritable mécanisme pervers très douloureux, car la personne ne sait plus à quoi s’en tenir. Elle se trouve dans un véritable conflit de loyauté ;
- une phase de reconstruction au service exclusif de l’abuseur : il parle et décide au nom de la personne qui perd son libre arbitre. Elle n’a plus le choix.
Que se passe t-il ensuite ?
Le proche âgé, sous l’emprise d’une secte, peut être conduit à donner de l’argent, à souscrire des actes juridiques comme des donations, testaments, à effectuer des ventes à des prix dérisoires, à réaliser des emprunts pour financer des activités, etc. Tous actes et dépenses contraires à ses intérêts.
La personne âgée est alors isolée à son domicile qui devient une prison. Elle peut être éloignée et conduite au domicile de son abuseur ou dans un lieu collectif de la secte, pour faire des « stages » dont elle reviendra dénutrie, où elle aura été incitée à dépenser beaucoup pour acquérir de la documentation… En tout cas, épuisée ou dans un état second.
Par Internet ou Skype, ce sont des conversations nocturnes sous prétexte de décalage horaire qui la priveront de sommeil. Non soignée, engagée dans des thérapies illusoires ou au contraire surmédicamentée, ses proches aidants ne peuvent plus la rencontrer car « elle n’est pas d’accord ». Elle a perdu toute conscience de la situation et se trouve incapable de réagir. Elle ne peut en aucun cas se reconnaître comme victime dans l’état de dépendance à son abuseur dans lequel elle est placée dans la phase de reconstruction. Cette évolution de la situation est aussi très douloureuse pour les proches, qui voient dénier toute la vie affective passée, accusés de tous les maux, voire même de volonté homicide, selon l’influence exercée par l’abuseur. La victime est « amoureuse de son abuseur » et prête à tout pour lui en oubliant tout de ses liens passés. Elle est convaincue qu’enfin elle est « libre » de changer de vie.
Les solutions psychologiques pour protéger les personnes âgées
Il est fondamental de maintenir à tout prix une relation de confiance avec son proche. Surtout, ne jamais abandonner et continuer à protéger la personne âgée : multiplier les rencontres, les invitations sympathiques, ne jamais être négatif, ne jamais faire de reproches. Il est indispensable que la victime se sente mieux avec ses proches qu’avec son abuseur, qu’elle retrouve sa joie de vivre avec son environnement social habituel et retrouve la tranquillité qu’elle a perdue à cause de l’abuseur. C’est le seul moyen de l’amener à réfléchir et éviter la rupture totale des relations.
Elle peut aussi être éloignée physiquement de lui : la prendre chez soi si l’on peut, l’installer en maison de retraite en demandant une surveillance à la direction.
Les aidants ont des scrupules à exercer ce qu’ils considèrent comme une forme de violence à l’égard de leur proche. Mais à une violence malveillante, la réponse doit être ferme et déterminée. Maintenir des liens affectifs n’est pas une violence, mais au contraire une protection, un accompagnement, un réel soutien. Le code civil rappelle que la protection des personnes vulnérables est une obligation des familles et de la société. Si les aidants renoncent, ils font le jeu de l’abuseur qui ne manquera pas de démontrer à sa victime que ses enfants l’abandonnent. Les aidants ont aussi un rôle d’alerte auprès du médecin traitant de leur proche âgé pour qu’il prenne en charge la faiblesse physique par manque de nourriture ou de sommeil. Faire sans arrêt un rappel à la loi, se remémorer inlassablement les souvenirs et l’histoire de la famille.
Les proches aidants peuvent aussi éprouver des difficultés à comprendre ce qui se passe. Ils sont contents, par exemple, que leur père retrouve une compagnie après le décès de leur mère, qu’il accepte la présence d’une auxiliaire de vie ou que leur mère aille sur Internet par distraction ou participe à des activités culturelles. Mais le processus s’installe lentement et très progressivement. Bien souvent, la phase de déconstruction psychique est bien entamée…
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